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THAÏLANDE – PATRIMOINE : “Nuad Thai” : le bel avenir du massage thaïlandais

Journaliste : Claire Cambier
La source : Gavroche
Date de publication : 30/05/2020
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Le nuad thai, massage thaïlandais traditionnel, est considéré comme faisant partie de l’art, de la science et de la culture des soins thaïlandais traditionnels. La décision en décembre 2019 d’intégrer le massage thaïlandais au patrimoine immatériel mondial par l’Unesco est une belle récompense pour le Ministère de la culture thaïlandais. Retrouvez le fonctionnement des écoles de massage avec cet article issu de nos archives.

 

Simples touristes de passage en Thaïlande, expatriés, professionnels des soins médicaux, le public qui pousse chaque jour les portes des écoles de massage thaïlandais est de plus en plus large. Cours particulier ou en groupe, formation longue ou courte, initiation ou formation professionnelle, diplôme reconnu ou non, les professeurs ont réponse à toutes les demandes.

 

Le massage thaïlandais, ou Nuad Thai – prononcez «nouat», est sans conteste une part importante de la culture du pays. Des écoles de massage ont ainsi fleuri aux quatre coins du royaume. Mais comment discerner la bonne enseigne dans cette jungle des formations ? Beaucoup optent pour une valeur sûre dans le milieu : la célèbre école Chetawan Thai Traditionnal Medecine school (TTM), plus communément appelée école du Wat Po (temple du Bouddha couché).

 

Créée en 1957 au sein de l’université de médecine traditionnelle du Wat Po, elle symbolise la première école de massage reconnue par le ministère de l’Éducation. « A l’époque, il a fallu convaincre ! Se souvient Serat Tangtrongchitr, responsable du centre de formation. La médecine traditionnelle avait été supplantée par la médecine occidentale et le massage possédait une image très négative. C’est en effet sous la dénomination de «Thai massage» que l’industrie du sexe évitait la censure».

 

Depuis, le Nuad Thai a reconquis le domaine médical et enregistre de plus en plus d’adeptes. Mille étudiants se pressent chaque mois au sein de cette école. Face à cette forte demande, trois nouvelles filiales ont vu le jour. Les écoles Chetawan de Chiang Mai, de Salaya et de Chaeng Watthana (les deux dernières étant à proximité de la capitale). «Quarante pourcent de nos élèves sont des étrangers, principalement des médecins ou des kinésithérapeutes, précise Khun Serat.

 

Beaucoup sont intéressés par des stages de cinq jours. Mais nous offrons aussi des formations plus professionnelles, de 165 heures. D’autres plus longues sont pour l’instant réservées aux Thaïlandais.» Parmi les élèves, on compte de nombreux expatriés désireux d’en apprendre plus sur leur pays d’accueil, d’autres viennent même tout spécialement d’Europe. «J’ai un centre de massage shiatsu en Angleterre, raconte Magalie Salles, une jeune Française. Je suis là pour suivre un stage d’un mois dans le but de compléter ma formation de masseuse et d’offrir plus de services à mes clients.»

 

Au fil du temps, le Wat Po a vu apparaître de nombreux concurrents. «On dénombre une centaine d’écoles accréditées par nos services», indique le ministère de la Santé. Cette reconnaissance par le gouvernement est un véritable gage de qualité et permet un exercice professionnel de cette activité. Pour obtenir une autorisation du ministère du travail, il faut ainsi avoir acquis au minimum le niveau 1 (formation de 150 heures). Les niveaux 2 (372 heures) et 3 (800 heures sur une période de deux ans) permettent, eux, une utilisation thérapeutique du massage.

 

Pour gérer et développer au mieux cette discipline, le gouvernement a mis en place le National Institute of Thai Traditional Medicine, chargé de l’enregistrement des écoles et de la promotion de la médecine traditionnelle. Des écoles publiques ont aussi été instaurées. C’est le cas au temple Worrachunyawas de Bangkok. Des professeurs agrémentés y délivrent des sessions de 80 heures de massage… gratuitement.

 

«Nos élèves viennent bien souvent dans l’optique de travailler dans ce domaine. Parfois quelques étrangers participent aux cours mais cela reste limité car nos professeurs ne parlent pas anglais», indique Nutnaree Intarawan, la directrice du centre. Cette science se démocratise ainsi peu à peu. Un Bachelor degree en massage, l’équivalent de la licence en Europe, pourrait même être créé prochainement. Dans ce sens, une université gérée par le Wat Po devrait dans le même temps voir le jour. Le massage thaïlandais se dessine un bel avenir.

 

En dehors de ces voies officielles, des enseignements parallèles existent. Outre certains hôpitaux et universités, de nombreuses écoles permettent d’acquérir une formation de masseur. Souvent, un diplôme est délivré à l’issue du stage mais ce papier n’a aucune valeur officielle. «Il y a une quantité de professeurs qui délivrent des cours de massage dans des écoles non reconnues par l’État et parmi elles, on compte de grandes pointures», confesse le manager de l’école Chetawan.

 

Mais comment reconnaître le masseur professionnel du «papouilleur du dimanche» ? Être masseur ne s’invente pas, un professionnel aura donc lui-même passé de multiples formations. Pranee Shijulpat, masseuse et “adjan” (professeur), s’empresse ainsi quand on la questionne sur le sujet de sortir avec fierté ses diplômes. «Là, c’est celui du ministère de la Santé», explique-t-elle en désignant un document «Mon école n’a pas d’accréditation ministérielle, reconnaît-elle sans gêne, mais c’est le cas de toutes les petites structures!». A chaque élève, sa formation, tel pourrait être l’adage de l’enseignement du massage en Thaïlande.

 

Claire Cambier

 

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