Lundi 18 juillet, Amnesty International a demandé l’ouverture d’une enquête sur l’utilisation d’un logiciel espion israélien, Pegasus, qui aurait été utilisé pour suivre à la trace pas moins de 30 dissidents thaïlandais.

“Nous pouvons désormais ajouter officiellement la Thaïlande à la liste croissante des pays où les personnes qui appellent pacifiquement au changement, expriment une opinion ou discutent des politiques gouvernementales peuvent faire l’objet d’une surveillance invasive qui a un impact profond sur la liberté d’expression, la vie privée et le sentiment de sécurité des individus”, a déclaré Étienne Maynier, technologue à Amnesty International, dans un communiqué.

“Il convient de rappeler qu’il ne s’agit que de ce qui a été découvert jusqu’à présent, et que l’ampleur des tentatives de surveillance pourrait être plus importante et plus dommageable.”

Selon un rapport d’Internet Dialogue on Law Reform (iLaw) et Digital Reach and The Citizen Lab publié samedi, le logiciel espion Pegasus a été trouvé sur les téléphones de dizaines de militants pro-démocratie en Thaïlande.

Retrouvez ici le rapport concerné: https://freedom.ilaw.or.th/en/report-parasite-that-smiles

“Dans le cadre d’une enquête en cours, il a été constaté à ce jour que 30 personnes ont été infectées par Pegasus en 2020 et 2021”, indique le rapport.

“La majorité des individus ciblés ont des rôles dans les manifestations pro-démocratie de 2020-2021 qui demandaient une réforme politique et monarchique”, a-t-il ajouté.

Le rapport indique que l’utilisation de Pegasus, un logiciel espion produit par la société de cybersécurité NSO Group basée en Israël, n’est autorisée qu’aux agences gouvernementales avec l’approbation du gouvernement israélien.

Le logiciel espion a la capacité de transformer un téléphone infecté en un dispositif de surveillance à distance et d’en prendre le contrôle total.

iLaw a déclaré que son enquête a commencé en novembre 2021, lorsque de nombreux dissidents thaïlandais ont été avertis par Apple Inc. que leurs appareils pouvaient avoir été infectés par des attaquants soutenus par l’État.

À la suite de l’enquête, il a été constaté que les téléphones d’au moins 30 personnes étaient infectés par le logiciel espion. Il s’agit notamment d’éminents dirigeants de mouvements de protestation tels qu’Arnon Nampa, Benja Apan et Panusaya “Rung” Sithijirawattanakul.

Le rapport du Citizen Lab ne conclut pas que l’opération de piratage Pegasus en Thaïlande soit le fait d’un opérateur gouvernemental spécifique. Toutefois, le rapport indique que l’utilisation du logiciel espion Pegasus indique la présence d’un opérateur gouvernemental.

“Bien que les preuves médico-légales recueillies jusqu’à présent sur Pegasus ne permettent pas une attribution forte à un opérateur Pegasus particulier, on peut conclure de manière circonstancielle que l’utilisation de Pegasus contre les dissidents serait un avantage significatif pour le gouvernement thaïlandais” peut-on lire.

Remerciements à Philippe Bergues