La coïncidence en dit long sur l’évolution de la politique Thaïlandaise. A la veille de la condamnation à 5 années de prison pour «appel à l’insurrection» de Suthep Thaugsuban, l’homme qui fit tomber le gouvernement dirigé par Yinluck Shinawatra, le milliardaire Thaksin Shinawatra s’est exprimé sur les réseaux sociaux. Pour lui, l’économie du royaume n’est pas sur la bonne voie… A bon entendeur.

L’intervention de Thaksin sur les réseaux sociaux a fait le plein en termes d’audience. Depuis lors, Suthep Thaugsuban a été condamné, puis libéré sous caution vendredi 26 février.

Selon le site d’information Khao Sod, Thaksin s’est exprimé sous le pseudonyme de “Tony Woodsome”. L’ancien Premier ministre a abordé un large éventail de sujets, allant de la pandémie de coronavirus à l’économie en passant par les droits de l’homme. Il a été rejoint par certains de ses anciens ministres comme Chaturon Chaisang (éducation) et Surapong Suebwonglee (recherche et technologie).

Se soucier davantage de l’économie

“Nous devrions ouvrir le marché et nous soucier davantage de l’économie”, a déclaré M. Thaksin à son auditoire, qui est passé à 8 000 utilisateurs en 15 minutes. “Ce que le gouvernement actuel fait en ce moment est une mort lente pour le peuple thaïlandais”.

Le salon de discussion a été baptisé “Thai Rak Thai” : Whoever Lived in That Era, Come Join Us”, en référence au parti politique de Thaksin qui l’a porté au pouvoir en 2001 grâce à une victoire électorale écrasante.

Le parti Thai Rak Thai a ensuite été dissous par un tribunal en 2007, suite au coup d’État qui a renversé Thaksin un an plus tôt. Un autre tribunal l’a déclaré coupable de corruption en 2008, mais il avait déjà fuit le pays. Thaksin, 71 ans, a toujours dénoncé les motivations politiques de ce verdict. Cette intervention sur les réseaux sociaux avait une originalité: les questions du public étaient ouvertes.

Questions-réponses

La séance de questions-réponses a commencé par quelques questions simples comme “pourquoi doit-il s’appeler Tony ?” (à laquelle il a répondu que c’était un nom anglais qu’il avait choisi pendant ses études aux États-Unis) et “pourquoi le Premier ministre Prayut Chan-o-cha doit s’énerver chaque fois que quelqu’un mentionne Thaksin ? (il a dit qu’il ne le savait pas non plus).

“Pourquoi continuez-vous à écouter cette satanée personne qui a enfreint les lois ?” a répondu le Premier ministre, sans nommer personne. “Il endommage nos lois. Pourtant, vous continuez à lui donner du crédit.”

Thaksin Shinawatra a, lui, soigné son profil de légitimiste. “La monarchie est présente dans notre pays depuis longtemps, nous devons donc la respecter. Ils sont particulièrement préoccupés par la révolution.”

Lorsqu’un autre utilisateur lui a posé des questions sur l’utilisation excessive de la loi royale sur la diffamation, Thaksin a refusé de commenter.