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Thaïlande : un marché de l’emploi ouvert aux Français ?

Journaliste : Morgan Vasner
La source : Gavroche
Date de publication : 05/04/2014
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La Thaïlande jouit en France, depuis plusieurs décennies, d’un vrai pouvoir d’attraction qui pousse de nombreux Français à s’y rendre pour chercher du travail. A une France en crise où le chômage semble aussi endémique que la dengue en Thaïlande, et où l’on répète à l’envie que l’ascenseur social est en panne, on oppose une Thaïlande dynamique, pleine d’opportunités pour des Français souvent qualifiés, dans un pays où le coût de la vie peu élevé fait rêver. Mais qu’en est-il vraiment une fois le pas franchi ?

 

Accompagnant les Français qui le souhaitent, l’une des missions du service emploi de la Chambre de Commerce Franco-Thaïe (FTCC) consiste à informer le demandeur sur le droit du travail local. Et, bien souvent, c’est la désillusion : la Thaïlande, pays où la vie semble si facile, n’est pas aussi ouverte et pleine d’opportunités qu’il n’y parait. L’emploi des étrangers est soumis à une législation contraignante pour le demandeur, comme pour les entreprises. « Certains Français arrivent avec une vision idyllique de la Thaïlande, commente Faustine Glairon-Mondet, responsable du service emploi de la FTCC. Bien connaître le cadre législatif du travail est alors indispensable pour mesurer la faisabilité de ces projets. » Seuls les plus motivés, avec un projet qui répond aux besoins réels du marché local, ont une chance. Pour les autres, il n’y a pas d’autres alternatives que l’abandon… ou le travail illégal, source de risques.

 

Trouver un emploi en Thaïlande n’est donc pas simple. De nombreuses professions ne sont pas ouvertes aux étrangers, même très qualifiés. L’Alien Employment Act établit une liste de 39 activités interdites aux étrangers, parmi lesquelles la médecine ou la comptabilité et de nombreux métiers artisanaux (menuisier, maçon, coiffeur, chauffeur-livreur, etc). Certains secteurs sont aussi difficiles d’accès pour des raisons de fossé culturel, comme les professions juridiques, la communication ou les ressources humaines. Les Français doivent enfin faire face à la concurrence, puisqu’Occidentaux et Japonais se bousculent au portillon.

 

Les Français ont cependant des atouts, et le « Thai Dream » reste possible ! Ils sont souvent qualifiés et plus de 50% d’entre eux ont de longues études derrière eux (voir encadré). Les profils commerciaux, mobiles à l’international et polyglottes sont les plus recherchés. Viennent ensuite les ingénieurs, souvent bien formés dans les grandes écoles françaises. Enfin, les personnes expérimentées, capables d’assurer des fonctions de direction ferment la marche. Le secteur de l’industrie en Thaïlande représente environ 50% des recrutements de Français. Viennent ensuite le secteur médical, cosmétique (où les entreprises françaises se taillent la part du lion avec 62% des importations), aéronautique, de la bijouterie, du conseil, des hautes technologies, de l’hôtellerie et du textile. Fort de dix ans d’expérience dans la vente et le marketing, Thomas est de ceux à qui la Thaïlande a souri : « J’ai commencé mon emploi actuel après à peine trois mois de recherche. Je pensais que cela allait être plus difficile. »

 

La Chambre de Commerce travaille aussi régulièrement à aider les Français dans leur recherche d’emploi, via des ateliers «CV et lettres de motivation» ou des entretiens individuels et personnalisés avec un conseiller. Ce service possède également un réseau de 270 entreprises membres, avec qui elle peut intervenir en termes de placement. En 2011, 38 Français accompagnés par la FTCC ont trouvé un emploi en Thaïlande, 55 en 2012. Cette assistance aide le demandeur à faire le point sur ses démarches et le réalisme de ses attentes. Ce que confirme Thomas : « La FTCC a été d’une grande aide. J’ai pu recevoir de réels conseils me concernant. A partir de ce rendez-vous, c’est toute ma démarche de recherche d’emploi en Thaïlande qui s’est vu confirmée.»

 

Le service emploi compte également créer des ateliers « networking », « une pratique souvent étrangère à la mentalité française et pourtant indispensable si l’on veut trouver du travail en Thaïlande, affirme Faustine Glairon-Mondet. Beaucoup n’en on pas conscience, mais chaque individu a en moyenne un réseau de 500 personnes. Faire évoluer les demandeurs d’emploi sur leur perception restrictive et parfois erronée du networking fait aussi partie de notre approche. »

 

Etudiants ou candidats expérimentés, nombreux sont ceux qui dressent le même constat : groupes Facebook, réseaux étudiants ou professionnels, amis, famille…, ils ont pour la plupart pu coincer la porte du pied grâce à leurs relations. «J’ai trouvé mon stage depuis la France sur un groupe Facebook de mon école », confirme Stéphanie, en stage dans une grande agence de voyage à Bangkok.

 

Même son de cloche pour les profils plus expérimentés comme Florence, ingénieure en automobile, qui cherche un emploi depuis novembre. « Lors de l’atelier à la CCFT, cette notion a particulièrement été mise en avant et j’étais intriguée de l’importance accordée au networking. Les principales difficultés sont de créer son réseau et de connaitre les entreprises qui recrutent. »

 

A chacun sa méthode. Thomas, lui, est arrivé à Bangkok sans connaître personne. « En Thaïlande pour chercher du travail, il faut surtout compter sur soi et être précis dans sa démarche, faute de quoi on peut chercher pendant des années… Le réseautage est forcément un atout, mais ne vaut rien si l’on ne sait pas s’en servir. Ce n’est pas la garantie d’obtenir un emploi. »

 

Travailler au pays du sourire lorsque l’on est Français n’est donc pas une promenade de santé. Il faut tordre le coup à cette vision idyllique qui conduit souvent de nombreux Hexagonaux à croire que l’emploi qu’ils ne trouvent pas en France les attend en Thaïlande. Nécessité du networking, pans entiers du marché du travail fermés aux étrangers, législation drastique, concurrence rude entre expatriés… Oui, la Thaïlande a besoin de ces farangs qui viennent apporter les compétences et le savoir-faire des pays développés, mais les places sont chères et ne sont qu’à la portée des profils les plus brillants et les plus ambitieux. Français, tenez-vous le pour dit : le pays du sourire ne sourit qu’aux audacieux.

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