La Commission nationale des droits humains (CNDH) thaïlandaise a vivement exhorté le gouvernement à ne pas expulser Y Quynh Bdap, un militant vietnamien pour les droits des minorités ethniques, arrêté à Bangkok. La commission exprime de sérieuses préoccupations quant à sa sécurité s’il devait être renvoyé au Vietnam.
La CNDH a annoncé avoir été informée de l’arrestation le 13 juin, suite à une demande d’assistance formulée par une organisation de la société civile pour venir en aide à l’activiste.
Y Quynh Bdap, 32 ans, est un chrétien appartenant à l’ethnie Montagnarde des Hauts Plateaux du Centre du Vietnam. Co-fondateur de l’organisation “Montagnards Stand for Justice”, il milite activement pour la liberté de religion. Depuis longtemps, les Montagnards chrétiens, affiliés à des églises de maison indépendantes, subissent la persécution du gouvernement vietnamien.
Résidant en Thaïlande depuis 2018, Bdap a obtenu le statut de réfugié auprès du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Le gouvernement vietnamien l’a accusé de terrorisme suite aux émeutes meurtrières survenues dans la province de Dak Lak en juin dernier, bien que son implication dans ces troubles demeure incertaine.
Selon certains rapports, Bdap aurait été arrêté le 11 juin après un entretien avec les autorités canadiennes à l’ambassade du Canada à Bangkok, concernant son statut de réfugié au Canada.
La CNDH a été sollicitée pour empêcher le renvoi du militant au Vietnam, où il risque fortement d’être en danger et de subir un procès inéquitable.
La commission a adressé un courrier à la police de l’immigration, l’appelant à respecter la loi BE 2565 relative à la prévention et à la répression de la torture et des disparitions forcées, en évitant le refoulement, c’est-à-dire le renvoi forcé d’une personne vers un pays où elle risque d’être persécutée.
La Thaïlande est tenue de respecter ses obligations découlant du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et de la Convention des Nations Unies contre la torture, instruments auxquels le pays est partie.
La Thaïlande est actuellement candidate pour la troisième fois à un siège au conseil. L’élection pour un mandat de trois ans, de 2025 à 2027, se tiendra au siège des Nations Unies à New York en octobre.
Si Y Quynh Bdap est expulsé, la Thaïlande « ne serait pas apte à être élue » au conseil, a écrit Mary Lawlor, la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les défenseurs des droits humains, dans un message publié sur X jeudi.
Le mois dernier, Human Rights Watch a publié un rapport détaillant la manière dont les autorités thaïlandaises ont aidé les gouvernements voisins à prendre des mesures illégales contre les réfugiés et les dissidents étrangers, rendant le pays de plus en plus dangereux pour ceux qui fuient la persécution.
Selon le rapport, certaines cibles de la répression transnationale se sont retrouvées prises dans un « marché d’échange » où des dissidents étrangers en Thaïlande sont en réalité échangés contre des critiques du gouvernement thaïlandais vivant à l’étranger.
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