Home Accueil Trois questions à Abdou Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie

Trois questions à Abdou Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 25/06/2014
0

Pour Gavroche, il revient sur la place de la francophonie en Asie-Pacifique, l’importance de la présence de la presse francophone dans cette région et fait le bilan de ces trois mandats successifs.

 

L’Asie-Pacifique est un grand continent mais ne représente que 1,17% des 220 millions de francophones dans le monde. Ne pensez-vous pas que la « bataille du Français » est perdue dans cette région du monde ?

 

Il faut bien comprendre que la dynamique du français en Asie est celle d’une langue étrangère et même de la 2e ou 3e langue étrangère apprise, souvent après l’anglais, mais parfois après le chinois comme en Birmanie ou au Japon. Ainsi, malgré des liens historiques, désormais anciens, qui unissent certains pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à la langue française ou l’intérêt marqué pour cette langue par un pays observateur de la Francophonie comme la Thaïlande, il n’y a guère que l’archipel du Vanuatu, en Océanie, où le français est l’une des trois langues officielles, dont la population entretienne un rapport plus intime avec cette langue qui est la langue d’enseignement d’un tiers de la population. Avec seulement 6% des apprenants de français langue étrangère dans le monde, l’Asie et l’Océanie voient néanmoins leur nombre s’accroître de manière importante. Par ailleurs, ces continents recèlent des pays où les effectifs d’apprenants de français sont parmi les plus nombreux au monde. C’est le cas de l’Inde (plus d’un million) et du Japon, en tête, suivis de l’Ouzbékistan, du Cambodge, de l’Australie, de l’Arménie, de la Chine, de l’Azerbaïdjan et du Vietnam, qui rassemblent entre 60 000 et 300 000 apprenants de français chacun. Mais surtout, la langue française séduit de plus en plus ! Cette région du monde enregistre une poussée très nette des apprenants de français avec une hausse de 43% entre 2010 et 2014. Finalement, dans cette région comme dans d’autres, la valeur ajoutée du français est de plus en plus perçue comme pouvant « faire la différence », dans les deux sens de cette locution : se distinguer des profils dominants (bilingues anglais ou chinois) pour être plus compétitif sur le marché de l’emploi notamment (ou de la formation) et être porteur d’une vision du monde différente qu’apporte l’accès, grâce à la francophonie, à la diversité culturelle et aux valeurs de dialogue, de solidarité et de partage.

 

Pensez-vous que la presse francophone doit continuer à exister en Asie et quel soutien peut-elle attendre de l’OIF ?

 

Bien évidemment ! Elle est massivement et sous différentes formes soutenue depuis plus deux décennies par la Francophonie à travers différents mécanismes. Et depuis janvier 2012, nombre de publications francophones comme la vôtre, mais aussi Le Courrier du Vietnam ou Le Rénovateur du Laos bénéficient, dans le cadre du Plan d’aide spécial des journaux francophones édités dans les pays où le français est langue minoritaire, des subventions de l’OIF. Ce plan spécial, doté d’un budget de 50 000 euros, permet de réunir régulièrement et d’aider financièrement les principaux journaux francophones d’Asie du Sud-Est et d’Europe centrale et orientale.

 

Monsieur le Secrétaire général, vous allez quitter vos fonctions à la fin de cette année après trois mandats successifs. Quel bilan tirez-vous de votre action et quel message souhaiteriez-vous passer à votre successeur ?

 

Comme dans mes précédentes fonctions à la tête du Sénégal, j’ai travaillé à construire l’avenir. Et je ne l’ai pas fait seul, mais avec une équipe formidable. Il me semble que la Francophonie regarde le futur avec fierté, droit devant elle, en assumant qui elle est et ce qu’elle fait. Nos actions sont reconnues par tous nos partenaires internationaux, nous avons entrepris les réformes nécessaires, nous menons des projets innovants et novateurs dans tous nos domaines d’action. Je pourrais par exemple vous citer l’étroite coopération que nous menons avec de nombreuses organisations internationales, dont le Commonwealth, ou de projets qui mobilisent tous les acteurs de la Francophonie institutionnelle, comme le projet de volontariat francophone qui encourage la mobilité pour les jeunes âgés de 21 à 34 ans ou l’Initiative francophone pour la formation à distance des maîtres du primaire (IFADEM). Il faut citer le premier Forum mondial de la langue française, que nous avons organisé en 2012 à Québec qui a connu un grand succès. J’ai souhaité cette manifestation festive pour que les jeunes et la société civile s’approprient la Francophonie. La deuxième édition aura lieu en 2015, mais je n’y assisterai pas en tant que Secrétaire général, plutôt en simple militant convaincu que je suis qu’une francophonie dynamique et moderne doit être une francophonie populaire.

 

Propos recueillis par Philippe Plénacoste

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Les plus lus