Le président français Emmanuel Macron entame ce dimanche 25 mai une tournée diplomatique stratégique en Asie du Sud-Est, marquant la première étape d’un voyage qui le mènera au Vietnam, ancienne colonie française, puis en Indonésie, puis à Singapour. Cette visite, placée sous le signe du renforcement des partenariats et de la défense du multilatéralisme, intervient à un moment crucial où la région est le théâtre d’une intense rivalité d’influence entre les États-Unis et la Chine.
Une fois arrivé à Hanoï, jadis capitale du Tonkin, M. Macron va effectuer la première visite d’un président français au Vietnam depuis près d’une décennie, soulignant l’importance que Paris accorde à son ex colonie indochinoise en pleine croissance. L’objectif est clair : positionner la France et, par extension, l’Europe, comme des partenaires fiables et transparents, offrant des collaborations « sans conditions », contrastant avec des méthodes perçues comme plus « coercitives » ou « prédatrices » de la part d’autres puissances mondiales.
Le Vietnam, porte d’entrée d’une stratégie régionale
Au cours de son séjour vietnamien, le président français devrait discuter de nombreux dossiers, notamment dans les domaines des infrastructures stratégiques et de l’énergie, avec la signature attendue de plusieurs dizaines d’accords. La diversification des sources d’approvisionnement et des marchés est une priorité pour le Vietnam, désireux de réduire sa dépendance à l’égard de la Chine et de se prémunir contre les menaces de droits de douane. Les discussions incluront également la participation du Vietnam à la Conférence des Nations Unies sur les océans, prévue à Nice en juin 2025.
L’enjeu économique est majeur. Au-delà des secteurs traditionnels, la France cherche à se positionner sur les marchés porteurs de la transformation numérique, de la ville durable et des technologies vertes, des domaines où l’expertise française et européenne est reconnue. Dans un contexte de réorganisation des chaînes de valeur mondiales post-pandémie, les entreprises françaises sont encouragées à investir et à relocaliser une partie de leur production en Asie du Sud-Est, profitant d’une main-d’œuvre qualifiée et de marchés en pleine expansion. Il s’agit également de rivaliser avec les investissements massifs de Pékin via ses « Nouvelles routes de la soie », en proposant des alternatives financières et techniques répondant aux standards environnementaux et sociaux européens.
Défense du multilatéralisme à Singapour
Après Hanoï, la délégation présidentielle s’envolera pour l’Indonésie le 27 mai, avant de conclure sa tournée à Singapour. C’est dans la cité-État que M. Macron prononcera un discours très attendu lors du Shangri-La Dialogue, la principale conférence de défense d’Asie. L’occasion pour le chef de l’État de défendre la coopération internationale et un commerce fondé sur des règles claires, tout en cherchant à « dissiper les malentendus » sur la position européenne concernant les conflits mondiaux, notamment en Ukraine et à Gaza.Ce déplacement s’inscrit dans la continuité de la « Stratégie Indo-Pacifique » de la France, lancée en 2018, visant à renforcer ses liens avec les partenaires de la région. En période d’incertitudes sur les chaînes d’approvisionnement mondiales et le commerce, l’Asie du Sud-Est s’affirme comme une zone d’une importance stratégique capitale, attirant déjà les leaders de la Chine, du Japon et d’autres pays européens ces dernières semaines.
Sur le plan géopolitique, cette tournée est aussi une occasion pour Paris de réaffirmer son engagement pour le respect du droit international maritime, notamment en mer de Chine méridionale, où les tensions territoriales sont vives.
Bien que la France ne soit pas un belligérant direct, elle dispose de territoires d’outre-mer et d’une présence militaire dans la région, ce qui l’autorise à défendre la liberté de navigation et de survol, principes fondamentaux pour le commerce mondial. La position européenne, souvent perçue comme un acteur de « troisième voie » face à la polarisation sino-américaine, est cruciale pour encourager un dialogue pacifique et la résolution des différends par la diplomatie plutôt que par la force.
Enfin, au-delà des considérations économiques et sécuritaires, la visite présidentielle met l’accent sur les échanges humains et culturels. Les rencontres prévues avec des étudiants et des entrepreneurs locaux soulignent l’importance de construire des ponts durables entre les sociétés. L’attractivité des universités françaises pour les jeunes talents asiatiques, ainsi que la richesse des patrimoines culturels mutuels, constituent des leviers puissants pour forger des relations à long terme, basées sur la compréhension et le respect mutuel. L’Élysée espère que cette tournée jettera les bases d’un partenariat durable et équilibré, respectueux des intérêts et de la souveraineté de chaque pays.
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