Washington a tranché : les exportations thaïlandaises vers les États-Unis seront désormais soumises à un tarif réciproque de 19 %. Une décision qui, bien qu’elle marque une hausse par rapport au taux effectif actuel (environ 10 %), reste inférieure au scénario redouté de 36 %. Elle place surtout la Thaïlande au même niveau que plusieurs de ses voisins d’Asie du Sud-Est, préservant ainsi sa compétitivité régionale.
Un alignement régional plutôt rassurant
Avec ce taux de 19 %, la Thaïlande s’aligne sur ses voisins régionaux que sont l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines et le Cambodge. Le Vietnam écope d’un tarif légèrement plus élevé, fixé à 20 %, tandis que Singapour reste l’exception avec un taux préférentiel de 10 %. Dans ce contexte, les exportateurs thaïlandais peuvent souffler : aucun désavantage compétitif clair ne se dessine à ce stade. L’impact macroéconomique est également atténué par la persistance d’une liste d’exemptions américaines sur certains produits clés.
Une liste d’exemptions toujours en vigueur
La liste d’exclusion, publiée en avril et toujours valide à ce jour, couvre notamment les smartphones, ordinateurs, disques durs et autres équipements électroniques — soit environ 30 à 40 % des exportations thaïlandaises vers les États-Unis. Ces exemptions jouent un rôle central pour limiter les risques à court terme, tant pour les secteurs industriels que pour l’économie globale.
Un risque à surveiller : les transbordements
Washington a toutefois introduit une sanction douanière de 40 % sur les biens soupçonnés de transbordement — une méthode utilisée pour contourner les droits de douane via des pays tiers. Les modalités d’application de cette mesure restent floues, mais les autorités américaines devraient s’appuyer sur des critères stricts d’origine, en particulier sur le contenu régional en valeur ajoutée et la limitation des composants chinois. Ce flou juridique représente un risque pour la Thaïlande, en tant que plateforme d’assemblage et de logistique régionale, notamment dans le secteur électronique.
Ouverture du marché agricole thaïlandais ?
En échange, Bangkok aurait consenti à des concessions en matière d’accès au marché pour les produits agricoles américains. Bien que les détails restent partiels, la presse évoque une réduction des barrières non tarifaires et une facilitation des procédures d’importation pour des produits comme le soja, le maïs, le porc, le bœuf ou les produits laitiers. Si l’agriculture ne représente que 8 % du PIB thaïlandais, elle emploie plus de 30 % de la population active, rendant toute ouverture du secteur politiquement sensible.
Impact économique limité mais à surveiller
À ce stade, l’impact économique reste modéré. Plus d’un tiers des exportations thaïlandaises vers les États-Unis restent couvertes par des exemptions, ce qui atténue les effets immédiats de la nouvelle taxe. De plus, la baisse des exportations ne provoque pas nécessairement une baisse équivalente de la production à court terme. Sur l’ensemble de l’année 2025, l’économie thaïlandaise ne devrait donc subir qu’un léger ralentissement. Cependant, après un bon premier semestre, les analystes anticipent un net repli des exportations dans la seconde moitié de l’année.
Conclusion : un compromis acceptable, mais des incertitudes persistantes
Avec un tarif réciproque fixé à 19 %, la Thaïlande échappe à un scénario plus sévère et conserve une compétitivité comparable à celle de ses voisins régionaux. Mais certaines zones d’ombre subsistent, notamment sur l’application des règles liées au transbordement, susceptibles d’entraîner de lourdes pénalités, ainsi que sur les engagements pris pour ouvrir davantage le marché agricole thaïlandais. Le maintien d’une croissance soutenue reposera donc en grande partie sur le dynamisme du tourisme et de la consommation intérieure, alors que les exportations pourraient connaître une période plus incertaine dans les mois à venir.
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