Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.

Politique, Diplomatie

Le ministre birman des Affaires étrangères, Than Swe, a rencontré son homologue malaisien Mohamad Hasan pour réclamer le rétablissement des « rôles et droits originaux » de la Birmanie au sein de l’ASEAN. Le régime militaire, soutenu par la Chine et la Russie, cherche une reconnaissance formelle alors que des élections sont prévues. Malgré ce soutien, le régime reste largement isolée sur la scène internationale, sous la vigilance des États-Unis, des puissances occidentales, du Japon, de la Corée du Sud et de certains membres influents de l’ASEAN.

Le régime birman a annoncé que la Malaisie dépêcherait des équipes d’observation pour les élections prévues par étapes à partir du 28 décembre. Cette annonce fait suite à une rencontre à Naypyitaw entre Min Aung Hlaing et le ministre malaisien des Affaires étrangères, Mohamad Hasan. Selon le média d’État Global New Light of Myanmar, Mohamad Hasan a promis que la Malaisie, en sa qualité de président de l’ASEAN, veillerait à renforcer la coopération avec la Birmanie dans ce processus électoral.

La junte birmane renforce sa répression avant les élections, avec 64 personnes poursuivies en deux mois sous la nouvelle Loi sur la protection des élections, entrée en vigueur le 29 juillet. Au 30 septembre, 24 dossiers impliquant ces suspects ont été ouverts, selon le ministre de l’Intérieur, Tun Tun Naung, qui a souligné la nécessité de « poursuivre les enquêtes contre ceux qui perturbent l’élection ou diffusent de la propagande menaçant la sécurité électorale ». La loi prévoit des peines allant de trois à sept ans pour entrave au vote, et jusqu’à la peine capitale en cas de blessures graves ou de décès. Ko Nay Thway est devenu le premier condamné, à sept ans de travaux forcés pour avoir critiqué le scrutin en ligne. Les élections débuteront le 28 décembre dans 102 cantons sous contrôle militaire, tandis que des activistes continuent de dénoncer le processus.

Lors d’une conférence de presse, Daw Thet Thet Khine, présidente du People’s Pioneer Party (PPP) et ancienne députée de la NLD exclue en 2018, a affirmé qu’Aung San Suu Kyi n’est pas une prisonnière politique, mais une criminelle condamnée pour corruption. Selon elle, malgré la perception internationale, la dirigeante a été jugée et purge sa peine légalement. Le PPP figure parmi les six partis prévoyant de présenter des candidats aux prochaines élections du régime.

Économie

Au premier semestre 2025, la Birmanie a enregistré un déficit commercial de 0,2 Md USD, selon les statistiques officielles partielles sur le commerce transfrontalier informel. Les exportations ont reculé de -4,9 % en glissement annuel, à 7,1 Md USD, tandis que les importations ont progressé de +8,1 %, à 7,3 Md USD. Les exportations restent dominées par les textiles (1,8 Md USD, 25,8 %) et le gaz naturel (1,6 Md USD, 22,5 %), principalement vers la Chine (27,4 %), la Thaïlande (21,9 %) et l’UE (16,4 %). Les importations concernent surtout le pétrole (2,3 Md USD, -11,9 %) et les machines électriques (0,5 Md USD, +96,6 %), en provenance de Chine (39,2 %), Singapour (22 %) et Malaisie (12 %).

Le 9 octobre, la Banque centrale de Birmanie (CBM) a vendu plus de 1,9  M USD aux importateurs d’huiles comestibles, ainsi que 354  000  yuans sur le marché. Depuis début octobre, la CBM a multiplié les injections de devises, vendant notamment plus de 30  M USD aux entreprises pétrolières, 2,9  M USD supplémentaires aux importateurs d’huiles comestibles le 3 octobre, et plus de 2,6  M USD aux mêmes entreprises le 2 octobre. En septembre, la CBM avait déjà injecté plus de 39  M USD et divers montants en yuans et bahts sur le marché.

La Myanmar Rice Federation (MRF) vise 1,8 million de tonnes de riz exportées au second semestre de l’année financière 2025-2026, soit environ 300  000 tonnes par mois. Au premier semestre (avril-août), les exportations ont déjà dépassé 1,2 million de tonnes pour 408  M USD, principalement vers la Chine (346  919  t de riz premium et 247  985  t de riz non premium), suivie des Philippines et de l’Espagne. En 2024-2025, la Birmanie avait exporté 2,48  millions de tonnes pour plus de 1,12  Md USD.

Répression, Conflit

Au moins 32 personnes ont été tuées et plus de 50 blessées lundi soir à Chaung-U, dans la région de Sagaing, lorsqu’une veillée marquant la pleine lune du festival bouddhiste Thadingyut a été bombardée par des forces du régime. Deux bombes ont frappé la veillée anti-régime, selon un témoin local. Des bombardements ont également touché Hsipaw et Namtu, dans l’État Shan du Nord, zones contrôlées par la Ta’ang National Liberation Army (TNLA).

Entre janvier et septembre 2025, plus de 2 000 membres des forces armées birmanes ont déserté, se sont rendus ou ont été capturés, selon l’organisation People’s Goal, composée de soldats déserteurs du Mouvement de désobéissance civile (CDM). Le bilan inclut 880 soldats ayant fait défection, 135 se rendant volontairement et 916 capturés. Parmi les policiers et conscrits, 28 policiers et 56 conscrits ont déserté, tandis que 16 policiers et 99 conscrits ont été faits prisonniers.

Dans le canton de Hpakant, centre de l’exploitation du jade, les civils dénoncent des enrôlements forcés menés non seulement par l’armée birmane, mais aussi par l’Armée pour l’Indépendance Kachin (KIA) et ses groupes alliés. Depuis septembre, la KIA a intensifié la conscription, ciblant hommes et femmes en plein jour, générant une peur croissante parmi la population.

Dans l’État de Kayah, les offensives terrestres et aériennes du régime militaire aggravent la situation des civils déplacés, confrontés à des pénuries alimentaires et à la flambée des prix, selon des groupes d’aide locaux. Les camps peinent désormais à fournir deux repas quotidiens de bouillie de riz, tandis que le blocage des routes commerciales clés, notamment Loikaw-Hsihseng et Loikaw-Pekon, a fait tripler à quadrupler le coût des denrées.

La contre-offensive de l’armée birmane dans l’État Karen a percé les défenses de la résistance à Lay Kay Kaw, à 14 km au sud de Myawaddy, reprenant une partie de la ville, selon des sources locales. Les forces de l’Armée de libération nationale Karen (KNLA) se sont repliées des zones ouest, tandis que l’armée progresse désormais vers le quartier 6. Lay Kay Kaw, fondée en 2015, était passée sous contrôle de la résistance en octobre 2024, mais le régime a lancé depuis début septembre une offensive majeure depuis Myawaddy.

L’Arakan Army (AA) a indiqué que 17 % des habitants de Maungdaw ont été testés positifs au paludisme en septembre dernier. Depuis la prise de Maungdaw le 8 décembre, l’AA contrôle l’ensemble des 270 km de la frontière avec le Bangladesh. Un résident a déclaré ne pas pouvoir couvrir les frais de traitement ni se rendre en clinique. Au cours des quatre premiers mois de l’année, plus de 400 cas ont été signalés dans les territoires sous contrôle de l’AA, sans décès. L’AA contrôle désormais 14 des 17 townships d’Arakan et Paletwa dans le sud du Chin.

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