Gavroche a sélectionné plusieurs nouvelles marquantes de Birmanie cette semaine. Un résumé essentiel pour ceux qui suivent l’actualité de ce pays d’Asie du Sud-Est.
Politique, diplomatie
La Birmanie cherche à renforcer ses liens avec l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), dominée par la Chine et la Russie, afin de bénéficier d’un soutien diplomatique et économique. Lors d’un forum tenu à Moscou, Kyaw Htin a plaidé pour un développement collectif au sein de la région. Jusqu’à présent simple partenaire de dialogue, la Birmanie vise désormais une adhésion pleine à l’OCS pour affirmer sa légitimité sur la scène internationale.
Le Congrès américain a exhorté l’administration Trump à condamner la future élection birmane, jugée frauduleuse, et à nommer un représentant spécial chargé de gérer la crise. Plusieurs élus s’inquiètent également de la mutation de la Birmanie en un centre mondial du crime organisé, en particulier des escroqueries en ligne visant des citoyens américains.
Malgré l’exigence de l’ASEAN d’un arrêt de la violence avant tout scrutin, Nyo Saw a affirmé que le bloc soutenait les élections prévues, ce que l’ASEAN dément. Le groupement rappelle que les élections doivent être libres et inclusives et maintient l’exclusion du chef de la junte de ses sommets. De leur côté, ONU et législateurs américains continuent de dénoncer un scrutin destiné à offrir une fausse légitimité au régime.
Le porte-parole du gouvernement, Zaw Min Tun, accuse Washington de poursuivre un « agenda caché » derrière la création de la Scam Center Strike Force. Il assure que le régime mène ses propres opérations contre les escroqueries, citant notamment les raids à Shwe Kokko et KK Park, tout en attribuant l’implantation de ces centres aux pays voisins et à certains groupes ethniques armés. Le gouvernement semble privilégier une coopération avec la Chine, tandis que les milices alliées BGF et DKBA sont accusées de complicité dans ces activités frauduleuses.
La Commission électorale a confirmé la disqualification de Thet Thet Khine, présidente du PPP et ancienne ministre, en raison d’une dette avoisinant les 100 milliards de kyats. Son éviction, rendue possible par une nouvelle clause électorale, est perçue par certains observateurs comme un signal que le régime pourrait écarter les candidats jugés indésirables avant le scrutin.
Économie
Selon les douanes chinoises, les exportations birmanes de terres rares vers la Chine ont chuté à 31,6 kilotonnes entre janvier et octobre 2025, soit une baisse de 25,5 %. En valeur, elles atteignent 786 millions de dollars, enregistrant un recul de 7,3 %. Cette diminution prolonge la forte contraction observée en 2024, après une année record en 2023. Les mines de l’État Kachin sont particulièrement affectées par l’intensification des combats entre l’armée et la Kachin Independence Army (KIA).
La Spring Development Bank (SDB) du NUG a lancé ses jetons sur la plateforme MEXC, entraînant une quintuplé de leur valeur et portant leur capitalisation à 724,7 millions de dollars. Créée pour financer la résistance via la blockchain, la SDB est présentée comme une institution détenue par le peuple. Le régime a condamné cette cryptomonnaie, la jugeant illégale, tout en confirmant qu’il teste sa propre monnaie numérique de banque centrale.
La Banque centrale de Birmanie (CBM) a poursuivi ses interventions sur le marché des devises en novembre. Le 20 novembre, elle a vendu plus de 583 600 dollars américains à des importateurs d’huiles comestibles, après avoir cédé 1,425 million de dollars le 18 novembre aux mêmes acteurs. Le 17 novembre, elle a également vendu 300 000 yuans à des importateurs de produits variés, allant des engrais et pesticides aux matériaux de construction, pièces automobiles, télécommunications, emballages, acier, biens de consommation et denrées alimentaires. En octobre, la CBM avait injecté plus de 2,48 millions de dollars, 5,75 millions de yuans et 4,98 millions de baht, en plus de ventes dépassant 54 millions de dollars provenant d’achats auprès d’entreprises CMP.
Répression, conflit
Le régime affirme avoir arrêté plus de 1 000 étrangers lors de raids à Shwe Kokko, centre d’escroquerie de l’État Karen. L’opération, menée avec la milice BGF, a saisi plus de 2 600 ordinateurs. Ces actions surviennent après la création par les États-Unis de la Scam Center Strike Force.
Les combats se sont intensifiés à Kyaukphyu (Arakan) après l’annonce des élections dans cette zone stratégique pour les investissements chinois. Frappes aériennes et artillerie ont déplacé des dizaines de milliers de civils. Malgré les renforts de la junte, l’armée d’Arakan reprend du terrain. Environ 50 000 personnes sont désormais déplacées et font face à des pénuries et à l’isolement.
La KNU a exclu son ancien dirigeant Saw Mutu Say Poe ainsi qu’un autre cadre pour avoir participé à des événements liés au régime, en violation de sa politique interne. Leur présence au 10ᵉ anniversaire de l’Accord national de cessez-le-feu (NCA), boycotté par la KNU, a constitué la rupture finale. Critiqué depuis 2021 pour sa ligne conciliante, Saw Mutu Say Poe est accusé d’avoir affaibli la position anti-junte du mouvement.
L’armée mène une vaste offensive dans le district de Pakokku (Magwe) pour sécuriser la zone avant l’élection. Quatre colonnes de troupes, appuyées par l’aviation et les drones, avancent contre les forces de résistance. Plus de 60 villages ont été vidés, dont une trentaine incendiés, provoquant des déplacements constants. L’opération est facilitée par les cessez-le-feu négociés en Chine dans l’État Shan.
Sept civils ont été tués et au moins 20 autres blessés par des frappes aériennes de l’armée de l’air birmane dans le village de Kangyi, township de Myaing, région de Magway, jeudi, selon des habitants. Cinq personnes sont mortes sur le coup et deux autres ont succombé à leurs blessures à l’hôpital.
Société
À l’occasion de la Journée nationale, Min Aung Hlaing a remis plus de 1 200 titres honorifiques à ses alliés civils, militaires et économiques. Parmi les bénéficiaires figurent des partenaires commerciaux et fournisseurs d’armes, ainsi que des alliés étrangers, dont le directeur de Rosoboronexport. Plusieurs hommes d’affaires influents et personnalités médiatiques ont également été distingués.
Le Ministère des Ressources naturelles et de la Conservation de l’environnement a officiellement désigné la mangrove de Masanpa Island comme zone protégée. La forêt protégée couvre 2 560 acres dans le township de Kyunsu, district de Myeik, région de Taninthayi. Cette mesure vise à préserver la biodiversité, réduire l’érosion côtière et les impacts des tempêtes, tout en soutenant les communautés locales grâce à l’exploitation durable de ressources marines comme les poissons, crabes et crevettes. La protection des mangroves permettra de conserver des espèces d’arbres clés comme Bruguiera cylindrica, Bruguiera gymnorrhiza, Rhizophora mucronata, Ceriops decandra et Nypa fruticans, ainsi que des oiseaux tels que hérons, aigrettes, martins-pêcheurs, cigognes et limicoles. Elle contribue également à maintenir les aires de reproduction essentielles pour les poissons et autres espèces marines, renforçant le rôle des mangroves comme barrières naturelles contre les catastrophes et piliers de la biodiversité marine.
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