Il fut l’un des premiers à tirer le signal d’alarme sur le coronavirus dans la ville de Wuhan, toujours placée en quarantaine. Il avait une trentaine d’années et il était en pleine possession de ses moyens physiques. Or le Dr Li est mort jeudi. Une mort foudroyante qui interroge à la fois sur la façon dont les autorités chinoises l’ont muselé dans un premier temps, puis sur le virus souvent présenté comme moins sévère que le SRAS de 2002. 31 217 personnes sont désormais déclarées contaminées en Chine au 7 février.
Le docteur Li l’avait prédit. Les statistiques lui donnent raison. Décédé à Wuhan jeudi 6 février, ce médecin ophtalmologiste qui avait le premier tiré le signal d’alarme sur le coronavirus s’est éteint d’une infection pulmonaire alors que la contagion se poursuit:
Voici les chiffres:
Asie: Chine (31 217), Japon (86), Singapour (30), Thaïlande (25), Corée du sud (24), Malaisie (14), Taïwan (16), Vietnam (12), Philippines (3), Cambodge (1)
Europe: Allemagne (13), France (6), Royaume unis (3), Italie (3), Russie (2), Belgique (1), Finlande (1), Espagne (1) et suède (1).
638 morts dont 636 en Chine
Le docteur Li Wenliang a été donné mort jeudi par l’OMS. L’hôpital qui prenait en charge l’ophtalmologiste de 34 ans, qui avait été l’un des premiers en Chine à alerter sur le nouveau coronavirus avant d’être lui-même infecté par le 2019-nCoV, a annoncé sa mort, après plusieurs heures de confusion. L’homme est mort à 2h58 à l’hôpital central de Wuhan, selon un message de l’établissement sur le réseau social chinois Weibo.
Le rôle de Weibo
Alors que la rumeur de l’existence d’un mystérieux virus se propageait à Wuhan en décembre dernier, Li Wenliang a partagé ses soupçons dans une conversation privée avec ses collègues diplômés de l’école de médecine via la messagerie chinoise WeChat dès le 30 décembre 2019. Le médecin a notamment indiqué que sept personnes semblaient avoir contracté une maladie semblable au SRAS – la maladie respiratoire qui s’est propagée en Chine et dans une douzaine de pays, et fait des centaines de morts au début des années 2000.
«Rumeurs»
Mal lui en a pris. Li Wenliang et sept autres médecins présents dans le groupe privé où ils discutaient ont été convoqués par les autorités chinoises pour avoir propagé des «rumeurs» sur des cas de type SRAS dans la région. Il fut l’un des premiers à sonner l’alarme sur ce nouveau coronavirus qui a, à l’heure actuelle, fait plus de 560 morts et contaminé plus de 28.000 personnes.
L’ONG Human Rights Watch (HRW) a accusé ce jeudi Pékin de faire taire les critiques sur la riposte chinoise à l’épidémie de pneumonie virale, estimant que cette attitude ne faisait qu’aggraver la propagation de la maladie. Le directeur de HRW, Kenneth Roth, a en particulier dénoncé l’«élimination» de rapports sur le virus en Chine au cours des premiers jours de l’épidémie, ainsi que les efforts de Pékin pour faire taire les critiques à son encontre sur les médias sociaux. «L’heure est à la transparence totale, même si elle est embarrassante, car la santé publique doit passer avant la préservation d’un pouvoir politique particulier. Malheureusement, ce n’est pas l’approche de Pékin», a-t-il dit.