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ASIE – CORONAVIRUS: Les leçons diplomatiques du Covid-19, pour la France et les autres…

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 06/03/2020
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Gavroche l’avait récemment noté dans un éditorial. Trop souvent, la tendance des français expatriés est de critiquer, vent debout, la diplomatie. La sévérité est normale. Les résidents français installés dans les pays d’Asie du sud est connaissent les problèmes rencontrés et souffrent de ne pas les voir traités ou résolus par les ambassades et consulats. Mais quand les choses marchent bien, il faut le dire et l’écrire. C’est un ancien ambassadeur de France qui prend la plume dans nos colonnes pour se féliciter de l’héroïsme du consulat français à Wuhan. Yves Carmona a représenté la France au Laos et au Népal. Il fut aussi au Japon et à Singapour. Il sait de quoi il parle. A lire et à méditer.

 

Nous reproduisons ici une contribution exclusive d’Yves Carmona, ancien ambassadeur de France au Laos et au Népal, après avoir été numéro deux dans plusieurs pays asiatiques.

 

Ma première impression est que l’on retrouve en gros, face à cette crise du Covid 19, le fossé entre pays émergents et pays développés. Les premiers cherchant à démontrer leur fiabilité. Les seconds ayant des difficultés à démontrer leur crédibilité. Exemple: la Chine populaire (PRC) qui a tout fait pour donner au reste du monde l’impression qu’elle domine son sujet. A l’inverse, voir un membre du G7 comme l’Italie sombrer comme chacun en est témoin. Voir aussi les États-Unis où la dissimulation pourrait bien l’emporter sur la transparence, tout cela brouille les pistes.

 

Et la France ? tout semble montrer que le numéro 1 mondial par le nombre de touristes étrangers accueillis sur son sol a très vite compris la nature politique de la crise du Codiv 19 et l’a traitée comme telle. Ce qui ne l’autorise pas à donner des leçons dont elle, y compris celui qui écrit ici, se garde bien.

 

Technocrates japonais

 

Reprenons : d’abord la PRC. Elle atteint aujourd’hui les 3000 morts. Et, pire encore, elle n’a compris l’importance de ce qui lui arrivait que très tard, trop tard, autour du 20 ou 25 janvier. L’auteur de ces lignes rentrait d’un agréable séjour au Japon. Les touristes voisins (de PRC, Hong Kong, Corée et Taïwan) y étaient rares mais on pouvait encore espérer que le nouvel An chinois, le 27/1, allait apporter à l’archipel les touristes dont ses provinces avaient tant besoin.

 

Ce ne fut pas le cas et pour ajouter à l’humiliation, le ferry « Diamond Princess » a fait la une des JT français plusieurs jours de suite comme exemple de l’absence de management par les autorités nippones de ce qui était déjà bien plus qu’une crise sanitaire. Mais le Premier Ministre Abe comme son pitoyable ministre de la Santé Kato ont trop longtemps préféré laisser les technocrates se débrouiller avec les fiches qu’ils rédigeaient en hâte pour leurs politiciens…

 

Pendant ce temps, la PRC, HK, la Corée du Sud, Singapour, Taïwan ont pris, avec retard pour certains mais efficacité les mesures nécessaires pour limiter le nombre de morts sans les cacher.

 

Particularités nationales

 

Les autres Asiatiques ont réagi selon leurs particularités nationales. La Thaïlande, l’Indonésie, les Philippines (Duterte qui se refuse à tirer sur une ambulance quand elle est chinoise) pour ne rien dire de l’Inde (un seul mort pour un pays de 1,4 Md d’habitants, qui y croit ?), le Laos fermé comme d’habitude, le Népal également sourd car occupé par ses disputes internes , la Birmanie où on préfère enfermer dans des camps ceux qui ont osé dire la vérité , la Malaisie avec un Premier ministre de 94 ans, combien de pays émergents ont vraiment pris la mesure de ce qui leur est tombé sur la tête ? Le Vietnam, lui, se permet aujourd’hui de diffuser avec humour, tout en maintenant sa poigne de fer, les conseils d’hygiène élémentaire qui font aujourd’hui la force de l’Hexagone.

 

Héroïsme à Wuhan

 

Saluons enfin l’héroïsme de notre Consul général et son équipe à Wuhan. On est ici bien loin de la diplomatie, art de négocier avec des amis ou adversaires, dont rêvait celui à qui a échu la tâche ingrate mais nécessaire de remplir au mieux des avions.

 

Mais n’est-ce pas de nos jours sur ce seul critère que se juge l’utilité d’un ministère dit de l’Europe et des affaires étrangères ?

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