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ASIE DU SUD EST – CORONAVIRUS: Tragédie, séisme ou simple crise…ce que pensent les chercheurs de la pandémie

Journaliste : Yves Carmona
La source : Gavroche
Date de publication : 31/08/2020
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Notre collaborateur et ancien diplomate Yves Carmona a participé à distance à deux «webinaires» sur les risques géopolitiques engendrés par la pandémie de coronavirus en Asie du Sud-Est. Les deux webinaires ont été organisés par l’Université de Singapour – CSIS avec la participation d’autres universités et centres de réflexion asiatiques. Le premier, portait sur la nature du séisme international associé à la pandémie. Le second, s’interrogeait sur la question du leadership asiatique post-coronavirus. Voici ses conclusions.

 

Une analyse d’Yves Carmona, ancien ambassadeur de France au Laos et au Népal

 

J’ai assisté à ces deux « webinaires » présidés par l’ambassadeur Ong Keng Yong de Singapour. Chacun peut les consulter en anglais sur Youtube (références en fin d’article). J’en ai retenu les enseignements suivants :

 

– La crise du COVID s’est produite dans un environnement déjà en train de changer.

 

Les Etats-Unis étaient en train de se tourner vers l’isolationnisme et le protectionnisme alors qu’ils avaient assuré par leur forte présence le progrès de l’Asie du Sud-Est (ASE) depuis les années 80.

 

Ces pays avaient ainsi fait suite au Japon, aux tigres (Taiwan, Corée du Sud, Singapour, Hong Kong) puis à la Chine. La crise du COVID est la chance des pays d’ASE de constituer une 4ème vague de progrès.

 

Mais pour cela, il faut qu’ils soient plus proches les uns des autres plutôt que de se replier sur eux-mêmes.

 

– La Chine ne fait qu’accroitre son influence

 

Elle revient en fait, avec les BRI et l’AIIB, à un ensemble eurasiatique qui existait avant la colonisation. La CODIV 19 accentue ce phénomène mais montre aussi que la Chine devient audacieuse au moment où l’Ouest est frappé par la pandémie dont la Chine semble avoir triomphé.

 

– Les institutions régionales restent tres faibles

 

Ces institutions, ASEAN (Association des nations de l’Asie du sud est), EAS (East Asian Summit), ARF (Asean Regional Forum) et autres, ont été utilisées pour permettre la prospérité de leurs membres, mais la COVID accentue leurs faiblesses. Le Premier ministre singapourien et l’ancien Premier ministre australien Kevin Rudd ont souligné les risques de l’affrontement Etats-Unis-Chine.

 

Exemple flagrant d’impréparation régionale: le secrétaire d’Etat américain Pompeo a récemment affirmé que la position chinoise en mer de Chine du Sud était contraire à la loi internationale et il faut constater que la Chine a augmenté ses dépenses militaires de 8,5% par an alors que les dépenses américaines diminuaient.

 

Il faut donc espérer que le futur Président américain va ramener les Etats-Unis à une politique plus compatible avec celles de ses alliés. Et que la Chine se ralliera à un multilatéralisme plein plutôt qu’à un multilatéralisme « à la carte ».

 

– Les think tanks liés à l’ASEAN doivent cherchent à résoudre les problèmes et pas seulement à organiser des réunions.

 

Ainsi, l’ASEAN+3 s’est engagée à constituer des stocks de vaccins.

 

Les gouvernements des pays d’Asie du sud est doivent encourager le mouvement international – quitte à travailler avec le G 20, l’OMS, l’OMC, le GAVI ou l’UE – plutôt que de réagir par nationalisme.

 

Dès 2003, les premiers ministres de Singapour et de Thaïlande ont demandé à la Chine de donner plus d’information sur ce qui se passait avec le SARS. Aujourd’hui, l’OMS dispose plus rapidement de l’information sanitaire avec à sa tête une « war room » qui sait ce qui se passe dans chaque pays.

 

Les Universitaires doivent également rendre l’information plus fiable.

 

Enfin, l’ASEAN a aussi pour mission la prévention et, par exemple, apprendre à se laver les mains fait partie de ses missions.

 

Une sorte de « CDC » (centre américain de lutte contre les épidémies) de l’ASEAN devrait jouer à l’échelle de l’Asie du Sud Est ce rôle sans dépendre de l’assistance d’autres pays pour cela.

 

Commentaires d’Yves Carmona : débat intéressant, qui a montré que les pays comme Singapour, qui ont toujours prôné un plus grand engagement de l’ASEAN, voient dans la crise actuelle une raison supplémentaire d’y recourir. Mais ce qui suppose de la part des deux supergrands une attitude plus coopérative que ce n’est actuellement le cas.

 

Quelques sigles :

 

CSIS : Centre pour les Etudes Stratégiques Internationales (origine américaine)

 

EAS : East Asia Summit, rencontre de l’Asie autour de l’ASEAN (ASEAN+ Chine, Japon, Corée du Sud, Australie, Nouvelle Zélande, Inde, Etats-Unis, Russie)

 

ARF : organisation régionale de sécurité de l’ASEAN élargie aux pays ci-dessus ainsi que d’autres, dont l’Union européenne.

 

GAVI : alliance sur les vaccins

 

Les webinaires sur Youtube:

 

https://www.csis.or.id/events/covid-19-in-asia-navigating-geopolitical-risks-amid-unprecedented-disruptions/

 

https://www.youtube.com/watch?v=MWssmhEF3WQ

 

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