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ASIE – ECONOMIE: L’Asiatisation du monde est en marche. Voici pourquoi.

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 21/11/2019
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Connaissez-vous le Mc Kinsey Global Institute ? Si non, penchez vous sur leurs études. Ce cabinet de consultants est l’un des plus prisés des administrations des pays émergents en Asie du sud-est. L’analyse signée ici par Jonathan Woetzel, directeur du McKinsey Global Institute et Jeongmin Seong, du McKinsey Global Institute à Shanghai est donc particulièrement intéressante. Selon eux, l’asiatisation du monde est irréductiblement en marche. A lire et à méditer.

 

Cette tribune a d’abord été publiée par Project Syndicate (en anglais)

 

Retrouvez ici la version originale.

 

Au XIXe siècle, le monde s’est européanisé. Au XXe siècle, il s’est américanisé. Aujourd’hui, il s’asiatise – beaucoup plus rapidement que vous ne le pensez. La montée en puissance de l’Asie a été rapide. Accueillant plus de la moitié de la population mondiale, les États de la région se sont hissés du statut de pays à revenu faible à celui de pays à revenu intermédiaire en l’espace d’une seule génération. D’ici à 2040, la région devrait générer plus de 50% du PIB mondial et pourrait représenter près de 40% de la consommation planétaire.

 

Centre de gravité planétaire

 

De nouvelles recherches du McKinsey Global Institute révèlent à quel point le centre de gravité planétaire se déplace actuellement vers l’Asie. La région représente aujourd’hui une part mondiale croissante du commerce, des capitaux, des individus, des transports, de la culture et des ressources. Sur les huit types de flux internationaux transfrontaliers, seuls les déchets empruntent davantage la direction opposée, ce qui illustre la volonté de la Chine et d’autres pays asiatiques de réduire les importations de détritus en provenance des pays développées.

 

Un tiers des échanges commerciaux

 

L’Asie représente aujourd’hui près d’un tiers des échanges commerciaux mondiaux de produits, contre environ un quart il y a 10 ans. Pour l’essentiel, sur la même période, la part du continent dans le nombre de passagers aériens au niveau mondial est passée de 33% à 40%, et sa part dans les flux de capitaux de 13 à 23%. Ces flux ont alimenté la croissance des villes asiatiques. La région abrite 21 des 30 plus grandes villes de la planète et quatre des dix plus visitées. Plusieurs villes asiatiques moins connues figurent désormais également sur le radar des investisseurs.

 

A Rangoun, capitale commerciale de la Birmanie, les investissements directs étrangers (IDE) en installations nouvelles dans des secteurs à forte intensité de connaissances ont atteint 2,6 milliards en 2017, contre quasiment zéro en 2007. De même, Bekasi, ville de moindre envergure proche de Jakarta, a émergé en tant que détroit de l’Indonésie – centre de l’industrie de l’automobile et du deux-roues en Indonésie. Ces dix dernières années, les IDE dans le secteur manufacturier de la ville ont enregistré une croissance annuelle moyenne de 29%. Enfin, Hyderabad, qui a créé plus de 1400 brevets en 2017, rattrape rapidement la cadence de Bangalore, la Silicon Valley indienne.

 

Réseaux intrarégionaux

 

Les flux en direction de l’Asie ne proviennent toutefois pas seulement de l’extérieur. Plusieurs réseaux intrarégionaux dynamiques favorisent également le progrès. Près de 60% des échanges commerciaux des pays asiatiques s’opèrent à l’intérieur de la région, soutenus par des chaînes logistiques asiatiques de plus en plus intégrées. Les financements et flux d’investissement intrarégionaux augmentent également, plus de 70% des financements pour les start-up asiatiques provenant de l’intérieur de la région. Les flux de personnes – 74% des déplacements en Asie étant effectués par des Asiatiques – contribuent par ailleurs à l’intégration de la région.

 

Les flux de personnes

 

C’est la diversité de l’Asie qui permet à ces flux de fonctionner. En effet, il existe au moins quatre «Asies», chacune à un stade différent de développement économique, et chacune jouant un rôle spécifique dans l’ascension planétaire de la région. La première Asie est constituée par la Chine, ancrage économique de la région, qui fournit à ses voisins connectivité et plateformes d’innovation. En 2013-2017, le pays représentait 35% des IDE asiatiques sortants, environ un quart de ces investissements ayant pour destination d’autres économies asiatiques.

 

«L’Asie développée», qui compose le deuxième groupe, apporte elle aussi technologies et capitaux. Avec un total de 1000 milliards de dollars d’IDE, les pays concernés ont représenté 54% des IDE régionaux sortants en 2013-2017. La Corée du Sud assurait à elle seule 33% des IDE en direction du Vietnam, le Japon 35% des IDE en Birmanie, et 17% aux Philippines.

 

«L’Asie émergente», qui se compose de petites économies émergentes relativement diverses, apporte non seulement de la main-d’œuvre, mais également un potentiel de croissance, grâce à l’augmentation de sa productivité et de sa consommation. Ces économies sont étroitement intégrées auprès de leurs voisines régionales: leur part moyenne dans les flux intrarégionaux de biens, de capitaux et d’individus s’élève à 79%, soit la plus élevée parmi les quatre Asies.

 

Le siècle asiatique

 

Par opposition, le quatrième groupement – «Asie périphérique et Inde» – représente la plus faible part moyenne dans les flux intrarégionaux, à savoir seulement 31%. Reflet de liens historiques avec l’Europe, le Moyen-Orient, l’Afrique et les États-Unis, ce chiffre est toutefois voué à augmenter, à mesure que ces économies historiquement moins intégrées noueront des relations plus étroites avec les pays asiatiques voisins. Ce groupe a beaucoup à offrir, notamment une main-d’œuvre relativement jeune qui capitalise sur la croissance du marché d’importation asiatique, ainsi qu’une classe moyenne en augmentation, nouveau marché potentiel pour les exportations régionales.

 

Les différences entre ces quatre Asies sont complémentaires, ce qui fait de l’intégration une puissante force de progrès. Lorsque la main-d’œuvre d’un pays devient vieillissante, par exemple, la population plus jeune d’un autre État peut venir combler le besoin. L’âge médian de la population indienne a atteint 27 ans en 2015, contre 37 en Chine et 48 au Japon, et devrait s’élever à seulement 38 ans en 2050.

 

Exportations chinoises

 

De même, lorsque les salaires – et par conséquent les coûts de fabrication – commencent à augmenter dans un pays, une autre économie à un stade de développement plus précoce peut prendre en charge ses activités manufacturières à bas coûts. Entre 2014 et 2017, la part de la Chine dans les exportations à forte intensité de main-d’œuvre des économies émergentes est passée de 55% à 52%, celle du Vietnam augmentant de 2,2 points de pourcentage, et celle du Cambodge de 0,4 point de pourcentage. Pendant des années, les observateurs n’ont cessé d’évoquer le potentiel futur de l’Asie. Ce futur a commencé. Nous sommes entrés dans ce que l’auteur Parag Khanna appelle le «siècle asiatique», et nous n’en ressortirons plus.

 

Copyright: Project Syndicate, 2019.
www.project-syndicate.org

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