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ASIE – FRANCE : Et si les combattants du Hamas ressemblaient aux Khmers Rouges ?

Date de publication : 31/10/2023
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Khmer rouge Cambodge

 

Notre collaborateur et chroniqueur Sam Rainsy tente une comparaison internationale risquée, mais pertinente entre les combattants du groupe Palestinien responsable de l’assaut terroriste sur Israël le 7 octobre, et les Khmers Rouges…

 

Par Sam Rainsy

 

Le conflit israélo-palestinien et les images qu’il envoie sur les écrans de télévision ne peuvent laisser personne indifférent. Même un Cambodgien comme moi qui suis né et qui vis loin du théâtre de ce conflit, même une personne comme moi qui observe les évènements d’une manière complètement désintéressée, ne peut contenir son émotion. J’ai pleuré sur les images de l’attaque du Hamas sur Israël le 7 octobre dernier comme j’ai pleuré sur les images des bombardements aériens israéliens sur les populations civiles de la bande de Gaza les jours suivants.

 

Peut-être que le Cambodgien que je suis, ressent d’une manière un peu particulière cette nouvelle tournure de la tragédie qui est en train de se dérouler au Moyen-Orient. Peut-être que ce Cambodgien quelconque comprend un peu mieux que tout autre étranger, ce qui se passe dans cette lointaine Palestine. Peut-être que ce qui est en train de se passer là-bas remue en lui ce qui s’est passé ici au Cambodge il y a environ cinquante ans.

 

En 1975 les Khmers Rouges menés par Pol Pot avaient pris le pouvoir à Phnom Penh. C’était le début d’un massacre à grande échelle répertorié comme le plus effrayant des génocides dans la deuxième moitié du 20ème siècle. Entre le quart et le tiers d’une population de 7 millions d’habitants ont été massacrés. Un nouvel Holocauste.

 

Le massacre avait commencé le 17 avril 1975 quand les Khmers Rouges avaient donné 24 heures aux deux millions d’habitants de Phnom Penh d’évacuer la capitale pour se réfugier à la campagne afin d’échapper à des bombardements aériens (venant, disaient-ils, des Américains). Cet ordre d’évacuation impérative et immédiate dans l’impréparation la plus totale avait signifié l’arrêt de mort d’innombrables malades, handicapés, vieillards, femmes en couches et nourrissons qui ont succombé le long des routes ce jour-là.

 

La cruauté et la barbarie des Khmers Rouges étaient au moins égales à celles que les terroristes du Hamas ont montré à l’encontre des populations israéliennes soumises entre leurs mains le 7 octobre dernier. Pour ne retenir qu’une image d’apocalypse, les bourreaux khmers rouges attrapaient des nourrissons par les pieds pour leur fracasser le crâne contre un poteau ou un arbre.

 

Personne ne s’attendait à une telle cruauté et une telle barbarie. Personne n’aurait imaginé que, dans la tête et le comportement d’un être humain, l’humanité ait pu disparaître ainsi dans les ténèbres. Et pourtant, une telle métamorphose est bien arrivée et il faut essayer de comprendre ce qui s’est passé dans l’esprit des bourreaux.

 

Les Cambodgiens ou Khmers sont traditionnellement connus pour leur hospitalité, leur douceur et leur immuable sourire. Mais la révolution khmère rouge peut s’expliquer, au moins partiellement, par les décennies antérieures de souffrances, de frustrations et d’humiliations endurées dans le silence par une bonne partie de la population cambodgienne, notamment la paysannerie enfermée et exploitée dans un système de type féodal.

 

La haine et la colère longtemps refoulées ont explosé sous la forme d’une “vengeance sociale” à l’échelle nationale parce que toutes les règles formant le cadre politique, économique, social, légal, moral et religieux ont disparu d’un seul coup par la volonté de Pol Pot de “faire complètement table rase du passé”.

 

Dans certaines circonstances, un être humain peut subitement cesser de l’être et donner libre cours à la barbarie. Chaque être humain doit savoir qu’il existe un Khmer Rouge qui sommeille en lui.

 

Quand les terroristes du Hamas ont fait irruption sur le territoire israélien le 7 octobre dernier, ils ont pu donner libre cours à la barbarie parce qu’ils considéraient qu’ils n’avaient aucun cadre institutionnel à respecter (comme les Khmers Rouges de 1975 à 1979) et qu’ils pouvaient se livrer en toute impunité  à toutes sortes d’exactions pour assouvir leur haine et leur soif de vengeance. Mais il faut comprendre que cette haine et cette soif de vengeance proviennent de souffrances, de frustrations et d’humiliations endurées par de nombreux Palestiniens depuis des décennies.

 

Montrant une haine réciproque et pour satisfaire aussi un désir de vengeance les dirigeants d’Israël disent qu’ils veulent détruire le Hamas. Mais pour atteindre réellement et définitivement cet objectif, il faudrait qu’Israël mette un terme aux souffrances, frustrations et humiliations endurées par les Palestiniens.

 

Le Hamas s’appuie avant tout sur le désespoir de ces Palestiniens qui les pousse à essayer de sortir de la douloureuse situation dans laquelle ils se trouvent, en utilisant tous les moyens à leur portée y compris les plus répréhensibles comme le terrorisme.

 

Les bombardements massifs effectués par l’aviation israélienne pour “détruire le Hamas” en détruisant des quartiers entiers de centres urbains dans la bande de Gaza et en faisant inévitablement d’innombrables victimes civiles, peuvent être efficaces à court terme. Mais ils contribuent à la perpétuation d’un conflit armé entretenu sans arrêt par la haine et la soif de vengeance des deux côtés.

 

Après une frappe israélienne, on peut voir des enfants palestiniens prostrés et hébétés à côté des décombres sous lesquels sont ensevelis leurs parents ou le reste de leurs familles. On peut craindre que ces enfants Palestiniens ne s’engageront un jour dans les milices du Hamas ou d’une organisation similaire si l’on n’arrête pas le cycle infernal de la violence.

 

Pour assurer la survie d’Israël que nous devons tous soutenir, nous devons aider ce pays à éviter de faire sans relâche ce travail d’élimination de pans entiers des populations vivant à ses frontières.

 

Je ne peux qu’approuver ce propos du président français Emmanuel Macron lors de sa récente visite dans la région concernée: “Une vie palestinienne vaut une vie française qui vaut une vie israélienne”.

 

Il n’y a rien de plus inhumain que ce mot d’ordre que les Khmers Rouges se passaient entre eux : “Il vaut mieux éliminer des innocents par erreur que de laisser échapper un coupable”.

 

Sam Rainsy

 

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