Gavroche offre à ses lecteurs des analyses de qualité ! Du moins espérons le, car notre collaborateur Yves Carmona, ancien ambassadeur de France au Laos et au Népal, est un observateur particulièrement avisé de l’Asie. Nous publions ici son compte-rendu d’un récent «webinaire» sur l’Asie pacifique.
Un compte rendu d’Yves Carmona, ancien ambassadeur de France au Laos et au Népal
Les notes prises par l’auteur de ces lignes sont les suivantes. Titre du Webinaire: «France as an Indo-Pacific Nation: Security and Multilateralism in Challenge»
– Colin Goh souligne l’importance des forces maritimes, leur coopération même si elle se situe plus au niveau des intentions et de la dissuasion que de l’action.
– Le contre-amiral JM Rey, commandant les forces françaises en Asie -Pacifique, rappelle qu’il dirige 8 000 soldats à Djibouti, Abou Dhabi et en Polynésie, bases qui ont chacune un commandant.
Leur présence est stabilisatrice, elle permet le soutien en cas de catastrophe naturelle, facilite le déploiement de navires comme la Jeanne d’Arc. Elle repose aussi sur le sous marin nucléaire Émeraude et fréquemment sur le porte-avions Charles de Gaulle.
La coopération s’exerce à deux niveaux:
– avec les « like minded », bien connus auxquels pourraient s’ajouter à l’avenir l’Indonésie et les Philippines. Les navires de guerre Prairial, Tonnerre et Surcouf y participent.
– plus largement, la coordination d’actes humanitaires , anti piraterie et anti-terrorisme.
En conclusion, comme l’ambassadeur, ALPACI rappelle que la France est une nation du Pacifique.
Dans les questions des auditeurs et réponses apportées :
1/ les autres gouvernements comme celui de la Chine se sentent ils liés par ces exercices ?
Non, mais ils ne sont pas agressifs.
2/ Le gouvernement français se conforme à des principes, des normes.
Le concept d’ « action de l’état en mer » reflète la capacité de toutes les administrations à travailler efficacement ensemble.
Les pays d’Asie du Sud-Est pourraient s’inquiéter d’une confrontation entre la Chine et les États-Unis qui pourrait nous impliquer, il est donc préférable de négocier ;
– Est-il envisagé de nouveaux exercices ?
Oui, pour le secours en cas de catastrophe comme c’est le cas entre autres avec l’Australie. De même pour la fonction de garde-côtes qui pourrait être mise en commun.Des séminaires sont déjà organisés en Nouvelle-Calédonie et à Tahiti.
– Les États-Unis pourraient-ils être invités ?
La France interagit par exemple dans le forum du Shangrila car elle a fait le choix du multilatéralisme même si on ne peut se passer des forces des grands pays.
L’ambassadeur Ong rappelle qu’il est important de deviner les intentions de l’adversaire potentiel et que dans ce contexte, les océans augmentent notre « connectivité ».
L’ambassadeur de France rappelle que cette partie du monde est un sujet de préoccupation où le multilatéralisme est préférable car il est plus inclusif : il permet de traiter les problèmes climatiques, de lutter contre la cybercriminalité, d’améliorer la gouvernance dans la mesure où il permet de renforcer le dialogue UE-ASEAN au-delà de sécurité.
C’est ainsi qu’un prochain dialogue réunira des spécialistes de l’environnement.
Commentaire.
Vouloir protéger le multilatéralisme ou le plurilatéralisme (action à plusieurs) est louable. Mais le gouvernement français court le risque, en soutenant les États -Unis contre la Chine dont ses voisins se méfient, de paraître partial. Une politique plus équilibrée est possible et a déjà été mise en œuvre, notamment par le général de Gaulle.
Quant au dialogue UE-ASEAN prôné par l’Union européenne, encore faudrait-il que l’ASEAN existe, ce que son principe d’unanimité rend bien difficile…
