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BANGKOK – CHRONIQUE : Pourquoi il est impossible de détester la « Cité des anges »

Date de publication : 21/09/2023
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Bangkok

 

Notre ami et chroniqueur Patrick Chesneau aime Bangkok. Vous aussi ? Avouez que le contraire est difficile…

 

Aimer Bangkok… A vos risques et périls
Par Patrick Chesneau

 

Découvrir Bangkok…Cette perspective si longtemps réservée à quelques aventuriers et une poignée de bourlingueurs a résulté du déverrouillage de la planète au fil des dernières décennies. Le “sans frontières” devenant subitement à la mode.

 

La Thaïlande, au premier chef, a bénéficié de la globalisation des voyages. Une nouvelle ère estampillée tourisme de masse. Chaque année, avant la crise COVID, 40 millions d’amateurs d’orchidées, de som tam, ce plat de base de la cuisine thaïe, originaire de l’Isaan, d’éléphants, de temples rutilants et de jolies filles se bousculaient au portillon siamois. Puis, le coup d’arrêt brutal. Trois années de panade pendant lesquelles toutes les statistiques sont parties en quenouille. Fréquentation en capilotade. Mais les chiffres remontent résolument la pente. 19 millions de visiteurs en 2023. Courbe ascendante bel et bien enclenchée. En même temps que nombre de questions existentielles refont surface. Voyage sans conscience n’est que ruine du farniente. Les curieux invétérés du Royaume pressentent-ils le bouleversement de fond en comble que cette pérégrination apparemment  banalisée va entrainer dans leur vie ? Avant le décollage, un passager averti est un voyageur prémuni.

 

Il lui faut donc savoir à quoi il s’expose.

 

Une seule visite, par inadvertance, dans un périple de vacances… et c’est déjà trop tard. Un très bref contact, presque elliptique, suffit. Le piège s’est refermé. Vous êtes fait !!! La ville géante s’est insinué en vous.

 

Elle vous a insidieusement envahi. Par tous les pores. Elle s’est lovée dans tous les replis de votre affect, tapie dans le moindre recoin de votre raison. Votre monde a inexorablement basculé. Vous avez compris dans la nanoseconde que rien ne sera jamais plus comme avant. Vous avez THE BIG MANGO dans la peau. L’un de ses mille sobriquets indiquant le degré d’intimité qui s’instaure in situ, dès l’arrivée dans cette ville géante, inépuisable, frénétique, compulsive. Votre désir de cette mégalopole insatiable, impérieuse, comminatoire sera à jamais inassouvi. Vos premiers pas en cette terre d’exotisme oriental coïncident avec la révélation d’une autre monde. L’aube d’une nouvelle humanité. Bangkok prend possession de vous sans crier gare. S’installe insidieusement, impunément, insolemment en vous. Dispose de vos émotions.

 

La Cité des Anges sera désormais votre espace de vie et le lieu de votre imaginaire. Ville incandescente, mystérieuse, alanguie, débridée. La somme des contraires. L’addition de toutes les contradictions. Un être humain normalement constitué est alors irrémédiablement en proie à un déluge de sensations brutes, mal équarries, ingérées en grumeaux et pourtant infiniment subtiles. C’est un vertige existentiel inédit, à peu près jamais éprouvé dans l’ordre du vivant, qui se transforme instantanément en épreuve ultime de vérité. Dans le chaos, l’harmonie. Le magma urbain devient indispensable à vos jours et vos nuits. Entendre la ville vibrer, clamer, feuler, rugir, ronronner à l’instar d’un félin qui ne sait pas dormir. La voir s’étirer, bondir. Comment résister à ce maelström tropical ? Vous devenez sa proie consentante.

 

Autant le savoir. On ne vient pas à Bangkok par hasard. On cède à un appel venu du fond des âges. Probablement un ondoiement surgi du cerveau reptilien de l’espèce humaine.

 

On ne peut côtoyer Krungthep Mahanakorn, son nom en thaï, dans l’insouciance. On ne lui résiste pas. On doit rendre les armes dès que la pulsion cardinale, ontologique se fait trop obsédante.

 

Quand Bangkok advient dans votre vie, toute menace de banalité est vaincue dans le parcours initiatique d’un terrien ordinaire. Même les durs-à-cuire de l’exploration vacillent dans leurs certitudes. Et si Bangkok était une plénitude, une forme d’aboutissement dans une succession de tribulations. Où trouver mieux ? Comment ? La rançon de cette rencontre avec une capitale hors normes est que l’on en devient accro pour toujours. Dépendance corps et âme à une drogue dure. Ville magnétique. Hors de question de pouvoir s’en départir.

 

Symétriquement à l’engouement initial, s’éloigner de Bangkok provoque une douleur de très haute intensité. Rien ne saura l’apaiser. Sur le chemin du retour, quand il est contraint, Suvarnabhumi Airport est assurément le pire endroit de la terre. Partir, un arrachement. Vous sentez intuitivement que le manque absolu vous guette. Vivre loin du paradis choisi sera votre enfer. Et votre obsession, unique mais dévorante, sera de revenir au plus immédiat. On ne quitte jamais Bangkok impunément. Une fois tombé en pâmoison, s’absenter, c’est dépérir à grands pas.

 

Pour l’heure, la Cité des Anges vous garde dans son étreinte. Blottissez-vous en totale impudeur. Acquiescez à sa respiration. Épousez le creux de ses reins. Comme si une révolution cellulaire s’était miraculeusement accomplie, existe soudain la concomitance impromptue de l’être et de l’avoir. Alors, la capitale mythique du pays du sourire  s’enhardit jusqu’à murmurer à votre oreille des mots d’amour. Inextinguible ivresse. Chuintement attendri. Gage de beauté permanente.

 

Patrick Chesneau

 

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6 Commentaires

  1. Un coït transcendantal … Une extase exotisme … Une tétanie post-érotique … Une transe sans transition … Une rencontre du 5ème type …. Une “after death experience” …. en 3 mots “Post BKK Triste” … Comme dit le chroniqueur, “c’est du lourd”, on sent le vécu …

  2. je suis bien française et pourtant je vais à Bangkok tous les ans depuis 25 ans et toute l’année je ne rêve qu’au moment où je vais retrouver cette ville qui m’est si chère je suis comme vous le décrivez si bien viscéralement attirée par cette atmosphère si spéciale qui fait que je m’y sens particulièrement bien mieux que chez moi en France. Bizarre non ?

  3. Merci pour le compliment, j’habite en région parisienne, et il est vrai, que j’aime m’y promener de temps en temps. Soyons réaliste, pas facile, quand Paris foisonnent de monuments très très beau, le quartier de l’opéra, par exemple. Les nombreux musées, où il faut prendre son temps pour y apprécier (et redécouvrir) les nombreuses œuvres. Les arrondissements bruyants et bien vivant, d’autres plus calme où l’on ressent une certaine plénitude. Ces nombreux parcs. Sa seine majestueuse avec ces ponts royaux. Ces restaurants d’un haut niveau (si vous êtes très argenté). Et oui ! Paris ville cosmopolite, n’appartient plus au Parisien, impossible de si déplacer en voiture (pour le travail) même le dimanche, il faut être patient, de nombreuses rue deviennent piétonne, pour le plus grand plaisir des touristes, ces derniers doivent toutefois rester prudent même en journées. A Paris aussi on peut trouver une communauté Thaïlandaise (même si, elle est très discrète), la communauté Chinoise est bien plus présente. Heureux, comme moi, qui on connu la Tour Eiffel “grande ouverte” sans barrière infâme, le Trocadéro, fort heureusement, n’a pas été barricadé (pas encore). Les jeunes étudiantes et étudiants semblent vouloir faire revivre notre belle capitale, pour “vieux”, “moins vieux” et cinquantenaire… Heureusement il y a Bangkok et ces sœurs pour se refaire une santé et surtout ne pas dépérir à vu d’œil.

  4. Top article, sur la cité des anges, qui m’a fait rire de plaisir. “The Thailand” il n’y en a qu’une ! Au début on croit que c’est un mirage, un rêve éveillé, ou que l’on est dans un mon parallèle (voir quantique). Pire que l’on est mort, qu’on a quitté le monde réel. La raison est inversée, on redécouvre les plaisirs primaires (respirer, marcher, manger, nos 5 sens sont en éveil). En fin de compte on est bien vivant, le sentiment d’avoir ressuscité sur une autre planète. Par erreur, par peur de l’envoûtement ou parce que l’on a pas compris ce qui ce passait au fond de soi. On va voir ailleurs (le Vietnam, La Chine, etc…). RIEN N’ÉGALE LE PAYS DU SOURIRE, on n’y retourne toujours, une fois trouvé, sa ville, son ile, etc…

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