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Bangkok : NAVRATRI FESTIVAL

Journaliste : Lionel Corchia
La source : Gavroche
Date de publication : 05/10/2013
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Le Navratri, l’un des plus grands festivals hindous, célèbre le culte de la déesse Durga, l’énergie féminine divine, symbole de victoire du bien contre le mal. À Bangkok, dans le quartier de Silom, plusieurs milliers de fidèles s’y pressent chaque année et de plus en plus de dévots bouddhistes thaïlandais. Un maelström de folie et de liberté salvatrice, ressemblant parfois à une merveilleuse « gaypride » spirituelle. Danses, transes, musiques et cérémonies rituelles rythmeront cet événement programmé du 5 au 13 octobre.

 

Près de 100 000 hindous vivent aujourd’hui en Thaïlande, pour la plupart des immigrants récents. Mais l’hindouisme arrivé ici par l’inde du Sud il y a deux mille ans imprègne encore aujourd’hui la culture thaïlandaise, une influence remontant à la domination de l’empire khmer aux fortes racines hindoues. La populaire épopée du ramakien est d’ailleurs basée sur le ramayana hindou. L’ancienne capitale d’Ayutthaya avait été nommée Ayodhya, berceau indien du dieu hindou rama. Les rituels brahmaniques sont encore monnaie courante, des divinités hindoues telles que Ganesh, Hanuman ou Shiva étant adorées par de nombreux Thaïlandais majoritairement bouddhistes. Une autre relique de l’hindouisme est le mythique Garuda devenu un symbole de la monarchie. Le roi Bhumibol a d’ailleurs son propre prêtre brahmane d’ascendance thaïe et le bouddha historique Siddharta Gautama a lui aussi sa place au sein de la doctrine hindouiste avant qu’il ne donne naissance au bouddhisme.

 

Festival d’un autre genre

 

Pendant des milliers d’années, les gens du « troisième sexe » ont maintenu des rôles importants en inde dans de nombreux festivals religieux. ardhanarishvara en est l’une des représentations divines les plus répandues dans l’hindouisme. Shiva et Pârvatî, père et mère de Ganesh dans un même corps, la source de toute création. image symbolisant l’ambivalence féminine et masculine de la nature divine, transcendant les distinctions de genre comme à l’origine. Certains dévots du troisième genre président les festivités ou maintiennent une présence visible et exécutent des fonctions spécifiques telles que la danse ou l’offre de bénédictions. L’ambiance festive et colorée du navratri doit beaucoup à leur présence. Sous la domination britannique, leur participation a été fortement déconseillée, même criminalisée dans la plupart des endroits. Cependant, leur présence persiste comme une ancienne tradition hindoue, en particulier dans le cadre des fêtes religieuses et cette tradition est maintenant peu à peu en train de renaître, car leur présence est considérée comme un signe de bon augure, de paix et de prospérité.

 

Ferveur dans la ville

 

L’immersion dans cet univers hors normes commence dès les premiers pas sur Silom road. L’avenue est comme envoûtée par ces parfums et fumées d’encens, ces chants et musiques rituelles inondant les soïs, cette multitude de temples de fortune chamarrés. Un environnement étrange, où l’on se sent pourtant comme protégé. Malgré l’incompréhension de ces multiples codifications religieuses, une foule accueillante vous fait comprendre que vous êtes ici les bienvenus. Les gens apportent des plateaux de fleurs, de noix de coco et de fruits. Des offrandes sont placées dans ces sanctuaires improvisés. Des rituels festifs autant qu’émouvants, bénédictions enjouées et transes inquiétantes, ponctuent ce cheminement spirituel. Les cornes de coquillages, cloches et autres instruments retentissent et leurs échos résonnent dans les rues, où la chaleur des flammes semble faire monter la température d’une fête déjà ardente. Les dévots et le public, dans leurs habits rituels colorés ou de blancs vêtus, dansent, chantent ou explosent de joie. Tout le monde semble s’aimer dans ce « Woodstock » version Bollywood. Le point culminant de cette soirée reste cette gigantesque procession accompagnant les idoles de la Mère Divine à travers une farandole hystérique, entourées d’adeptes priant à leur passage, parfois sans cesser de danser. Une agitation qui atteint son paroxysme à l’apparition du Brahmane au centre du cortège et sous bonne escorte. La bouche transpercée par une lance cérémoniale et le regard détaché, il jette de l’eau, de la poudre et des pétales de fleurs dans la foule, qui semble glorifier son apparition charismatique et accueillir ses bénédictions avec dévotion et admiration. Une ferveur qui ne s’éteindra que tard dans la nuit avant qu’une autre réalité s’installe dans un Bangkok qui semble ne jamais dormir. navratri s’effacera doucement comme un rêve pourtant si proche et qui nous échappe déjà. (Lionel Corchia – Gavroche)

 

Calendrier des cérémonies

 

Navratri est un festival dédié au culte de la mère divine hindoue Durga ou Shakti. Le Durga Puja est célébré cinq fois par an selon le calendrier lunaire. Dix jours et neuf nuits consacrés aux neuf formes de la divinité :

 

– Le Vasanta Navaratri (mars-avril)

 

– Le Ashadha Navaratri (juin-juillet)

 

– Le Paush Navaratri (décembre-janvier)

 

– Le Magha Gupta Navaratri (janvier-février)

 

– Le Sharad Navratri, la plus importante des cérémonies, appelé Maha Navratri (la Grande Navratri), est célébrée pendant les mois de septembre-octobre.

 

Les trois premiers jours de Navratri sont consacrés à l’un des différents aspects de la déesse : Kumari la petite fille, est adorée le premier jour du festival. Parvati la jeune femme, glorifiée le deuxième jour et Kali, la femme mûre, le troisième. Ces trois premiers jours marquent le premier stade de la destruction des impuretés.

 

Les quatrième, cinquième et sixième jours sont dédiés au culte de Lakshmi, déesse de la prospérité et de la paix. après avoir triomphé des mauvaises tendances de l’ego, l’étape suivante consiste à accumuler des valeurs positives pour remplacer les imperfections éliminées.

 

Le septième jour est consacré à l’adoration de Saraswati, la déesse de l’art et de la connaissance. Tous les livres sont ressortis et bénis. ils sont alors placés dans les maisons, les écoles et les temples. Des dizaines de milliers d’enfants sont initiés à la lecture et l’écriture ce jour.

 

Le huitième jour comprend un sacrifice honorant la déesse Durga, ainsi que des offrandes pour lui dire adieu.

 

Le neuvième jour est le dernier jour des célébrations Navratri. neuf jeunes filles pré-pubères qui symbolisent les neuf formes de la déesse Durga sont adorées. Le divin est aussi honoré à travers le culte des objets utilisés dans la vie quotidienne et professionnelle. Le démarrage d’une entreprise ou l’achat de nouveaux articles ménagers sont tenus ce jour là d’apporter réussite et prospérité.

 

Le dixième jour (Vijaya Dashami), l’effigie de râvana est brûlée pour célébrer la victoire du bien sur le mal. il représente l’éveil de l’individu à la réalisation de soi. Ce jour célèbre la reconnaissance de notre identité éternelle. Ces trois aspects sont essentiels pour une vie accomplie et ne sont pas sans nous rappeler les recherches alchimistes du Grand OEuvre dans nos civilisations occidentales. Ces pratiques rituelles peuvent varier selon les régions de l’inde, prenant parfois des allures plus flamboyantes ou dramatiques selon les ferveurs religieuses. Le jeûne dans navratri suit une pratique de purification du corps et de l’âme. La plupart des dévots prenant un seul repas pendant la journée. Les aliments non végétariens sont proscrits. Pendant le jeûne, seuls les fruits, le lait, les pommes de terre et d’autres légumes-racines doivent être consommés. (Lionel Corchia – Gavroche)

 

Infos pratiques

 

Il est préférable de venir tôt sur Silom road le soir du défilé, la meilleure façon étant par le Skytrain (BTS Chong Nonsi), la plupart des artères aux alentours (Narithawat, Sathorn North, Surasak et Silom road) étant fermées à la circulation. Navratri (neuf nuits en Sanskrit) (1), qui suit le calendrier lunaire, débutera cette année le samedi 5 octobre et se poursuivra pendant 9 nuits et 10 jours jusqu’au dimanche 13. Une grande parade viendra clôturer les festivités le dernier soir vers 19 heures. Bien que Little India soit dans le quartier Pahurat, à l’ouest de Chinatown, c’est au départ du temple de Sri Mahamariamman, ou Maha Uma Devi, en plein coeur de Silom (à l’angle de Pan Road), que débutera cette parade. elle se déplacera ensuite sur les avenues Pan et Surasak avant de rejoindre à nouveau le temple.

 

(1) ou Navratri/Navaratri/ Navathiri

 

Lien Youtube Navarathiri Festival 2012

 

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