Home Accueil BANGKOK: Yvan Cohen, le photographe de «l’âme de Bangkok»

BANGKOK: Yvan Cohen, le photographe de «l’âme de Bangkok»

Journaliste : Pornthip Surarit
La source : Gavroche
Date de publication : 04/03/2019
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Ne ratez pas, jusqu’au 31 mars l’exposition des photographies d’Yvan Cohen sur Chinatown, le quartier chinois de Bangkok. Une plongée dans l’âme de la ville et d’une autre Thaïlande. Notre stagiaire thaïlandaise en journalisme, Pornthip Surarit, a rencontré l’auteur de ces clichés qui ne laissent jamais indifférent.

 

Gavroche: Yvan Cohen, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

 

Yvan Cohen: Je suis photographe, photo journaliste parce que j’ai beaucoup travaillé dans le journalisme. Cela fait presque trente ans que j’habite en Thaïlande. Cette exposition de photographies est le résultat d’une exploration personnelle et visuelle du quartier chinois qu’on appelle Yaowarat.

 

Q: Quel style de photo vous caractérise le mieux ?

 

En fait, il n’y a pas de style de photos. J’aime apporter une vision très personnelle et assez artistique aux images pour que celles-ci ne soient pas seulement descriptives. J’assume ma démarche artistique. J’alterne les différents types d’images. Des photos abstraites, d’objet, de jeux de lumière, de scènes de rue ou parfois des gens. Il n’y a pas d’accent sur les portraits particulièrement. Je ne suis pas un portraitiste.

 

Q: Pourquoi vous avez choisi de travailler à Bangkok ?

 

R: Je suis venu ici au milieu des années 80 parce que j’étais intéressé en premier lieu par la situation à la frontière cambodgienne, notamment par le problème des réfugiés cambodgiens. Ces derniers fuyaient le conflit au Cambodge et j’étais intéressé par l’histoire des khmers rouges. J’étais venu travailler avec des Français à la frontière. J’avais déjà visité l’Asie, et de là vient mon intérêt plus profond pour la région. Ensuite, j’ai fait un diplôme de science politique spécialisé sur l’Asie du sud et l’Asie du Sud-Est, à l’université de Londres, School of Oriental and African Studies, SOAS. Je suis ensuite revenu en Thaïlande comme assistant de recherche d’un écrivain journaliste qui m’avait invité au début des années 90 et quand ce travail-là s’est achevé, j’ai décidé de rester comme journaliste et photographe à Bangkok et dans la région.

 

Q: Quelle est votre vision de Bangkok ?

 

R Bangkok est une ville fascinante parce qu’elle mélange parfaitement un élan vers la modernité, une vision futuriste et moderne avec une âme traditionnelle et une culture forte. C’est une ville paradoxale parce qu’elle est moderne mais traditionnelle. C’est une ville extrêmement raffinée et belle par endroit et parfois extrêmement laide, trop commerciale aussi. Ces contradictions me fascinent. Elles font que cette ville n’est jamais ennuyeuse, qu’elle est en évolution permanente, parfois pour le bien parfois pour le pire. C’est toujours un spectacle.

 

Q: Sur Chinatown, pourquoi vous l’avez choisi ?

 

R: Un ami m’a fait visiter la ville. Il m’a fait découvrir les les petits restaurants de rue, cette ambiance de nuit que j’aime beaucoup à Yaowarat. Ensuite, j’ai découvert un quartier où on pouvait encore sentir, vivre dans le Bangkok d’autrefois, avec une certaine authenticité, culturelle. Ici, les marchés traditionnels n’ont pas encore été remplacés par des «malls» . La vie reste humaine. On côtoie l’histoire au quotidien.

 

Q: Comment travaillez-vous ?

 

Je travaille exclusivement en couleur et donc, pour moi, Chinatown est intéressant surtout la nuit en raison de ses couleurs, de ses jeux d’ombre, de ses lumières un peu cinématographiques. On baigne dans une ambiance d’une autre époque. Pour moi l’inspiration, c’est la lumière, la couleur et les jeux d’ombre.

 

Q: Quels sont vos objectifs en montrant ces photos de Chinatown ?

 

Il n’y a pas vraiment d’objectifs. C’était un projet personnel qui a duré 10 ans a pris forme. J’ai accumulé ces photos. Mon but n’était pas de faire un travail de photo documentaire. ma démarche se veut artistique. j’ai voulu refléter la vie quotidienne de ce quartier car l’on y voit peut -être la dernière génération à vivre ainsi. Aujourd’hui, les enfants des familles de Chinatown sont partis dans les condominiums, travaillent dans les banques, dans la finance, et ne retournent plus vivre probablement avec leurs parents. La vie change. Dans dix, quinze, vingt ans, ce quartier aussi aura été absorbé par la modernité.

 

Q: Avez-vous des projets ou des idées pour 2019 ou 2020 ?

 

Je veux parler et illustrer ces paradoxes qui rendent Bangkok si fascinante. Je commence à explorer le coté futuriste de la ville. Je photographie ses environnements artificiels, hyper-futuristes, ses condominiums, ses shopping malls, ses lumières au néon

 

Q: Pouvez-vous donner le mot de la fin ?

 

Le mot de la fin, c’est que le progrès est inévitable se modernisait, sauf qu’à Bangkok il efface dangereusement le passé. C’est regrettable. Pourquoi laisser disparaitre les traditions, l’héritage ? Il en va de l’identité de la métropole. Si tu ne peux pas dire d’où tu viens, tu ne peux pas dire qui tu es. Le passé est toujours la clé. La Thaïlande doit faire davantage pour conserver et protéger son patrimoine historique au lieu de le détruire

 

Propos recueillis par Pornthip Surarit

 

A voir: Photographies de Chinatown par Yvan Cohen à River City

 

Jusqu’au 31 Mars
River City Bangkok
2e étage
23 Soi Charoen Krung 24
Plus d’infos ici

 

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