Une fois encore, les Rohingyas de Birmanie se retrouvent dans une situation désespérée. Les Nations Unies s’alarment en effet de la décision du gouvernement du Bangladesh de commencer leur rapatriement dans l’État birman voisin de l’Arakan. Plus de 2000 Rohyngyas (sur 700 000 ayant fui la répression de l’armée birmane) devaient être rapatriés, avec le soutien de l’ASEAN, en sommet à Singapour. La Thaïlande présidera l’organisation régionale en 2019.
Les Nations Unies estiment impossible dans les conditions actuelles le début du rapatriement des Rohingyas en Birmanie.
Ce, malgré la décision du gouvernement du Bangladesh de commencer à procéder à ces retours forcés, et malgré l’accord donné par les autorités birmanes.
Le 9 novembre, plusieurs organisations non gouvernementales mobilisées dans les camps de réfugiés où s’entassent plus de 700 000 Rohingyas ayant fui la répression, s’étaient alarmées des conditions de retour évoquées.
Ces 42 ONG, dont Oxfam, Save the Children et Handicap International affirment que les Rohingyas sont «terrifiés» à l’idée de rentrer en Birmanie.
Plus de 100 000 Rohingyas seraient parqués dans des localités encerclées par l’armée dans l’État de l’Arakan où de vastes opérations d’épuration ethnique ont eu lieu depuis 2015, entrainant un exil sans précédent de ces populations vers le Bangladesh.
La rapporteuse spéciale de l’ONU pour la Birmanie, la sud-coréenne Yanghee Lee – interdite d’accès en Birmanie – a estimé, début novembre, que les Rohingyas sont toujours exposés à un “risque de persécution élevé”.
L’association des Nations de l’Asie du sud-est, qui vient de tenir son sommet annuel à Singapour, s’est en revanche prononcé en faveur de ses rapatriements.
Une question assurée de revenir sur la table lorsque la Thaïlande prendra sa présidence tournante en 2019.
La dernière prise de position de l’ONU contre le rapatriement est intervenue cette semaine à Genève où la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme Michelle Bachelet (ancienne présidente du Chili) a demandé mardi 13 novembre au Bangladesh de ne pas rapatrier le premier contingent de Rohingyas en Birmanie, alors que la perspective d’un retour a semé la panique dans les camps de réfugiés.
«Expulser de force ou renvoyer de force des réfugiés et des demandeurs d’asile dans leur pays d’origine constituerait une violation flagrante du principe juridique fondamental de non-refoulement», a déclaré dans un communiqué Michelle Bachelet, alors que les conditions de retour ne sont pas réunies selon l’ONU.
Le gouvernement birman s’est dit “prêt” dimanche au rapatriement des Rohingyas, estimant que le Bangladesh serait responsable en cas de retard dans le retour en Birmanie des membres de la minorité musulmane, planifié à partir du 15 novembre.
«Nous sommes prêts», a déclaré le ministre des affaires sociales Win Myat Aye lors d’une conférence de presse, détaillant les modalités du rapatriement.
Le plan prévoit le retour de ces populations au rythme d’environ 150 par jour.
Preuve de l’affrontement qui se poursuit entre la communauté internationale et la Birmanie au sujet des Rohingyas, l’organisation Amnesty International a décidé cette semaine de retirer l’un de ses prix accordé jadis à la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix 1991.
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