Home Asie BIRMANIE – POLITIQUE: Une population révoltée, un pays tétanisé par la violente répression de 1988

BIRMANIE – POLITIQUE: Une population révoltée, un pays tétanisé par la violente répression de 1988

Journaliste : Rédaction
La source : Gavroche
Date de publication : 27/02/2021
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Demonstrators march through Rangoon. A banner identifies them as students from Rangoon Institute of Technology, where the first demonstrations broke out in March 1988.

Gavroche vous recommande régulièrement les analyses publiées par notre confrère en ligne Asialyst. Sur la Birmanie, il faut lire cette longue description du souvenir qui hante la Birmanie: celui de la répression de 1988. Il y plus de trente ans, l’armée avait déjà ramené le calme par les armes. Asialyst se souvient. Nous publions ici des extraits.

 

Nous reproduisons ici des extraits d’un article historique publié par Asialyst, dont nous vous recommandons la lecture

 

À Rangoun, les manifestations ne faiblissent pas après le coup d’État du général Min Aung Hlaing. La jeunesse qui défile dans les cortèges a connu la démocratisation partielle initiée en 2010 et qui a mené Aung San Suu Kyi à gouverner le pays de 2016 à 2021. Connectée, fière, elle se retrouve chaque jour dans la rue depuis le 6 février, défiant les fantômes des générations passées à force de slogans provocateurs, d’appels à la grève générale et de mobilisation sur les réseaux sociaux. (…)

 

La jeunesse manifestante foule le même sol que ces aînés lors de la révolution réprimée de 1988. Les parallèles sont nombreux avec ce soulèvement contre la dictature du général Ne Win. Une révolte qui se termina dans le sang, tuant environ 3 000 personnes et menant à la première assignation à résidence d’Aung San Suu Kyi. Selon Khin Zaw Win, ancien prisonnier politique, « il y a une atmosphère similaire à 1988, et je ressens les mêmes peurs. Toutefois les manifestants sont plus jeunes, et semblent plus nombreux au moins à Rangoun.»

 

«Les mots d’ordre se passaient par téléphone…»

 

En 1988, les étudiants de l’université de Rangoun après des affrontements avec la police initièrent de larges manifestations rejointes par les avocats et médecins. « Les mots d’ordre se passaient par téléphone, raconte un ancien étudiant. Nous avions un téléphone fixe presque dans chaque rue. Il n’y avait pas de journaux libres ni de télévision. Je partais à 9h le matin et rentrais dans l’après-midi sans avoir mangé, pour crier les slogans.»

 

Les fake news de la presse d’État renvoient aux rumeurs ambiantes en 1988. « Nous croyions que les soldats de l’ONU allaient arriver avec des avions de chasse américains, se rappelle un témoin obligé de partir en exil pendant 24 ans pour fuir la répression. Mais aujourd’hui, c’est très différent : grâce à Internet et Facebook, la nouvelle génération est capable de s’informer réellement et de communiquer en temps réel.»

 

Crises économiques majeures

 

Les soulèvements de 1988 et 2021 ont tous deux été précédées par des crises économiques majeures. En 1987, la démonétisation avait liquidé les ressources des étudiants et classes populaires. En 2020, la pandémie de Covid-19 a fait passer le taux de pauvreté de 16 à 60 % en un an. (…)

 

Au croisement de ces deux batailles demeure la même icône incontestée, celle qui a guidé cette même lutte depuis son premiers discours le 8 août 1988 à la pagode Shwedagon jusqu’à ses derniers appels à la résistance en février 2021 : Aung San Suu Kyi, encore une fois emprisonnée.

 

Les étudiants de 1988, comme la jeunesse d’aujourd’hui, formulaient les mêmes demandes, les mêmes chansons entonnées avec deux revendications claires : liberté et démocratie. S’il y a trente trois ans ces mots étaient évidents dans un contexte d’effondrement de l’URSS et de triomphe des valeurs universalistes, ils résonnent aujourd’hui d’un double écho. D’une part, l’expérience vécue des cinq dernières années avec la Ligue Nationale pour la Démocratie au pouvoir et de l’autre, une rare affirmation de la démocratie comme idéal alors même que cette idée est aujourd’hui secouée par la crise politique en Europe et aux États-Unis ainsi que par la montée en puissance de la Chine voisine. Et si l’armée birmane ne comptait que 200 000 hommes en 1988, elle est aujourd’hui forte de plus de 400 000 soldats….

 

La suite est à lire en intégralité sur asialyst.com

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