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BIRMANIE – TOURISME: l’écotourisme, un atout européen

Journaliste : Richard Werly
La source : Gavroche
Date de publication : 10/12/2018
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Le savoir-faire des pays de l’UE en matière de tourisme durable représente une niche prometteuse de coopération. Le calendrier est révélateur : avant la visite en Birmanie (Myanmar) de la Haute-représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères Catherine Ashton, prévue fin avril, le commissaire européen en charge du développement, Anders Piebalgs, s’est rendu sur place à la mi-février. Objectif : préparer avec les autorités birmanes un plan de coopération à moyen terme, afin de tourner définitivement la page des sanctions.

 

Conséquence de l’ouverture du pays et de la liberté politique accordée à Aung San Suu Kyi et à son parti, l’UE a, le 23 janvier, levé les interdictions de visa qui pénalisaient encore plusieurs membres du gouvernement et promis « l’assouplissement ou la levée rapide des mesures restrictives ».

 

L’ouverture d’un bureau de représentation de l’Union en Birmanie est déjà acquise, et celui-ci pourrait être inauguré avant l’été.

 

Qui dit coopération dit évidemment budget et projets.

 

Or c’est là, pour l’heure, que le bât blesse.

 

Différents appels d’offres ont été lancés par Bruxelles pour des initiatives dans le domaine de la gouvernance et des élections, marottes rituelles de l’UE.

 

L’absence de relations entre les autorités birmanes et communautaires durant deux décennies d’isolement de la junte au pouvoir en Birmanie a creusé un fossé.

 

Le premier budget européen débloqué, d’environ 150 millions d’euros, manque de cibles précises.

 

Cette aide, qui devrait concerner la santé, l’éducation, l’agriculture et le soutien aux réformes institutionnelles, n’a pas encore trouvé de points d’appuis concrets, confirme-t-on à Bruxelles.

 

Le risque, dès lors, est grand de voir des organisations non gouvernementales (ONG) peu familières du terrain birman, mais très habiles pour monter les copieux dossiers de subventions européennes, emporter la mise.

 

Avec en prime, le risque habituel du concours de beauté entre pays-membres de l’UE : chacun souhaitant soigner son image et son action de coopération dans un pays aux ressources prometteuses.

 

On osera, dans ce contexte, suggérer un secteur d’investissement : le tourisme durable.

 

L’auteur de ces lignes, coordinateur du guide Ecotourisme en Thaïlande (1), sera évidemment soupçonné de partialité.

 

Ce qui est vrai.

 

Mais réfléchissons un peu : quel autre secteur, dans une Birmanie promise à l’évidence à un bel avenir touristique, peut se targuer d’autant de retombées positives pour l’Union européenne, et pour la population birmane ?

 

Qui dit écotourisme dit protection de l’environnement, implication des communautés villageoises, interaction entre les visiteurs étrangers et la population locale.

 

Qui dit écotourisme dit aussi compétences spécifiques : cartographie d’itinéraires, mise en valeur de sites culturels et du patrimoine écologique, mise en place de labels « verts », valorisation des écosystèmes…

 

Autant de « niches » dans lesquels des pays comme l’Irlande, la France ou les pays scandinaves ont beaucoup investi.

 

Les labels existent.

 

Les standards aussi.

 

Le transfert de ce type de technologie touristique, comme l’a montré la bonne coopération entre l’UE et la Thaïlande dans ce secteur, peut s’opérer facilement.

 

On ajoutera à ces considérations un facteur politico-géographique.

 

L’exemple du Cambodge montre combien la prolifération des organisations humanitaires dans la capitale, Phnom Penh, et les grandes villes du pays est problématique.

 

Le tourisme durable, outre le fait de correspondre aux attentes des voyageurs européens, permet lui une dissémination. Il favorise enfin l’émergence d’entreprises touristiques de petite dimension, souvent familiales, et nourrit le tissu rural.

 

La démocratie y gagne aussi, en favorisant le débat public sur des sujets écologiques, comme la déforestation abusive pratiquée à grande échelle par la Tatmadaw, l’armée birmane, avec la complicité de compagnies étrangères.

 

Le fonctionnement bureaucratique de la Commission européenne laisse malheureusement peu de place à de telles initiatives.

 

D’autant que les grands du secteur touristique n’aiment guère le soutien apporté aux opérateurs « verts », indépendants et trouble-fêtes. N’empêche : cela mériterait d’y réfléchir.

 

(1) Ecotourisme en Thaïlande : un
voyage différent de Richard Werly
Bangkok, AsieInfo ltd, 2010

 

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