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CAMBODGE – FRANCE : Pour le quotidien La Croix, l’anniversaire des accords de paix de 1991 marque un «échec cuisant»

Journaliste : Dorian Malovic
La source : La Croix
Date de publication : 25/10/2021
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accord de Paris Cambodge

 

Le quotidien français La Croix a publié un article détaillé et engagé sur le trentième anniversaire des accords de paix de Paris conclus le 23 octobre 1991 après plusieurs sessions de négociations en Thaïlande.

 

Nous reproduisons ici un texte publié dans «La Croix» dont nous recommandons la lecture

 

Après deux décennies de guerre et le régime des Khmers rouges, responsable de la mort de près de deux millions de Cambodgiens entre 1975 à 1979, les forces politiques cambodgiennes entérinent un processus de paix sous l’égide de l’ONU et signent les accords de Paris le 23 octobre 1991. La paix revient alors au Cambodge : le premier ministre Hun Sen, déjà à la tête du pays, les partisans du roi Sihanouk (décédé en 2012) et les Khmers rouges s’entendent pour désarmer les factions, mettent en place un gouvernement provisoire et organisent des élections. L’aide internationale afflue et le petit royaume s’ouvre sur le monde.

 

Filiale de la Chine

 

Trente ans plus tard, les 17 millions de Cambodgiens vivent sous un régime autoritaire tenu par le premier ministre Hun Sen, 69 ans, qui se maintient au pouvoir depuis 37 ans, un quasi-record planétaire. « En matière de démocratie et de droits de l’Homme c’est un échec cuisant », a déploré à l’Agence France-Presse l’ex-ministre australien des affaires étrangères, Gareth Evans, l’un des architectes des accords de Paris à l’époque. « Le Cambodge est devenu une filiale à part entière de la Chine, ajoute-t-il, ce qui permet à Hun Sen de faire un pied de nez aux autres pays. »

 

Les sanctions européennes sans effet

 

Les sanctions commerciales imposées par l’Union européenne pour condamner la dérive toujours plus autoritaire du régime ne peuvent donc pas y changer grand-chose. Dans un rapport publié en avril sur le Cambodge, Amnesty International insiste sur l’effet dévastateur de la pandémie de Covid-19 : « Les autorités cambodgiennes se sont servies du coronavirus pour accentuer la répression », l’état d’urgence en vigueur leur conférant « un éventail de pouvoirs arbitraires et abusifs ». Depuis des années, journalistes, étudiants, activistes, ou avocats, qui s’expriment sur les réseaux sociaux pour dénoncer le pouvoir autoritaire du régime d’Hun Sen, sont régulièrement pris pour cibles.

 

Leader syndical condamné

 

En août, un leader syndical a ainsi été condamné à deux ans de détention pour avoir accusé le gouvernement d’avoir empiété sur les terres d’agriculteurs cambodgiens en redéfinissant une ligne frontalière avec le Vietnam. Le célèbre écologiste Thun Ratha purge en ce moment une peine de 20 mois de prison après avoir dénoncé le développement urbain effréné de Phnom Penh.

 

Aucun espace politique n’est laissé aux détracteurs d’Hun Sen depuis la dissolution en 2017 du principal mouvement d’opposition, le Parti du sauvetage national du Cambodge. Plus de 150 opposants, accusés de « trahison » pour avoir soutenu le retour dans le pays de Sam Rainsy, ex-chef de l’opposition en exil, sont jugés à huis clos. Certains risquent 30 ans de prison, d’autres ont fui le royaume et sont jugés en leur absence.

 

Sam Rainsy, réfugié à Paris

 

Réfugié à Paris, Sam Rainsy, exhorte la communauté internationale à agir pour faire enfin appliquer les accords de Paris et aller vers plus de démocratie. À ses yeux, l’enjeu ne se limite pas au seul peuple cambodgien. « Le Cambodge revêt une importance stratégique plus grande qu’auparavant étant donné son rôle pour l’expansionnisme de la Chine », ne cesse-t-il de souligner.

 

De fait, pour de nombreux spécialistes, le Cambodge est devenu une véritable « colonie chinoise » en Asie du Sud-Est. Un statut qui risque de s’enraciner encore à l’avenir, alors qu’Hun Sen se rêve en patriarche d’une dynastie en imposant son fils aîné Hun Manet comme son successeur.

 

Pour La Croix, Dorian Malovic

1 COMMENTAIRE

  1. L’ analyse de cet article est très bonne mais tardive, nous qui vivons au Cambodge depuis 2015, nous avons vu ce pays se tourner vers la Chine à grand pas en 2017, avec la station balnéaire de Sihanoukville , Kampong Som, qui est devenue le Macao chinois, avec casinos, trafic d’argent, hôtels de luxe,
    et constructions chinoises à grande échelle …Le Cambodge est devenu une province chinoise, à tel point que le gouvernement voulait remplacer le dollar par le Yuan chinois, idée quelque peu retardée mais ancrée dans les principes futurs, n’ayant aucune pression monétaire et bancaire avec le Riel, monnaie locale… Hun Sen a également organisé des élections truquées en 2018 en bâillonnant l’opposition politique, également par la prison, mais présenté aussi son fils Hun Manet, maintenant chef d’état major de l’armée, comme légal successeur au dictateur Xi Jiping en 2019 en face à face !!!
    La deuxième langue aprés le Khmer n’est plus l’anglais mais le mandarin, de nombreux chinois viennent vivre au Cambodge, la plupart sans visa, alors que pour nous, étrangers, l’obligation de visas est souvent contrôlée et nous risquons outre l’expulsion , des amendes trés fortes ….Donc de trés
    grandes facilités pour les citoyens chinois pour envahir ce pays, dépendant maintenant de l’aide chinoise pour les infrastructures , transports ( bus neufs offerts par la chine), prêts bancaires importants dont une partie gratuite revient à la famille Hun Sen !
    Je ne comprends pas les nombreuses actions des ambassades européennes, australiennes et américaines pour aider ce gouvernement qui ne renverra sûrement pas l’ascenseur, notamment pour les aides humanitaires permettant ainsi au gouvernement cambodgien de ne pas sortir le porte-monnaie pour aider ses ressortissants pauvres et qui est tourné uniquement vers la Chine !!!

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