Le Muay Thai Grand Prix s’est déroulé le 5 décembre dernier au Cirque Bormann Moreno (près de France-Télévision) à Paris. Les meilleurs boxeurs thaïs et français étaient présents à ce rendez-vous sportif annuel incontournable de la scène thaïlando-française. Mais avant d’atteindre un niveau national et international, les boxeurs thaïs, comme dans la boxe classique, participent à des dizaines de combats amateurs et professionnels : au final, beaucoup de prétendants, mais peu d’élus… Les combats étant interrompus au Pays du Sourire en raison du COVID, Michel Hermann revient ici sur le match d’un forçat du Muay-Thai, qui comme bien d’autres, disputent combats sur combats dans des villages et des villes, en espérant un jour décrocher le Graal, à Bangkok. C’était avant le COVID. Bonne lecture donc.
Confiant sur sa chaise en contre-bas,
Le corps huilé et le regard serein,
Il attendait, paisible, le combat,
Le énième de sa vie de forçat
De « Muay-thaï », assis en contre-bas.
Des combats, il en avait plein la tête,
Ici ou là, ce soir à Sukhothai,
Toujours plus loin, plus dur, à la conquête
De titres, menant de dures batailles.
Des gnons, il en avait plein la tête.
De son siège, il contemplait le ring
Brillamment éclairé, les vieux gradins
Et les bancs déjà remplis. Le timing
Était parfait et le fanum était plein.
Sans un geste, il observait le ring.
Installés en plein air sur le terrain
De sports du collège chinois Kwan Thong,
Familles et parieurs clandestins,
Attendaient le premier coup de gong,
Excités, dans l’air chaud, sur le terrain.
Il y avait bien sûr quelques officiels,
Les sponsors locaux, la bière Singha,
La police, et quelques jeunes belles.
Les billets circulaient avant le combat,
Sous l’œil indifférent des officiels.
Près du ring, la petite formation
Hautbois, tambour, cymbale, attendait
Que se termine la présentation
Des boxeurs et leurs sponsors attitrés,
Pour jouer, en modeste formation.
D’abord, il y eut la danse rituelle,
Le « Ram Muay » ou « Wai Khru », pieusement
Accomplie, avant que, prêts au duel
Ils enlèvent leur « Mongkon », lentement,
Dans un geste sacré et rituel.
Les deux boxeurs, « Nak-muay » en thaï,
S’affrontèrent violemment, stimulés
Par la musique et leurs fans. La bataille
Fit rage : saisies, coups de poings, de pieds,
De genoux, s’enchainaient à Sukhothai.
Mon champion n’était pas en grande forme.
Et cinq rounds de trois minutes plus tard,
Il fût déclaré vaincu aux points. Morne
Combat pour lui. Pour le prochain rencard
Il sera, c’est sûr, en meilleur forme.
La musique s’arrêta. Les joueurs
Empochèrent discrètement leurs gains.
La foule se dispersa. Les boxeurs
Soignèrent leurs plaies. Demain, c’est certain,
Ils cogneront ailleurs, beaux joueurs…
Michel Hermann
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