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Des Français redonnent vie aux fonds marins

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 28/03/2013
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Une société franco-thaïlandaise,Coral Reef Creator, restaure la vie sous-marine en Thaïlande en y implantant des récifs artificiels coralliens.

 

Il y a trois mille ans, les Chinois construisaient déjà les premiers récifs artificiels en plantant des pics de bambou sous l’eau pour empêcher les oiseaux de se rapprocher de la surface et de manger les poissons. » D’après Gabriel Bidawid, directeur franco-suisse de Coral Reef Creator (CRC), sa société spécialisée dans la création et la restauration de récifs coralliens artificiels n’a rien inventé. Elle est néanmoins, à sa connaissance, un spécimen unique au monde. Coral Reef Creator, basée à Chonburi, s’occupe de redonner vie aux fonds marins en y transplantant des coraux artificiels, un travail habituellement réservé aux chercheurs universitaires ou à des agences gouvernementales. C’est que, selon une étude du Réseau de surveillance mondiale du récif corallien (Global Coral Reef Monitoring Network – GCRM) publiée en 2009, un cinquième de ces récifs ont déjà disparu des fonds marins du globe, 15% des récifs restants risquent sérieusement de suivre le même chemin dans les 10 à 20 prochaines années et 20% de plus sont menacés de disparition dans 20 à 40 ans. En Asie du Sud-Est, la situation est particulièrement inquiétante puisque 40% des récifs coralliens ont déjà été détruits. Et en Thaïlande, de nombreux sites de plongée sont fermés depuis plusieurs années, notamment autour de Koh Phi Phi, pour laisser une chance au corail, blanchi par le réchauffement de la planète et les activités humaines, de récupérer.

 

« Les problèmes que rencontre le récif corallien sont principalement le fait du réchauffement climatique, explique Gabriel Bidawid, titulaire d’un Master Production animale en région chaude à l’université Montpellier 2. Année très chaude, 2010 a été catastrophique pour le corail. Ce dernier est aussi victime des ancres de bateau jetées n’importe où et des touristes qui marchent dessus. » Ces morceaux de coraux cassés et voués a une mort certaine, Gabriel et l’équipe de Coral Reef Creator les récupèrent, puis les transplantent dans un endroit en manque de vie sous-marine. Souvent, les coraux sont installés sur des structures, sortes de cages en acier de différentes formes et il existe plusieurs techniques de transplantation variant suivant les espèces de coraux utilisés. « Les hôtels et resorts cinq étoiles se montrent intéressés par nos services, car ils sont construits le plus souvent sur des plages de sable très blanc, sans poissons ni aucune vie marine », affirme Gabriel Bidawid. Coral Reef Creator a signé cinq contrats avec des établissements de Phuket, Koh Tao, Koh Samui et Koh Kood, pour des montants allant entre 1 et 2,5 millions de bahts. Et quand, pour certains projets, la transplantation du corail est terminée, l’entreprise assure à son client un suivi pendant trois ans. Mi-janvier, à l’hôtel Soneva Kiri de Koh Kood, île située près de Koh Mak dans la province de Trat, deux membres de Coral Reef Creator ont plongé pour s’assurer de l’état des deux mille coraux transplantés sur 800 m un an et demi auparavant. L’endroit étant très humide – l’un des plus pluvieux en Thaïlande – l’eau abrite beaucoup d’organismes marins comme des éponges, des moules ou des huîtres qui viennent se fixer aux coraux. Deux plongeurs ont donc passé plusieurs jours à enlever ces « gêneurs afin de permettre au corail de respirer. « Le corail a besoin de faire sa base avant de se développer par le haut, explique Gabriel Bidawid. C’est pour cela que nous suivons de près les espaces sur lesquels nous intervenons,surtout à des endroits comme Koh Kood où il existe une compétition pour l’espace marin entre les coraux et les autres matières organiques. Quand le corail grandit, il devient plus fort et peut se défendre seul. A Koh Tao, au contraire, il fait très sec et on y trouve par conséquent peu de matières organiques. Là, le suivi est beaucoup moins ardu. »

 

Coral Reef Creator, qui essaie de faire passer le message que la préservation et la restauration du récif corallien constituent une source de revenus très importante grâce au tourisme qu’il génère, propose aussi un « accompagnement média » pour que ses clients puissent promouvoir leurs nouvelles installations. Gabriel Bidawid a ainsi épaulé lors de conférences de presse Anchalika Kijkanakorn, la propriétaire de l’Aleenta Resort Phuket.

 

Les biologistes marins et ingénieurs en aquaculture de CRC travaillent également en partenariat avec des associations de protection des fonds marins comme l’Ocean Futures Society de Jean-Michel Cousteau. « Nous leur transmettons l’évolution de l’état du récif corallien à certains endroits après notre passage, explique Gabriel Bidawid. D’un point de vue général, en Thaïlande, le corail est en train de revenir tout doucement car 2011 et surtout 2012 n’ont pas été des années très chaudes. Les coraux qui ne sont pas morts en 2010, lorsque l’eau était trop chaude pour eux, ont pu se développer à nouveau.

 

Mais si une chaleur comme celle que l’on a connue il y a deux ans revient, cela va poser problème car le corail est un organisme très lent à se reconstruire. » Coral Reef Creator espère participer encore longtemps à la surveillance et la restauration de la vie sous-marine, mais aujourd’hui son activité n’est pas encore assez connue. « Le gros problème est que tout prend beaucoup de temps, explique Gabriel Bidawid. On démarche les établissements, on essaie de les motiver pour une rencontre. Il faut aussi faire une expertise des lieux pour la faisabilité du projet…» Alors qu’un projet de CRC pour le Zeavola à Koh Phi Phi a été décidé en 2010, la province de Krabi et un autre hôtel se sont engagés à fournir une enveloppe supplémentaire pour qu’un nombre plus important de coraux soient transplantés. Ces projets prennent du temps a se mettre en place, ceci pour être fidele aux normes instaurées par le tourisme durable. « Mon objectif pour 2013 va être de sensibiliser les professionnels aux menaces pesant sur les écosystèmes marins.

 

Coral Reef Creator est née en 2009 de plusieurs conversations entre Gabriel Bidawid, aujourd’hui toujours directeur, et des hôteliers. Le Franco-Suisse, 31 ans, s’est associé avec le Thaïlandais Chaiyan Ninsamran, « un professeur de mathématiques qui ne connaissait rien à la mer, mais quelqu’un de confiance, sans qui je n’aurais jamais monté Coral Reef Creator ». Après six mois passés à régler les affaires administratives, CRC attend un an avant de décrocher son premier contrat avec l’Aleenta Resort Phuket. En 2011, pour exécuter ce travail, Gabriel demande à deux amis français, Thomas Auger et Sebastien Stradal, de venir le rejoindre respectivement en tant que biologiste marin et chef de projet. « Mais en fait, tout le monde dans l’équipe est transversal », précise Gabriel Bidawid. Ces trois Français qui ont fait leurs études ensemble à l’université de Montpellier, n’ont pas quitté depuis Chonburi, ville choisie en tant que siège par Gabriel Bidawid qui avait fait auparavant une partie de son Ph.D dans la province, à l’université de Burapha.

 

Cyril Segurana

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