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FRANCE – POLITIQUE : Vue d’ailleurs, au fond des urnes, la retraite

Date de publication : 02/05/2023
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syndicats manifestation 1er mai

 

Chaque semaine, notre ami Richard Werly, conseiller éditorial de la rédaction de Gavroche, nous livre sa vision de la France sur le site d’actualités helvétique Blick. Vous pouvez vous abonner. Ou consulter sa lettre d’information Republick.

 

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Il y a la rue. Il y a le pouvoir. Et il y a les urnes. N’ayez crainte : j’ai bien entendu les arguments habituels en France contre le référendum, surtout lorsqu’ils viennent de Suisse. Ils sont légitimes, à la fois résultat de l’histoire et des limitations posées par la Constitution.

 

N’empêche : comment nier le fait que cette République centralisée et présidentialisée à outrance se porterait peut-être mieux avec un peu de démocratie directe ? Et si on se faisait, en chanson, un petit référendum ? Vous avez noté : j’ai écrit « un peu » et « un petit », pour n’effrayer personne.

 

Est-ce dans ce sens que le Conseil constitutionnel va statuer, ce mercredi 3 mai, sur la seconde proposition de Référendum d’initiative partagée (RIP) déposée par la gauche ? Tout indique que non. A priori, les neufs « sages » rejetteront à nouveau ce texte qui vise, comme la précédente demande, à « interdire un âge légal de départ à la retraite supérieur à 62 ans », tout en créant un élément de réforme : « Une recette fiscale liée aux ressources du capital pour sécuriser le financement de la retraite par répartition ». À moins d’une surprise que personne ne voit venir, l’adieu aux urnes sera donc définitif.

 

Au moins 4,8 millions de signatures

 

Imaginons néanmoins le contraire : une France qui, après l’acceptation de cette proposition de référendum sur les retraites, devrait, conformément à l’article 11 de la Constitution, se préparer à une grande campagne de collecte des signatures pour aboutir à l’examen d’un nouveau projet de loi. Au moins 4,8 millions de paraphes nécessaires. Trop ? Peut-être. Mais quelle belle occasion de ramener le débat politique dans la rue, au lieu de tout miser sur la colère sociale ?

 

Imaginons même un donnant-donnant : un engagement conjoint des forces politiques à ne pas entraver ce débat par des manifestations, pour que les Français et Françaises intéressés puissent signer (ou refuser de signer) en connaissance de cause ?

 

Républick aime bousculer la France, ce pays où le politique est roi, et où les mots l’emportent souvent sur les actes. Bon, d’accord : notre refrain helvétique est prêt à être remballé. Mais pourquoi, tout de même, ne pas comprendre que de nombreux Français et Françaises aimeraient pouvoir s’exprimer autrement que dans les manifestations ? Qui, pour relayer cet appel aux urnes ?

 

Bonne lecture. Et si, du passé, après ce 1er Mai, on faisait table rase ?
(Pour débattre : richard.werly@ringier.ch)

2 Commentaires

  1. Et si les français (Françaises et Françaises ai-je lu dans la langue désormais paritaire) avaient un goût, plus, une dilection pour la rue … elle est un déversoir des passions les plus contradictoires, avec ou sans casseroles, l’expression d’une illusion d’un pouvoir et d’une absence de pouvoir, un ersatz d’une violence surtout verbale et souvent caricaturale. Les réseaux sociaux, expression de la lâcheté individuelle et les médias à leur remorque amplifiaient les phénomènes irrationnels , émotifs et fondamentalement anomiques. Gustave Le BON avait naguère bien cerné la nature des foules que d’aucun voudraient qualifier de peuple. La marche comme forme dérivée et atténuée de la marche militaire qui précède, accompagne la guerre ; la manifestation de rue comme forme atténuée ( encore que) du champ de bataille …
    La loi reformant le régime des retraites est désormais promulguée, le Président n’a même pas la compétence constitutionnelle pour l’abroger. D’où l’incohérence des mots d’ordre d’abrogation hormis leur effet mobilisateur et communicationnel. Les syndicats l’ont bien compris, la CFDT, la CFTC d’abord, la CGT mettra plus de temps. Madame BINET doit assoir sa légitimité et d’abord comme femme dans un syndicat pétri d’une culture peu marquée par le féminisme. Le rapport de force pourra jouer à plein dans les discussions relatives aux reformes sur le travail à venir. Ils seront en position de force d’autant plus que le gouvernement, voulant mettre fin à l’épisode éruptif, sera enclin à lâcher du lest et du grain à moudre. La proposition de loi déposée par le groupe LIOT visant à abroger la loi promulguée et devant être discutée à partir du 8 juin n’a que peu de chance d’être adoptée par simple souci de cohérence législative et, qui plus est, si les discussions avec les syndicats sont positives de leur point de vue, position que le gouvernement aura intérêt à adopter. On voit mal une opposition frontale à l’adoption de textes consacrant des “avancées sociales”. Les oppositions seront mises devant leurs responsabilités. Au surplus bon nombre de dispositions pourront être prises par la voie règlementaire.
    Sur le RIP , les dispositions existantes semblent avoir été adoptées(révision Sarkosy) pour ne pas pouvoir fonctionner. A supposer que les pétitions aboutissent , il est prévu que les parlementaires ( pendant un assez long délai) puissent reprendre la main et donc modifier les dispositions de départ ; Référendum d’initiative PARTAGÉE !. Le référendum a mauvaise presse en France depuis Napoléon III, l’usage qu’en fit De Gaulle fût, à l’époque, suspecté de plébiscitaire et de ne pas être considéré comme démocratique comme le stigmatise F. Mitterand dans le “coup d’État permanent”. Le Général est suspecté, en 1958, de fascisme et qualifié de dictateur. il faut observer qu’en Grande Bretagne le référendum n’existe pas ( constitution non écrite et régime parlementaire) et pourtant personne ne considérera que le régime politique est moins démocratique qu’en Suisse.. L’attitude à l’égard de l’institution changea, du moins au yeux de certains, parce qu’elle permit de “se débarrasser” de De Gaulle. Son usage à propos du traité européen de 2005 n’a fait qu’amplifier la suspicion de l’institution. L’usage que fit De Gaulle du référendum en 1969, n’est nullement impliqué par la constitution mais certains en ont déduit une sorte d’usage, une coutume constitutionnelle . D’où l’insistance pour la mise en œuvre d’un référendum, compris comme un ersatz de démission en cas de résultat négatif. Les Français ne sont pas des helvètes n’en déplaise au chroniqueur genevois.

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