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FRANCE – POLITIQUE : Vue d’ailleurs, et si la France sortait grande gagnante de 2024 ?

Date de publication : 01/01/2024
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Paris-2024 JO

 

Chaque semaine, notre ami Richard Werly, conseiller éditorial de la rédaction de Gavroche, nous livre sa vision de la France sur le site d’actualités helvétique Blick. Nous reproduisons ici son éditorial.

 

Les colères françaises ont été nombreuses et violentes en 2023. Manifestations contre la réforme des retraites, explosion des banlieues, fractures sur l’immigration… Et si 2024, avec les Jeux Olympiques, étaient l’année de toutes les performances françaises ?

 

Les Français ont fait un rêve : celui de se réveiller en 2024, débarrassés de leurs fractures, de leurs colères et des accès de violences qui défigurent les métropoles de l’Hexagone. Ce rêve, personne n’ose l’évoquer en cette fin 2023, alors que les souvenirs des protestations massives contre la réforme des retraites, ou ceux des banlieues en flamme, sont toujours dans les esprits. Et pourtant : les mois prochains pourraient bien, pour la France, être porteurs de (très) bonnes nouvelles.

 

La première est que les réformes les plus douloureuses, et celles qui ont le plus fracturé le pays, sont a priori bouclées. La réforme des retraites qui a reporté l’âge légal de départ à 64 ans (au lieu de 62) est entrée en vigueur le 1er septembre 2024, et s’appliquera par paliers aux Français nés entre 1962 et 1968. Le projet de loi sur l’immigration, qui durcit la législation pour les demandeurs d’asile et veut faciliter les expulsions, a été voté le 20 décembre. La transformation de « Pôle emploi » (le guichet pour les chômeurs) en « France Travail » est actée pour le 1er janvier, avec une conditionnalité accrue entre les aides sociales et la recherche effective d’un travail.

 

Chacun de ces textes de loi a divisé et fracturé l’opinion. Mais l’on sait aussi que les Français ont la mémoire courte. Une accalmie est donc envisageable pour 2024. D’autant que la priorité sera, pour le gouvernement, l’organisation des Jeux olympiques d’été qui s’ouvriront à Paris le 26 juillet 2024.

 

Rendez-vous aux urnes le 9 juin 2024

 

La seconde bonne nouvelle est que les 48,7 millions d’électeurs français auront, le 9 juin 2024, l’occasion de s’exprimer en votant aux élections européennes. Ce scrutin désignera les 81 députés européens qui représenteront la France au parlement de Strasbourg (qui en compte 720, élus dans les 27 pays membres de l’Union européenne). Pourquoi est-ce une bonne nouvelle ? Parce que le paysage politique se trouvera « clarifié ».

 

Les sondages donnent aujourd’hui une nette avance à la future liste du Rassemblement national (extrême droite) de Marine Le Pen. L’on verra alors aussi ce que pèsent encore dans les urnes la majorité présidentielle, la droite traditionnelle et la gauche, pour l’heure désunie. Il y a bien sûr des risques à ce scrutin. Mais il redonnera de l’oxygène démocratique au pays, qui en a besoin.

 

La troisième bonne nouvelle est que les Jeux olympiques d’été, s’ils sont réussis, seront un motif de fierté pour un pays qui adore se regarder dans le miroir du monde. L’on peut regretter que ce grand moment sportif accapare tant les énergies. L’on peut aussi déplorer l’abandon de promesses faites au Comité international olympique (CIO) en matière de transports urbains ou d’utilisation des infrastructures existantes.

 

Le nord de Paris, où se déroulera l’essentiel des épreuves, est par ailleurs un vaste chantier qui rend la vie des habitants très compliquée. Gare, aussi, au danger terroriste lors de la cérémonie d’ouverture prévue sur la Seine le 26 juillet. Mais avec les Jeux paralympiques qui suivront, les Français ont, en 2024, l’occasion de montrer le meilleur d’eux-mêmes. Et en général, ils savent faire…

 

Investissements étrangers

 

Quatrième bonne nouvelle : les investissements étrangers en France, pays le plus attractif d’Europe, commencent à se concrétiser et à redonner des couleurs à l’économie nationale. 6,7 milliards d’euros d’investissements ont été promis en 2023, lors du sommet « Choose France » qu’Emmanuel Macron va rééditer au début 2024, au château de Versailles.

 

Le chiffre de 4 000 emplois pérennes pèse bien peu, certes, face aux faillites de marques emblématiques comme celle, récente, de l’enseigne d’ameublement Habitat. Mais dans le nord du pays, la filière industrielle « batteries électriques » prend forme dans la région de Douai. La relance du programme nucléaire va aussi s’accompagner de créations d’emplois. Pour rappel, et c’est un succès à mettre au crédit de la présidence Macron, 7,2% des travailleurs français sont aujourd’hui au chômage, contre près de 11% en 2017. L’emploi a été remis sur les rails.

 

Le pays fonctionne

 

Cinquième bonne nouvelle : la crise politique larvée que connaît la France depuis les législatives de juin 2022 (qui ont privé le président d’une majorité absolue de députés) bute heureusement sur la solidité des institutions. Le président de la République est critiqué pour son autoritarisme. Le recours fréquent à l’article 49.3 de la constitution pour faire adopter les budgets sans vote est, à juste titre, dénoncé par l’opposition.

 

Mais le pays fonctionne. L’hypothèse d’un remaniement gouvernemental significatif dès la rentrée de janvier est avancée. La première page de ce second mandat d’Emmanuel Macron pourra donc être tournée.

 

Paris, Notre-Dame et le débarquement

 

Sixième raison de parier sur la France en 2024 enfin : Paris reste incontournable en Europe, pour faire avancer des dossiers clés, comme celui de l’industrie de défense. Emmanuel Macron, aussi contesté soit-il, demeure une boîte à idées pour des réformes internationales d’ampleur, qui permettront d’associer davantage les pays du sud. Le 26 janvier 2024, le Chef de l’État français sera d’ailleurs l’invité d’honneur du Premier ministre Indien Narendra Modi pour la fête nationale de ce géant asiatique.

 

Et l’on termine par une septième raison d’espérer une France en forme en 2024. Une raison double. Deux festivités annoncées, toutes deux centrées sur un moment d’histoire. Le 6 juin 2024 sera le 80e anniversaire du débarquement allié en Normandie, occasion à coup sûr de raviver l’alliance transatlantique dans ces temps tumultueux. Le mois de décembre 2024 devrait voir l’achèvement des travaux de restauration de la cathédrale Notre Dame de Paris, cinq ans après l’incendie du 15 avril 2019. Sa flèche sera bientôt reconstruite à l’identique. C’est un symbole. Mais cela compte. La France aime être au premier rang. 2024 va lui en donner l’occasion.

 

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4 Commentaires

  1. Le pronostic d’une “guerre civile” me parait beaucoup plus prisé tant il apparait comme une fascination voire un désir chez beaucoup de français. Tantôt pour la conjurer, tantôt pour la faire advenir. On ne sait pas exactement de quel côté se situe notre commentateur… Outre le fait que l’expression, faute d’être définie (on la définira comme une opposition armée entre deux composantes d’une même nation) charrie tous les fantasmes ; notamment ceux de révolution, soit celle qui suit la guerre civile soit celle qui la précède si ce n’est les deux. D’où la charge émotionnelle fortement teintée de passion souvent lestée d’érotisme destructeur (les viols l’accompagnent presque toujours) que les locuteurs arborent. Pour s’en tenir à l'”hexagone” et pour la période actuelle auxquels notre éditorialiste et son commentateur se réfèrent, l’expression est mobilisée à grand renfort d’adjectifs depuis la pétition des généraux “factieux” du 22 avril 2022 dénonçant la “guerre sociale, économique et médicale” que nous infligeraient les “élites” à Mélenchon en passant par MLP, sa nièce, Zemmour, Onfray et tant d’autres en mal d’émotions ou de mobilisation politique et aux abois comme le premier ministre F. Fillon qui dénonça, le 5 mai 2008, “le climat de quasi-guerre civile que fait régner la gauche”. Les médias en mal d’audience ne sont pas en reste. Dans tous les cas elle appelle à un changement radical qui va d’un changement des institutions à l’éradication d’un des camps en guerre, deux camps irréductiblement opposés passés du “côte à côte” au “face à face”. Dans une tradition marxiste (et anarchiste), la “guerre civile” est l’instrument permettant d’accoucher de la fin de l’exploitation de classe comme l’a décrit Marx dans la “guerre civile en France”. La commune de 1871 en est la forme institutionnelle. Mélenchon, continuateur dévoyé de cette tradition substitue au prolétariat “blanc”, un “prolétariat” issu de l’immigration auquel pourrait s’adjoindre une frange du peuple “traditionnel” à condition d’avoir abandonné ses caractéristiques occidentales “colonialistes” et “impérialistes”. Pour mobiliser une partie de l’immigration convoitée, le recours au référent religieux peut être utile, à preuve sa critique de la “laïcité” considère comme entrave à l’intégration de populations dont l’immigration est prônée. Il est en attendu une victoire électorale dans la perspective d’une prise de pouvoirs qu’une forme de “guerre civile” aurait précédé. Les nouveaux “damnés de la terre” sont vus comme le “sel régénérateur”, un “sang neuf”. Si j’osais une comparaison à l’opposé de l'”anti-sionisme” mélenchonien qui voit dans le “Palestinien” martyrisé à l’image du Christ crucifié et se voit en nouveau Moïse conduisant son peuple au pays de Canaan en l’assurant que, de ses bras tendus, il ouvrira un passage dans la mer rouge. Et de proclamer dans une vocifération éructante, Moise c’est MOI ! Dans l’autre perspective, la convocation de l’expression, surjouée et dont la réalisation est secrètement espérée, est un appel au “sursaut” autoritaire”, aux “versaillais” et aux troupes d’Adolphe Thiers. En 1958, De Gaule en fit usage. Onfray qui en est le coryphée quotidien sonde “la guerre civile à bas bruit” s’avançant sur ses pattes de velours et scrute son explosion imminente et, semble t-il, attendue comme le Messie. Au diable le “foutriquet” et son “Europe maastrichienne” se plait-il à rêver en plein jour. Le spectre de la “guerre civile” à venir, toujours imminente est l’expression d’un désir d’ordre, de purge, de purification par la force dont seule l’armée est supposée capable. La “guerre civile” comme objet de fascination pour le dégagisme définitif, la “tabula rasa” fortement mobilisatrice des passions qui permettent d’abolir les individus et de souder les “foules” sous l’égide d’un “chef” comme Gustave Le BON l’a si bien analysé dans “la psychologie des foules”. Dans les deux cas, la “guerre civile” est espérée comme arme du changement radical, le renversement des pouvoirs, l’avènement des “vraies valeurs” et l’élimination – souvent physique- de leurs soutiens. Cette phase première est souvent suivie d’un deuxième “guerre civile” comme la Russie de 1917 l’a illustré. La “guerre civile va presque toujours par deux”. La rhétorique de la “guerre civile” et la réflexion sur celle-ci est très ancienne à commencer par les auteurs grecs et romains. L’histoire française l’a abondamment illustré. La guerre civile américaine l’a rendue célèbre avec des caractéristiques particulières puis comme, hier, la fin du mandat trumpiste et la tentative de coup d’État du capitole. L’actualité américaine imminente à venir pourrait fournir, sans être Nostradamus, un nouvel épisode de cette histoire. Tocqueville note que le régime démocratique fondé sur les oppositions en compétitions (et dont l’expression est garantie, libéralisme oblige) est une forme de guerre “euphémisée”, contenue dans des débats contrôlés et auto-contrôlés, une forme de guerre mais par d’autres moyens pour renverser l’expression de Clausewitz. L’affaiblissement démocratique dont tocqueville pense qu’il trouve son origine dans l’absence d’égalité entre les membres de la société ou ses composantes est génératrice de “guerre civile”. Le rempart contre celle-ci réside, pour lui, dans le “remède ” démocratique et l’approfondissement démocratique. Les “classes moyennes” seraient de ce point de vue la meilleure protection contre la “guerre civile” tant elle auraient plus à perdre qu’à gagner. Le constat parfois fait, en France, de leur lamination voire leur disparition est loin d’être attesté même si les inégalités subsistent et s’accroissent ce dont témoignent de récents mouvements sociaux comme les “gilets jaunes”. Jusqu’au Président pour agiter le spectre, “nous sommes en guerre” prononça t-il dans une allocution du 16 mars 2020 jusqu’au “réarmement” répété à trois reprises dans ses derniers vœux. Macron en Nostradamus… Sur la question plusieurs références : Jean-Pierre DERRIENIC, Les guerres civiles, Presses de Sciences Po, 2001; Guillaume BARRERA, La guerre civile : histoire, philosophie, politique, ed Gallimard, 2021 ; Jean-Claude CARON, “Frères de sang. La guerre civile en France au XIX ème siècle”, ed ” Champ Vallon, 2012 et sur la Suisse, supposée si apaisée et qui n’échappe ( n’a pas échappé) pas au spectre de la guerre civile : Irène HERRMANN, Les cicatrices du passé. Essai sur la gestion des conflits en Suisse (1798-1918), Berne, Peter Lang 2006

  2. Candide ou l’optimisme revisité en 2024 ? C’est beaucoup plus facile de pronostiquer que tout ira bien en France que l’éventualité d’une guerre civile. Nostradamus doit bien avoir son avis sur la question…

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