Le cardinal philippin Luis Antonio Tagle sera-t-il le successeur du pape François à l’issue du conclave qui se tient cette semaine au Vatican ? Si l’on en croit les experts du Saint-Siège, c’est possible. Créé cardinal par Benoît XVI en 2012, ancien préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, l’ex-archevêque de Manille a beaucoup d’atouts en main. Il est considéré comme l’un des disciples du pape disparu, mais aussi comme la voix des pays émergents, au même titre que l’était le souverain pontife argentin.
Pour l’Asie, et pour les pays de l’ASEAN en particulier, une telle nouvelle serait fracassante. La Chine, où le Parti communiste contrôle la vie de l’Église catholique, serait à coup sûr inquiète, d’autant que le régime de Pékin multiplie les confrontations sur les îlots revendiqués par Manille. Le message de l’Église catholique aux grandes puissances serait aussi très fort : le basculement serait confirmé. Le cœur battant de l’Église serait ancré dans les pays du Sud, où les fidèles remplissent les paroisses.
Et maintenant, un pape asiatique ?
Pour cette région qui compte parmi les plus dynamiques de la planète, l’enjeu serait aussi social et sociétal. Mgr Luis Antonio Tagle est, comme le pape François, un pourfendeur des inégalités et un défenseur de l’écologie. Sa voix serait à la fois écoutée et remise en cause dans les faits. Les Philippines, seul pays majoritairement catholique d’Asie, se retrouveraient sur le devant de la scène, comme ce fut le cas pour la Pologne avec Jean-Paul II. La suite est connue : le mur de Berlin et l’ex-URSS s’écroulèrent. De quoi inquiéter Pékin et Xi Jinping, qui sera à Moscou ce 9 mai pour y commémorer la victoire sur les nazis en 1945.
Attendons la fumée blanche…
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