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GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL : Peut-on soutenir le Hamas (comme le fait la Malaisie) ? 

Date de publication : 14/11/2023
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Anwar Ibrahim

 

Gavroche n’a pas vocation à commenter des événements géopolitiques qui se déroulent loin des frontières de l’Asie du Sud-Est. Un quotidien d’information généraliste régional doit d’abord se pencher sur ce qui se passe à sa porte, et ce qui bouleverse le quotidien des populations locales. Et pourtant : certaines questions échappent à cette catégorie et nous concernent tout de même. Le Hamas, la cause palestinienne, et le destin du Proche Orient en font partie. Surtout lorsqu’un pays de l’ASEAN choisit de se distinguer de ses partenaires pour apporter, dans la guerre à Gaza, un soutien presque inconditionnel au Hamas : la Malaisie.

 

Ce soutien est officiellement justifié par la solidarité musulmane et par la dénonciation du double langage occidental. Le premier ministre malaisien d’Anwar Ibrahim l’a dit publiquement : dénoncer l’assaut de la Russie contre l’Ukraine et ne pas se mobiliser pour soutenir le Hamas assiégé est inacceptable. Et bien non ! Anwar Ibrahim, ex opposant sauvé des geôles de son pays par la mobilisation internationale, a absolument tort. Le Hamas est, dans cette guerre, l’incontestable agresseur. Cela ne veut pas dire du tout que la cause palestinienne est illégitime. Au contraire. Cela ne revient pas non à justifier la politique d’oppression d’Israël envers les Palestiniens. Il s’agit juste de faits. Le Hamas a choisi le terrorisme comme arme de guerre. Ses commandos ont tué sans discernement. Le mot « pogrom », au vu des exactions commises contre les civils israéliens, n’est pas injustifié. Non, cher Anwar Ibrahim, l’Occident n’est, sur ce sujet, pas tombé dans le piège du double discours !

 

Le double discours, au contraire, est celui de la Malaisie d’aujourd’hui. Qui s’est mobilisé pour que la démocratie soit restaurée dans le pays ? Qui a soutenu Anwar, injustement embastillé pour sodomie, pendant ses années d’errance politique ?  L’actuel premier ministre malaisien a raison quand il pointe les incohérences de l’Occident. Mais il a tort dans ce cas. Jamais la paix ne se construira sur le soutien au terrorisme. Les pays d’Asie du Sud-Est, avec leur économie dynamique et ouverte, ont sans doute un rôle à jouer pour soutenir les Palestiniens, et convaincre Israël d’accepter une solution à deux États.

 

Ils n’ont rien à gagner, en revanche, à imiter le négationnisme populiste des islamistes malaisiens.

 

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4 Commentaires

  1. Le Kremlin se réjouis de l’aubaine du conflit israelo-hamas, une belle occasion de retourner contre l’ “occident collectif” les accusations portées contre lui concernant le non respect du droit international et les crimes contre les civils, mais en prenant bien soin de ne pas distinguer parmi eux, les uns en Israel, les autres à Gaza . Un cadeau du ciel . Ou comment Poutine répand son huile sur le feu et alimente la catastrophe. Le rêve poutinien que les Etats-Unis, en voie de déliquescence économique et surtout morale, seraient incapables de fournir en armes Kiev et Tel-Aviv. L’espoir poutinien de sortir de son isolement sur la scène internationale à la faveur de l’ouverture d’un nouveau front au Moyen-Orient. Moscou n’a pas hésité à sacrifier une politique traditionnelle d’équilibre (et plutôt favorable à Israel du moins selon les opportunités stratégiques comme sn Syrie ) opposée à une opinion publique plutôt pro-israélienne. La stratégie poutinienne , appuyée sur une exploitation médiatique tous azimuts, vise à raffermir le “front anti-occidental” et à appuyer sur ses fractures. Israël est vu comme un “faux-nez” des Etats-Unis endossant le rôle d’agresseur premier et les “américains” de complices. Moscou, stratégiquement lié à Téhéran et Damas, calcule qu’en soutenant le Hamas ils se rapprochera un peu plus de nombre de pays du “sud global” et obtiendra un bénéfice sur le terrain ukrainien. Le cynisme poutinien va jusqu’à appeler à la protection des populations civiles… Ici pas de “deux poids -deux mesures”; Un civil ukrainien n’est pas un civil ? ou serait-il d’une humanité inférieure ? les populations civiles ukrainiennes peuvent subir les bombardements non ciblés depuis bientôt deux ans. Et de considérer que V Kelensky, issu d’une famille juive, et dans une inversion constante des perspectives, Poutine tend à assimiler l’Ukraine à Israël et ainsi de justifier toutes les “résistance” possibles contre Israël agresseur initial, prolongement des USA et complice du leader de l’occident global. La Chine ne peut que se réjouir …. deux fronts permettent d’éloigner la perspective d’un troisième front …

  2. Cher Gavroche, vous oubliez que derrière le Hamas il y a l’Iran. vous oubliez que l’ONU a dit en 1947 “deux États” et non pas un État juif et des ‘territoires occupés”; que l’occident a laisse Israël coloniser la Cisjordanie, au mépris du droit international, sans intervenir; que l’occident a laissé les ayatollahs s’emparer du pouvoir sans soutenir le chah. L’occident paye sa lâcheté. “N’oubliez jamais, Sire, que c’est la faiblesse qui a mis la tête de Charles 1er sur le billot”, dit un jour Turgot à Louis XVI. Même punition, même motif. Seule la Russie est aujourd’hui en mesure de prévenir la catastrophe.

  3. La seule hypothèse expliquant la mobilisation de soutien populaire au Hamas érigé en victime inconditionnelle trouve son origine dans les caractéristiques politiques du (des) pouvoir(s) en place. Dans un système politique où la liberté d’expression est “bridée”, une litote, la population peut exprimer sa colère, son opposition, mais uniquement dans la seule direction possible : dans les pays arabes le soutien aux palestiniens et la haine d’Israël. La réaction est pavlovienne, la “rue arabe” se déploie. Les pouvoirs en place ont trouvé dans ces manifestations tolérées ou organisées le meilleur rempart contre les mécontentements qui ne peuvent être autrement exprimés. Les régimes en place ont forgé le moyen idéal de leur maintien en place. La recette fonctionne depuis des décennies. Cette “addiction” est à tout moment mobilisable dans les pays arabes en proie à des oppositions internes et de préférence avant des élections. Mais la rue arabe est une notion géographiquement extensible. Elle se déploie aussi à Kuala Lumpur …. et aussi à Jakarta…

  4. Si Anwar Ibrahim connaissait un peu mieux les racines de l’obsession sodomiste érigée en totem et tabou pouvant servir de bonne à tout faire politique, il aurait pu constater :
    1 – que la répression pénale a été instaurée par l’administration britannique au nom d’une morale victorienne et puritaine nourrie de préceptes religieux. La situation actuelle n’a pas rompu avec cette histoire coloniale fustigée, seuls les préceptes religieux ont changé.
    2- la reconnaissance minimum du “ventre” devrait conduire les autorités malaises à reconnaitre leur inspiration profonde et leur filiation… biblique : selon le Lévitique (20 : 13) “si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous les deux une chose abominable (une abomination) ; ils seront punis de mort : leur sang retombera sur eux “.
    Par ailleurs le système politique et administratif malaisien se caractérise par une hiérarchisation des catégories de populations selon leur origine opposant les malais et les malaisiens d’origine ethnique non malaise avec des droits différenciés conduisant périodiquement à de fortes tensions. En Israël les arabes israéliens disposent des mêmes droits en particulier civiques que les citoyens israéliens.

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