Nous poursuivons la mise au jour de passionnants sujets historiques en Asie du sud est grâce à l’ouverture des archives presse de la Bibliothèque nationale de France. Le site Retronews, que nous vous recommandons de consulter, est une mine d’informations accessibles à tous les publics. Les colonies françaises de l’Indochine y sont racontées dans le moindre détail. Ici, l’histoire du protectorat français au Cambodge. Connectez vous à retronews.fr sans tarder. Nous vous le recommandons.
Nous reproduisons ici un article paru sur le site retronews de la Bibliothèque nationale de France que nous vous recommandons chaudement
La signature du traité de protectorat, le 5 juillet 1863, marque les débuts de la présence française au Cambodge. Le pays n’obtiendra son indépendance qu’en 1953.
Au XIXe siècle, le Royaume du Cambodge est pris entre deux feux : d’un côté, le Royaume de Siam (actuelle Thaïlande), qui l’a amputé de ses provinces occidentales, notamment Angkor, lui impose sa suzeraineté. De l’autre, l’empire d’Annam (actuel Vietnam) le menace en permanence. Pour sortir de l’étau formé par ses deux voisins, le roi du Cambodge Norodom Ier, monté sur le trône en 1860, va demander la protection d’une puissance étrangère qui s’intéresse justement à la région : la France.
5 juillet 1863
Cette dernière ne se fait pas prier et, le 5 juillet 1863, le roi du Cambodge signe un traité de protectorat que le vice-amiral de La Grandière, gouverneur de la Cochinchine, est venu lui apporter. Le journal La Presse, dans un article paru le 1er décembre, ne fait pas mystère des avantages que la France va tirer de cette signature :
“Cet acte comprend deux dispositions principales. La première reconnaît la suzeraineté de la France comme étant aux lieux et place de la cour de Hué. […] La seconde accorde à la France le droit de former un établissement dans le Cambodge, sur le Mei-Kong […]. Le traité qui vient d’être conclu avec le roi du Cambodge est, à tous égards, un acte important et avantageux. Il consolide notre navigation sur la Basse-Cochinchine, et il nous rend maître d’une région vaste et riche qui, se gouvernant elle-même, nous soustrait aux difficultés que présente toujours la nécessité d’administrer avec des éléments étrangers un pays conquis par les armes.”
L’arrivée d’un résident général
Avec ce traité, le Cambodge s’interdit toute relation avec une puissance étrangère sans l’accord de la France. Les sujets français obtiennent le droit de libre circulation, de posséder des terres, d’être jugés par un tribunal mixte. Un résident général s’installe dans la capitale Phnom-Penh. Autre objectif pour la France de Napoléon III : empêcher les Anglais, déjà soupçonnés de contrôler le Siam voisin, de s’installer dans la région.
À la même époque, la presse s’intéresse au Cambodge, pays mal connu des Français et qui n’est plus, d’après le Journal des débats politiques et littéraires du 24 septembre, “qu’une principauté faible et tombant en ruine”. Le 9 octobre, Le Petit Journal, dans un article consacré à Norodom Ier, écrit :
“Le souverain est installé et logé d’une manière qui rappelle assez exactement celle des grands rois nègres. Il n’a pas plus de vingt-cinq à vingt-six ans, offre le type de la race jaune avec une expression de vive intelligence. Le groupe de maisons qui composent sa résidence, je n’ose dire son palais, est bâti sur pilotis, usage général dans le Cambodge. Le toit est couvert en paille, sauf quelques annexes couvertes d’ardoises, par un luxe royal ici. Ce monarque a plus de femmes que d’années, il n’en a pas moins de quarante, mais il n’a qu’un petit nombre d’enfants. La polygamie, dont le prince n’est pas le seul à user, est une des causes principales et fatales du chiffre restreint de la population, sur un territoire aussi étendu et aussi favorisé par la nature.”
Répression implacable
À partir de 1864, une administration indirecte du pays par la France se met en place. Entre 1885 et 1886, une révolte a lieu : elle est implacablement réprimée par le pouvoir français. Le Cambodge, désormais une colonie de fait, est intégré de force à l’Indochine française en 1887. Le pays n’obtiendra l’indépendance complète qu’en 1953.