Home Accueil GAVROCHE – ROMAN : Dans nos archives de «La fille qui aimait les nuages», épisode 14

GAVROCHE – ROMAN : Dans nos archives de «La fille qui aimait les nuages», épisode 14

Journaliste : Patrice Montagu-Williams
La source : Gavroche
Date de publication : 23/06/2020
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On ne trahit pas ainsi le Parti communiste Vietnamien. On ne tourne pas ainsi la page d’une vie, d’une histoire, et de solidarités nées et cultivées durant les années de guerre. Patrice Montagu-Williams est un auteur de polar naturaliste. il peint les âmes autant que les situations. Son héros, Anh Hùng, chef d’une délégation du Parti communiste Vietnamien à Paris, est un personnage déchiré entre sa loyauté politique, sa famille, ses souvenirs. Lisez cet épisode 14 de «La fille qui aimait les nuages». Vous n’en sortirez pas indemne.

 

Résumé de l’histoire et de l’épisode 13 : Les services secrets vietnamiens ont gagné. Ils avaient décidé d’éliminer Anh Hùng, le chef de la délégation du Parti communiste qui s’était rendue à Paris pour négocier un important contrat d’armement, car il voulait demander l’asile politique à la France pour lui et pour sa famille. C’est sa propre femme, Mai, qui, manipulée par un homme à qui elle a fait confiance, l’a empoisonné sans le savoir. Folle de désespoir, Mai choisit de se donner la mort…

 

Épisode14 par Patrice Montagu-Williams

 

Personne n’a osé forcer la porte de la suite. C’est le directeur général du Shangri-La en personne qui s’est déplacé, comme à chaque fois qu’il y avait un problème avec des VIP. Les deux corps étaient là, allongés sur le tapis de la chambre, comme s’ils s’étaient endormis. L’homme demande aussitôt que l’on évacue la pièce et prévienne la police.

 

En raison de la personnalité des victimes et de la proximité de l’antenne du commissariat, située à deux pas, rue Bouquet de Longchamp, deux inspecteurs en civil et six hommes en uniforme débarquent quinze minutes tout juste après l’appel. Ils sont bientôt rejoints par le commissaire en personne. La suite est immédiatement sécurisée. Des policiers sont placés en faction sur le balcon et dans le couloir.

 

On ne touche à rien

 

— On ne touche à rien, dit le commissaire. Il s’agit de membres d’une délégation officielle. Je vais prévenir la PJ.

 

Une heure plus tard environ un homme plutôt grand portant une cicatrice sous l’œil droit se présente. Un Vietnamien l’accompagne.

 

— Colonel Pierre de Puymanel, Direction du Renseignement Militaire, dit l’homme à l’intention du commissaire en présentant son insigne : une plaque ronde sur laquelle sont gravées les trois lettres DRM sur fond bleu au-dessus d’un globe terrestre. Monsieur est un capitaine des services de sécurité vietnamiens, ajoute-t-il en se tournant vers Huyên. Nous prenons l’enquête en main, commissaire. Secret défense. La PJ vous tiendra au courant.

 

Double suicide

 

— À première vue, en raison de la disposition des corps et de l’absence de traces de violence, je parierais sur un double suicide, dit Huyên, une fois les flics partis. Peut-être la fin d’une merveilleuse histoire d’amour, colonel. Cela me fait penser un peu à Hitler et à Eva Braun dans leur bunker.

 

— Vous voulez dire que vouloir aller contre le cours de l’histoire conduit inévitablement au suicide, capitaine ? J’admire votre cynisme et vais faire semblant de croire que vous ou vos services ne sont en rien mêlés à cette affaire. Après tout, votre version nous convient, réplique l’homme de la DRM en souriant. La qualité des relations entre nos deux pays et l’importance du contrat que nous avons signé nous obligent à dépasser le simple destin de deux êtres.

 

— Je vois que, question cynisme, j’ai trouvé mon égal, voire mon maître, colonel.

 

— Je ne fais après tout que sacrifier à une vieille tradition française dès qu’il s’agit de contrat d’armement, capitaine. Venez, allons à mon bureau rédiger ensemble les conclusions de l’enquête…

 

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