Son décès a été annoncé ce mardi 26 mai à Hong Kong, à 98 ans. Stanley Ho, magnat des casinos de Macao, était une légende asiatique. Il faisait partie d’un trio qui a converti en empires commerciaux, les profits tirés de transactions clandestines, de la complaisance des fonctionnaires portugais et, selon la légende, d’une certaine aide des gangs criminels de la triade. Les deux autres étaient l’oligarque Henry Fok et Cheng Yu-tung, le magnat de la bijouterie et propriétaire de la chaîne Chow Tai Fook.

Personnalité hors normes dans l’histoire de Hong Kong au XXe siècle et membre de l’une des familles les plus aristocratiques de la région, on attribue à Stanley Ho le mérite d’avoir fait de Macao la première destination asiatique pour les jeux, bien que ses activités aient été éclipsées par la suite par des multinationales.

Il a été couvert d’honneurs malgré la provenance douteuse de sa richesse par les gouvernements portugais, hongkongais, britannique et chinois, ainsi que par diverses universités. Bien que sa fortune personnelle ait été estimée à 1,3 milliard de dollars, les restructurations familiales ont occulté sa véritable valeur. Sa quatrième épouse, Angela Leong, vaudrait 4,1 milliards de dollars, selon Forbes.

Perte de monopole

La famille Ho est restée en grande partie dans les casinos, perdant son monopole à Macao après la rétrocession de l’enclave portugaise à la Chine. Cependant, sous la direction de sa fille Pansy, de son fils Lawrence et de sa quatrième femme Angela Leong, l’empire s’est étendu à d’autres endroits, dont les Philippines. Il a également des intérêts connexes dans le tourisme, les hôtels et les ferries, détenus par l’intermédiaire de sa société cotée en bourse SJM Holdings.

En 1999, Ho a ouvert un casino de 233 millions de HK$ à Pyongyang, à côté du siège du Parti communiste. Le développement a été construit après que le président du groupe de l’empereur de Hong Kong, Albert Yeung Sau-shing, ait reçu une licence exclusive de casino pour opérer en Corée du Nord en 1996, qu’il a vendu en partie à Ho.

Une fratrie de treize

Neuvième d’une famille de treize enfants, Stanley Ho est né en 1921 dans un riche clan eurasien qui a d’après la légende perdu toute sa fortune pendant la grande dépression des années 1930. La richesse et les privilèges dont il jouissait au début de sa vie ont disparu, laissant sa famille dans la pauvreté. Selon la légende, deux de ses frères se sont suicidés à cause de la descente dans la misère, le laissant déterminé à récupérer l’honneur de la famille.

Né à Hong Kong et éduqué sur place, Stanley a quitté Hong Kong pour Macao au moment de l’arrivée des Japonais en décembre 1941. Mais il n’a pas montré beaucoup de dégoût pour la guerre japonaise contre la Chine, en rejoignant une société commerciale japonaise et en gagnant manifestement son premier gros lot en utilisant le statut de neutralité de Macao et ses relations japonaises pour vendre des marchandises dans le Guangdong occupé par les Japonais.

L’ombre de Pékin et des triades

Ce n’est qu’en 1961 qu’un autre homme d’affaires de Hong Kong/Macao, Henry Fok, l’a aidé à obtenir le monopole des jeux d’argent qu’il a conservé jusqu’en 1998, lorsque la prise de contrôle par les Chinois de l’enclave portugaise endormie a provoqué un changement tumultueux. Fok avait gagné son argent en fournissant des marchandises à la Chine en violation d’un embargo de l’ONU pendant la guerre de Corée, une aide que Pékin n’a pas oubliée…..

Il avait 17 enfants et eu quatre épouses. D’où beaucoup de disputes familiales désordonnées sur les biens, même du vivant de Ho. Ce qui se passe maintenant reste à voir. Lawrence Ho est le directeur général de Melco Resorts qui possède City of Dreams à Macao et diverses autres propriétés, dont un gigantesque casino City of Dreams dans le quartier de Pasay à Manille. Sa sœur aînée Pansy possède le STDM et fait partie de la MGM Grand à Macao et de la société Shun Tak Holdings, cotée à Hong Kong, promoteur immobilier et propriétaire d’un ferry pour Macao.

Stanley Ho incarnait le pouvoir de l’argent. Les liens étroits entre le crime organisé et les jeux d’argent à Macao passaient par lui. Il est désormais de notoriété publique que Stanley Ho et sa famille accordèrent, via leurs casinos, des prêts importants à des criminels condamnés et à des membres bien connus des triades.