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Huay Kwang, immersion dans un quartier aux multiples facettes

Journaliste : Lionel Corchia
La source : Gavroche
Date de publication : 19/07/2014
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Dès la sortie du métro Huay Kwang, à seulement quatre stations de Sukhumvit, le dynamisme de ce quartier pittoresque de Bangkok, à la fois traditionnel et touristique, ne peut vous échapper. Paisible en journée, bordé d’hôtels, de bureaux et de tours high tech, la nuit tombée laisse place à un environnement fourmillant et insolite avec pour centre de vie le Night Bazaar, mélange surprenant de couleurs, parfums et folklores.

 

Bien avant les premières lueurs de l’aube, un Huay Kwang insomniaque vous accueille entre restaurants chinois, coréens, japonais et thaïlandais. Puis des marchés clairsemés proposant nourriture, vêtements, cosmétiques et autres accessoires prennent vie dès le début de la journée, le long de Ratchadaphisek Road, des stations Rama 9 à Suttisan. Des centres de beauté et spa côtoient d’autres grands établissements tels que le Caesar, l’Emmanuelle, le Colonze, le Naratee, le Casanova ou le Hi-Class, pour ne citer qu’eux, aussi appelés « soapy massage parlors », une autre façon d’apprendre à se relaxer dans l’art ancestral du câlin tarifé n’ayant plus grand-chose à voir avec la tradition thaïlandaise du massage.

 

En journée, de grandes surfaces commerciales sont autant de lieux très prisés par les populations locales et étrangères, que ce soit pour la restauration, les complexes sportifs, les cinémas ou les shoppings de toutes sortes, du Big C à Esplanade, du Central Plaza Rama 9 au non moins connu Fortune Town, spécialisé dans la technologie. Des studios de télévision thaïlandais et chinois ont aussi pris possession des lieux quelques soïs plus loin. L’ambassade de Chine est d’ailleurs grandement représentative de cette communauté florissante dans ce quartier d’affaires sans cesse en expansion.

 

En plein cœur de ce qui deviendra, à la nuit tombée, le Night Bazaar (marché de nuit), des Thaïlandais de tous âges se retrouvent après une journée de travail au centre communautaire Arena, soï Thanon Pracha Songkhro 30. On y trouve terrains de basket, volley, football ou encore de seepak takraw, l’un des sports nationaux, aussi appelé le kick volley-ballet se pratiquant traditionnellement avec une balle en rotin tressé. D’autres y préfèrent la danse, l’aérobic ou même traîner dans le parc derrière cette vaste étendue sportive en plein air. Ces activités prennent fin vers 18h30, alors qu’apparaissent aux alentours les premiers commerces et restaurants de rue se préparant pour la nuit, parfois jusqu’aux premières lueurs du jour.

 

Sous l’œil protecteur de Ganesh

 

A l’entrée du marché de nuit, juste au pied du MRT et des stations de motos-taxis, entre l’intersection de Ratchadaphisek Road et le soï Pracharat Bamphen, prenez grand soin de ne pas vous faire surprendre par quelques fous du volant ne respectant pas systématiquement la couleur d’un feu de signalisation. Des bars et restaurants tel que le Park Terrace hébergent des groupes de musique n’ayant de cesse de jouer des heures durant les derniers morceaux du répertoire local et autres classiques pop-rock plus coutumiers à nos oreilles. Les enseignes lumineuses des karaokés se mêlent à présent à celles des salons de massage, coiffeurs et cliniques esthétiques, créant une aura multicolore découpant l’obscurité naissante.

 

La présence inattendue aux alentours des diseuses de bonne aventure complète ce tableau. Des voyants pratiquent la cartomancie, la chiromancie, l’astrologie ou autres techniques divinatoires très prisées par les Thaïlandais, parfois aussi superstitieux qu’éloignés du juste milieu de la philosophie bouddhiste originelle. Ces petites tables improvisées entourent un autre lieu vénéré, le temple Wat Phra Pikanet, consacré à la divinité hindoue Ganesh, symbole de réussite et de chance autant dans la vie que dans les affaires. Pas un seul Thaïlandais ne passe ce carrefour sans s’imposer un waï de reconnaissance afin d’honorer cette statue dorée, gardée par Hanuman lui-même et trônant aux côtés des photos grandeur nature du roi et de la reine. Ce sanctuaire baigné de couleurs chamarrées et de parfums d’encens est l’un des plus célèbres lieux de culte de Bangkok consacré à Pikanet. Une présence légitime dans un quartier où la bonne fortune reste le maître mot de cet étrange théâtre nocturne…

 

Le long de Pracha Song Khro Road, les commerçants s’affairent à monter leurs stands de linge de maison, bijoux, téléphones portables, DVD et autres vêtements tendance. Autant de produits et prestations servant le culte de la beauté de ces « ladies » travaillant pour la plupart dans les salons du quartier ou les bars de la capitale. Un passage obligé de détente entre copines pour un dîner ou un shopping nocturne et à des prix souvent beaucoup plus bas que les marchés de Silom ou Khaosan Road. Les restaurants locaux et tablées éphémères se remplissent et des rires se font entendre, s’ajoutant à la chaleur ambiante dans cette parenthèse de vie mélangeant les genres et les générations.

 

Difficile de se faire sa place au milieu de toutes ces boutiques sur les trottoirs parfois débordants jusque sur la rue où s’agglutinent marchands ambulants, scooters, voitures et tuk-tuk, dans cet incessant cortège aux multiples visages. Des odeurs de viande grillée, de fruits de mer et de poisson frit se mêlent au curry, piment et vapeur de riz. Des parfums plus subtils de patates douces, salades de papaye et fruits exotiques sont autant de tentations pour les sens. Le Terrace Café siège au centre de ce lieu de vie décalé. Ce grand restaurant au premier étage d’une galerie marchande surplombe le marché. Il ouvre ses portes dès 21 heures, toujours bondé d’amateurs de cuisine thaïe, de karaoké, de football anglais et de billard américain. Ce complexe festif vit à la cadence des guitares électriques et des batteries des formations musicales se succédant pour jouer à la demande les standards à la mode.

 

Un autre lieu atypique, et angoissant, est le très prisé complexe Mansion 7, tout près de la première sortie du métro Huay Kwang. Ouvert en 2010, cet univers obscur et énigmatique est fréquenté par les jeunes générations bangkokoises. Un manoir hanté de trois étages reste le centre d’attention de ce lieu mystérieux. Toute l’année, de 18h à 2h du matin, de nouveaux scénarios vous sont proposés comme autant d’expériences mystiques à explorer. En ce moment, Missing Prisoners vous invite à parcourir ses recoins lugubres peuplés de fantômes, morts-vivants, démons et autres tueurs en série. Une immersion dans les geôles oubliées de cette Dark Mansion pour 699 bahts par personne.

 

Une boutique proposant des articles de magie et une galerie d’art d’outre-tombe viennent s’ajouter à cet antre inquiétant. Le grand hall Mansion 7 possède une aire de jeux incluant des tables de billard aux formes peu communes, ainsi que des bars à bières et cocktails pour continuer la soirée en musique. Deux discothèques rythment la nuit de ce bal des vampires, le S.O.S. Club (Sound Of Secret) et le Soi 8 Red Beat. Ce dernier club gay organise régulièrement des soirées à thèmes et concours de miss ladyboys très attendus par ces demoiselles du troisième sexe.

 

Alors que la nuit s’achève dans ce quartier noctambule, une autre réalité commence à se matérialiser dans le métro et vient grossir ce trafic incessant et toujours pressé, métamorphosant dès les premières lueurs de l’aube ces artères magiques et parfumées à présent endormies.

 

Lionel Corchia

 

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