Home Histoire et Patrimoine INDOCHINE – ÉCRIVAIN : L’inconnu mais talentueux Albert Puech

INDOCHINE – ÉCRIVAIN : L’inconnu mais talentueux Albert Puech

Journaliste : François Doré
La source : Gavroche
Date de publication : 14/04/2021
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Encore un écrivain dont nous ne connaissons rien, mais qui pourtant nous laisse un livre remarquable, publié chez NRF/Gallimard en 1935. Sa Requête au mandarin est une suite de vingt nouvelles qui se passent presque toutes en Indochine. L’auteur a la dent dure pour la société coloniale de l’époque et, surtout, pour la suffisance des fonctionnaires coloniaux qui se pavanent entre Hanoï et Saïgon. Tout le monde en prend pour son grade, depuis les plus hauts personnages de la colonie jusqu’à ses plus humbles serviteurs.

 

C’est que cette élite blanche se métamorphose et, dès le canal de Suez passé, « le chat devient tigre, le brochet requin, et pieuvre la punaise ». Partis sardines du port de Marseille, les hauts fonctionnaires se font squales dans les eaux tonkinoises. Une fois en place, dans les palais de l’Indochine, ce ne sont plus que magouilles sordides et tripotages minables ; tout le monde veut sa part du gâteau colonial.

 

Si ces messieurs du bureau des « Petits Travaux Temporaires du Tonkin » sont la cible privilégiée de la plume acerbe de l’auteur, les dames non plus, ne sont pas épargnées : « Elles, toujours sur le dos de leurs boys, et qui comptent tout, jusqu’aux morceaux de sucre, et qui mesurent avec une paille la descente quotidienne du niveau dans les bouteilles d’apéritif… ».

 

Moment extraordinaire que cette « Nuit avec Madame de Médouze », sans doute la meilleure des nouvelles du livre, et que l’on aurait aimé voir développée en un roman complet : c’est le milieu de la nuit à Saïgon. L’obscurité est totale dans le grand hall de la Poste Centrale. Le petit planton, terrorisé, se calfeutre dans le réduit des sacs postaux. Il sait que cette nuit-là, comme toutes les autres, le makoui, le spectre qui hante la Poste, va venir. Et en effet, soudain, une ombre blanche descend le grand escalier et, sans bruit, se dirige vers les étagères du tri. Marguerite de Médouze, ancienne vierge protestante, a décidé de se venger de toutes les demi-mondaines de ce royaume des amours illicites qu’est devenue la colonie.

 

Infernal corbeau, elle profite du sommeil sans rêves de son balourd de mari, receveur général des P.T.T., pour intercepter, dans leurs missives, tous les secrets des uns et des autres. Munie d’un réchaud et d’une petite casserole, elle consacre ses nuits à déflorer les correspondances secrètes. Par la suite, quelques confidences susurrées dans l’oreille réceptive et adéquate et un nouveau scandale éclatera…

 

Attention : il convient de rappeler ici que ce livre n’est qu’une œuvre de fiction, qui rapporte avec humour les travers d’une époque bien éloignée, qui, quoi qu’en laisse croire l’actualité, n’ont plus cours aujourd’hui.

 

FRANÇOIS DORÉ
Librairie du Siam et des Colonies
librairiedusiam@cgsiam.com

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