Home Histoire et Patrimoine INDOCHINE – ÉCRIVAIN : La nostalgie de Jean-Michel Hertrich

INDOCHINE – ÉCRIVAIN : La nostalgie de Jean-Michel Hertrich

Journaliste : François Doré
La source : Gavroche
Date de publication : 13/06/2021
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Notre chroniqueur François Doré, animateur de la formidable Librairie du Siam et des colonies à Bangkok, a l’art de nous faire découvrir des auteurs passionnants de l’époque coloniale. Aujourd’hui Jean-Michel Hertrich. Son œuvre indochinoise se compose d’un roman à thèse, « La fin des dieux blancs » (1945), d’un courageux reportage historique, « Doc-Lap ! L’indépendance ou la mort » (1946), et d’une subtile nouvelle, « La justice du fumeur d’opium » (1947).

 

Jacques Léger est le héros malgré lui de « La fin des dieux blancs », qui ne ressemble pas vraiment à un roman. Il a quitté « cet immense asile de fous qu’est devenue l’Europe de 1939 où secouée en cadence par les hoquets du jazz américain, la civilisation blanche était à l’agonie. »

 

Il travaille comme assistant dans une plantation des terres rouges où la fatigue de l’apprentissage lui fait oublier les angoisses et le « mal de vivre » de sa génération.

 

Mais chaque passage à Saïgon le replonge dans la comédie coloniale de la rue Catinat où les Blancs insouciants ont tous l’air déguisé, comme s’ils étaient conviés à un bal. Le malaise de Jacques ne prendra fin qu’en cette nuit soyeuse où, timidement, il va pousser la porte d’une grande villa, endormie au fond de son jardin, là où le monde extérieur disparaît : la fumerie.

 

C’est là qu’il va rencontrer Jeannette. Son parfum de fougère, discret comme la pénombre, va lui faire oublier l’odeur puissante et fade de l’opium. Ce parfum, pour lui, restera pour toujours associé à cette nostalgie de l’Asie, dont il ne pourra plus jamais guérir…

 

« Doc-Lap ! L’indépendance ou la mort », sous-titré « choses vues en Indochine » est la suite du livre précédent. Cette fois-ci, Hertrich raconte en journaliste l’une des périodes les plus noires de l’Indo : la reconquête de la Belle Colonie par les français. Il va voyager sur le premier avion britannique parti de Calcutta pour se poser à Saïgon, le 5 septembre 1945.

 

D’une histoire très confuse, Hertrich va rédiger un remarquable témoignage. Tout y est, les rocambolesques parachutages des représentants du Général de Gaulle, le colonel Cédile et Pierre Messmer, les manifestations viets à Saïgon où la rue Catinat s’appelle maintenant « rue de la Commune de Paris ».

 

Les drames, le sang des civils, l’assassinat du Père Tricoire sur le seuil de sa cathédrale. Saïgon sans foi ni loi, jusqu’à l’horreur du 25 septembre où les habitants blancs de la Cité Héraud sont massacrés par la pègre vietminh.

 

Héros de « La justice du fumeur d’opium », le commissaire Simon est un vieux colonial. Il est habitué aux complications de son Saïgon et au relâchement des mœurs de ses habitants.

 

Pourtant, lorsqu’il apprend que la vieille Juliette s’est fait assassiner dans sa fumerie de la rue Richaud, il décide de s’occuper lui-même de l’affaire : « On ne sait jamais ce qu’on va découvrir avec ces sacrés Saïgonnais »…

 

François Doré
Librairie du Siam et des Colonies
librairiedusiam@cgsiam.com

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