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INDOCHINE – ÉCRIVAINS: Henry Casseville et «la ville aux toits d’or»

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 20/04/2020
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Notre chroniqueur littéraire et historique François Doré, de la Librairie du Siam et des colonies, est de retour dans nos colonnes. Un retour bienvenu, en cette période de confinement propice à la lecture et à la mémoire. Il nous raconte ici Henry Casseville, l’écrivain qui nous avait éblouis avec ses trois romans indochinois sur lesquels nous reviendrons. Ils le méritent. L’auteur avait su nous y présenter ses petites héroïnes indochinoises avec tendresse et humour. Petites femmes annamites, d’apparence joyeuse et insouciante pour l’Occidental qui ne les comprend pas, et qui, malgré la naïveté de leur perversion, se révèlent si attachantes…Sacré parcours d’écrivain et d’officier…

 

Une chronique littéraire et historique de François Doré

 

Le futur général de division de l’armée française a connu une carrière brillante et aventureuse et il a su marquer chacune de ses campagnes d’un souvenir littéraire. D’abord l’Indochine, trois romans, puis la Chine, avec trois livres d’histoire et un roman, et enfin Madagascar, l’île rouge devenue ensanglantée en 1946-47. Mais aujourd’hui, laissons nous emmener par le Casseville chinois. Nous sommes en 1928. Le jeune capitaine de l’Infanterie Coloniale qui avait connu les révoltes Méos dans la région de Dien Bien Phu, vient d’être nommé Attaché Militaire à la Légation de Chine.

 

Dans ce décor nouveau du Pékin de la fin des années 20, le registre est différent. Casseville est émerveillé par cette ‘Ville aux toits d’or’ où la vie paraît si facile : ‘Les Chinois du Nord sont toujours polis, souvent honnêtes et puis au moins on peut se faire servir. Il y a le roof du Pekin Hotel, le Peking Club, le polo, les courses, le golf et cette charmante société, qui ayant peu à travailler, ne songe qu’à s’amuser…’. Pourtant, la Chine de cette époque est déchirée par une guerre civile. Pékin a perdu son titre de capitale au profit de Nankin. Le Kuomintang sudiste de Sun Yat Sen a renversé le gouvernement impérial du nord. Mais la situation reste confuse. Le maréchal Chang Tso Lin régnait en maître sur la Mandchourie et tout le nord du pays, malgré sa défaite face au sud.

 

La vie pékinoise

 

Le roman de Casseville s’ouvre à ce moment , quand arrive à Pékin l’Américain John Sergeant, le nouveau conseiller pour les affaires chinoises à la Légation de Pékin. John va très rapidement être séduit par la vie pékinoise, lui qui a déjà été en poste en Chi – ne, mais c’était dans le sud, à Itchang sur le Haut Yang Tsé, à une époque où ne s’y trouvaient que quinze étrangers. Dès sa première soirée mondaine, John va rencontrer les deux femmes qui vont bouleverser sa vie pékinoise : d’abord, l’Américaine, Hélène Horngreen, ‘belle femme brune au teint chaud, mate de peau et aux grands yeux noirs, brillants, un peu mélancoliques…’.

 

Et puis il y a la mystérieuse Mme Tang, ravissante jeune Chinoise ‘aux joues roses, cheveux tirés en arrière et aux yeux noirs, très grands, pailletés d’or, à peine fendus, voilés par de longs cils qui donnaient au regard un air doucement moqueur…’. Quelques soirées où l’on se retrouve sur le roof du Pékin Hotel, où l’on partage cocktails bouteilles de champagne et de sensuels tangos joués par l’orchestre philippin, il n’en faudra pas plus pour que la belle Hélène ne succombe entre les bras de son compatriote. Mais pour ce qui est de la jolie Chinoise, la partie va se montrer beaucoup plus compliquée.

 

Quelques pipes d’opium

 

En effet, cette Madame Tang va se révéler être en réalité la fille du maréchal TangChen-Chih du roman, ‘maître du Nord, rival du gouvernement de Nankin, l’ennemi ou l’ami, selon les jours, des Japonais’ : le Chang-Tso-Lin historique… Sergeant va devoir essayer d’y voir plus clair dans tout cet imbroglio politique. May Tang va se proposer d ‘être l’agent de liaison entre l’Américain et son père. Des rendez-vous secrets sont arrangés dans la résidence des Collines, près des 8 temples de Pa-Ta-Chu (sic). Sergeant parle chinois et arrive à conquérir la sympathie du Maréchal. Pour sa fille, c’est plus difficile, même si elle consent parfois à rejoindre le joli yamen qu’il occupe dans le hutung des violettes parfumées.

 

Elle vient y fumer quelques pipes d’opium, mais à chaque fois s’enfuit dès que John devient plus romantique. Hélène va vite comprendre l’attrait qu’exerce la jeune Chinoise sur son amant. Elle choisira de disparaître et de rejoindre Shanghaï. Quelques semaines plus tard, Sergeant doit se rendre à Shang haï pour y discuter des accords pour la constructions de nouvelles voies ferrées. Et alors qu’il pense y retrouver Hélène, c’est May qu’il retrouve au bras du ministre des chemins de fer ? Sans bien comprendre le rôle de la jeune fille, il ne sait pas que l’histoire est en marche et que de drôles de Japonais s’activent sur la voie du chemin de fer près de la gare de Moukden où doit bientôt passer le convoi du vieux Maréchal, en ce début du mois de juin 1928…

 

François Doré. Librairie du Siam et des Colonies

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