Old is Beautiful

Date de publication : 27/11/2020
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Les écrivains français qui viennent faire leurs emplettes érotiques en Thaïlande, comme Houellebecq, Mitterrand ou Besson, ramènent souvent dans leur valise la même marchandise. Des wagons d’images de syndicats d’initiative et de clichés outranciers sur la vie sexuelle de ces demoiselles à bas prix. François de Negroni, lui, a préféré l’étude sociologique romancée pour évoquer le sort de ces dames.

 

L’histoire est celle d’un sociologue dépêché à Pattaya avec pour mission de dénouer les enjeux de l’idéologie humanitaire de ce que ses commanditaires appellent « la plus grande ville bordel du monde ». Une fois sur place, le chercheur est très vite confronté à ce schéma de pensée qui prétend se vouer et se dévouer aux problèmes de « réinsertion » des prostituées.

 

Une brève idylle avec une danseuse de gogo du soi Diamond et de multiples rencontres avec les chefs des ONG locales le conduisent vite à s’affranchir des clichés colportés partout. Les fantasmes de trafic humain et d’esclavage sexuel, bavassés par les bigotes néo-féministes de l’Occident caritatif, résistent mal au voyage asiatique. « Sous prétexte de cogner les soi-disant gangs, et de pénaliser le cochon consommateur, on ne fait que fragiliser davantage ces filles pour les persécuter un peu plus », affirme l’auteur, également sociologue de formation.

 

« À Pattaya, les élites charitables ont pour seul sentiment de se déclasser. Ce qu’elles raillent ou dénoncent comme obscène, vulgaire ou beauf constitue l’expression d’un frisson exotique plombé par la démocratisation mondiale du tourisme sexuel. » Le libre échange a aujourd’hui d’autres couleurs que celles peintes par la bourse. « Le roman parle de ces élites, qui, lorsqu’il ne leur prend point de faire repentance cathodique, hurlent à la dégradation des mœurs, bien planquées dans leurs salons privatifs. »

 

Mais, à trop pester contre le sort infâme réservé aux prostituées, les ONG en oublient souvent l’essentiel. Petit traité de mesures inadaptées et de bourdes culturelles qui, au final, débouchent bien souvent sur des drames humains. Un livre entre bonne conscience, empathie mal négociée, inefficacité collective et attitude négrière.

 

À lire !

 

Article réédité, première publication par la rédaction en 2012

 

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