La nomination d’Ismail Sabri Yaakob en tant que nouveau premier ministre de la Malaisie signifie un retour au pouvoir pour l’Organisation nationale des Malais unis (UMNO), qui a été évincée en 2018 dans un contexte de corruption et d’arrestation et de disgrâce des figures de proue du parti, le premier ministre Najib Razak et le président du parti Abdul Zahid Hamidi.

Le roi de Malaisie a obtenu que  le parlement malais soutienne Ismail Sabri Yaakob pendant 18 mois. Le nouveau gouvernement Sabri est entré en fonction le 21 août alors que la Malaisie traverse la crise la plus grave que le pays ait jamais connue. Les prochaines élections législatives sont prévues au plus tard en juillet 2023.

Sabri, 61 ans, dont la nomination au poste de vice-premier ministre en juillet avait déclenché une révolte, a fait tomber le gouvernement chancelant de Muhyiddin et est étroitement aligné sur le groupe Hishammuddin Hussein. Ce dernier est bien connu pour avoir agité un kriss de cérémonie pour menacer les Chinois de souche lors d’anciennes manifestations de l’UMNO et pour sa rhétorique en faveur du Ketuanan Melayu, ou suprématie malaise.

Un apparatchik loyal du parti

Sabri a également été un apparatchik loyal du parti pendant plus de 35 ans et connaît très bien la mafia du rival Najib Razak.

Pour Anwar Ibrahim, 74 ans, leader de l’opposition, et sa coalition Pakatan Harapan, cela signifie qu’ils seront relégués au second plan jusqu’aux prochaines élections. Avec la crise économique et la crise du Covid-19 qui commencent à affecter la survie même de nombreux Malaisiens, tout geste politique pourrait être considéré comme allant à l’encontre du conseil que le roi a donné à tous les chefs de parti en début de semaine.

Cela ne signifie pas qu’Anwar ne doit rien faire. C’est le moment pour Anwar de reconstruire son propre Parti Keadilan Rakyat déchiré après le départ de son rival Azmin Ali, et celui de la coalition. Le Parti Keadilan Rakyat doit se pencher sur son histoire dans le cœur malais et se montrer performant en tant qu’opposition. Anwar pourrait bien envisager de former un cabinet fantôme, pour mieux demander des comptes aux ministres du nouveau gouvernement Sabri. Le PH dispose de 12 à 18 sièges avant les prochaines élections et doit renforcer ses capacités de campagne sur le terrain, où il est faible.

Mahathir Mohamad, âgé de 96 ans

Lors des prochaines élections, le Pakatan Harapan ne pourra pas compter sur l’ancien Premier ministre Mahathir Mohamad, âgé de 96 ans, pour faire campagne dans les régions malaises, que ce soit pour le meilleur ou pour le pire, et il faut donc en tenir compte. En outre, Anwar pourrait faire valoir certains de ses jeunes membres comme de futurs dirigeants, et jouer davantage un rôle de mentor.

Remerciements à Michel Prévot