La Cour pénale internationale (CPI) a rejeté la demande de libération provisoire de l’ancien président philippin Rodrigo Duterte, actuellement détenu à La Haye pour crimes contre l’humanité présumés commis durant sa « guerre contre la drogue ».
Dans une décision de 23 pages rendue vendredi, la Chambre préliminaire I de la CPI a estimé que sa détention « demeure nécessaire » pour trois raisons prévues par le Statut de Rome : garantir sa présence au procès, empêcher toute obstruction aux enquêtes et éviter la commission de nouveaux crimes.
Risque de fuite et soutien politique
Les juges ont souligné que Duterte avait à plusieurs reprises rejeté l’autorité de la Cour, qualifiant son arrestation de « kidnapping pur et simple ». Ils ont également pris en compte les déclarations publiques de ses proches, notamment celles de sa fille, la vice-présidente Sara Duterte, qui a publiquement évoqué l’idée de « faire évader » son père du centre de détention de la CPI.
La Chambre a noté que cette attitude, partagée par sa famille et ses partisans, traduisait « la volonté d’aider M. Duterte à échapper à la justice ».
L’argument humanitaire écarté
La défense avait plaidé la libération pour raisons humanitaires, invoquant l’âge avancé de l’ancien chef d’État, âgé de 80 ans, et des problèmes de santé. La Cour a rejeté cet argument, le qualifiant de « spéculatif et sans fondement ». Les juges ont rappelé que le centre de détention dispose d’un encadrement médical permanent, suffisant pour assurer les soins nécessaires.
Risque d’ingérence et de pressions
Les magistrats ont également noté que Duterte, récemment réélu maire de Davao City — la ville où se seraient produits les crimes visés —, demeure en position d’influence. Sa libération, selon la Cour, « le placerait dans la même situation qui lui avait permis de commettre les crimes pour lesquels il est poursuivi ».
Le tribunal a aussi évoqué le risque pour les témoins, notamment en raison de la présence de son fils, Sebastian Duterte, vice-maire de Davao City.
Maintien en détention
En conséquence, la Chambre préliminaire a rejeté la requête de libération provisoire, ainsi que les demandes déposées par des amici curiae, ordonnant le maintien en détention de l’ancien président.
Rodrigo Duterte, transféré à La Haye, est poursuivi pour crimes contre l’humanité en lien avec la campagne antidrogue « Oplan Tokhang », qui a causé la mort d’au moins 6 000 personnes selon les chiffres officiels. Les ONG estiment pour leur part le nombre de victimes à plus de 20 000.
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