Un accord de cessez-le-feu a été conclu lundi entre les dirigeants de la Thaïlande et du Cambodge, après cinq jours de violents affrontements transfrontaliers — la plus grave escalade entre les deux pays d’Asie du Sud-Est depuis plus d’une décennie. Le conflit, qui a fait au moins 35 morts, porte déjà un coup sévère au secteur régional du tourisme, avec des annulations en série, des perturbations de transport et une montée des préoccupations sécuritaires dans l’est thaïlandais et l’ouest cambodgien.
Le cessez-le-feu, entré en vigueur à minuit lundi, a été négocié lors de pourparlers d’urgence en Malaisie, sous l’égide du Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, président en exercice de l’ASEAN. La rencontre a réuni le Premier ministre par intérim thaïlandais Phumtham Wechayachai et le Premier ministre cambodgien Hun Manet, en présence d’observateurs américains et chinois.
Le choc immédiat sur le tourisme
Les affrontements ont entraîné la diffusion immédiate d’alertes aux voyageurs par plusieurs pays, la fermeture des postes-frontières terrestres et l’annulation de circuits transfrontaliers. En Thaïlande, les provinces orientales de Sa Kaeo, Chanthaburi et Trat — portes d’entrée clés vers le Cambodge — enregistrent une vague d’annulations de réservations. Du côté cambodgien, des destinations comme Siem Reap et Battambang ont signalé une baisse notable des arrivées régionales, les opérateurs thaïlandais et vietnamiens ayant suspendu plusieurs liaisons terrestres.
« Après des années passées à se relever de la pandémie, ce conflit soudain est un coup dur pour la confiance et la dynamique économique », a déclaré James Thurlby, président de Skål International Bangkok, professionnel du secteur touristique basé à Bangkok. « L’impact ne se limite pas aux hôtels et aux compagnies aériennes. Il touche surtout les petits acteurs économiques — vendeurs, guides, chauffeurs — qui dépendent du tourisme frontalier pour vivre. »
Restaurer la confiance et relancer le tourisme
Avec le cessez-le-feu désormais effectif, les professionnels du tourisme appellent les autorités à prendre rapidement des mesures pour stabiliser la situation et rétablir les flux touristiques. Ils demandent des garanties de sécurité publiques de la part des deux gouvernements, la réouverture des postes-frontières et des corridors de transport, ainsi qu’une communication conjointe pour restaurer la confiance des voyageurs internationaux. Un soutien financier est également jugé nécessaire pour les PME touchées dans le secteur du tourisme.
L’ASEAN est invitée à jouer un rôle de premier plan dans une campagne de communication régionale coordonnée, valorisant la paix, la sécurité et la résilience des destinations locales.
Perspectives : un tourisme résilient mais vulnérable
Le secteur touristique d’Asie du Sud-Est a fait preuve de résilience, mais les événements récents soulignent sa vulnérabilité. Les professionnels notent que les voyageurs à fort pouvoir d’achat, notamment en provenance des États-Unis, d’Europe et de Chine, observeront de près la stabilité politique avant de confirmer leurs prochains voyages.
« Le tourisme repose sur la confiance », a rappelé James Thurlby. « Nous avons besoin d’un leadership coordonné pour la restaurer — et vite. Car chaque jour de doute se traduit par des pertes de revenus pour les communautés locales. »
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