
Une chronique siamoise de Patrick Chesneau
Dantesque. Une ville se réveille avec la gueule de bois. Assommée, elle titube. Tout est lourd. Aucun oiseau ne chante.
Ville martyrisée par la furie des éléments. Ville éventrée, jonchée, concassée. Cimetière de carcasses.
Friche de moignons métalliques. Supplice infligé par les intempéries, les pluies diluviennes, les inondations. Les pires du genre en 300 ans. Paroles d’hydrologiste.
Priorité de survie : s’extirper du bourbier. Mais, par où commencer ? Tâche évidemment titanesque.
Hat Yai ou la douleur muette. Capitale régionale défigurée par une accumulation de stigmates hideux. Cité submergée devenue cité encombrée, dépenaillée, souillée. Ville mortifiée : le ressac des eaux boueuses à peine achevé, surgit le bilan assommoir des premières estimations : entre 55 et 150 morts.
Dans les têtes, des fragments d’apocalypse s’entrechoquent. Une réalité au goût de cauchemar saisit à la gorge chaque habitant rescapé. Vite, ultra-vite, nettoyer pour éviter la putréfaction.
Ce matin, Hat Yai est une ville endolorie. Le corps brisé. Le cœur explosé. Mais l’âme miraculeusement épargnée.
Patrick Chesneau
Chaque semaine, recevez notre lettre d’information Gavroche Hebdo. Inscrivez-vous en cliquant ici.








