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THAILANDE – CULTURE: « Juste la fin du Monde », le spectacle du Théatre des Invités à ne pas rater à Bangkok

Journaliste : Laurence Brune
La source : Gavroche
Date de publication : 05/02/2019
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Nous avions, dans notre mensuel de janvier, consacré un long article au Théatre des Invités. Les voici sur scène pour une représentation de «Juste la fin du monde». Un seul conseil: réservez rapidement vos places. Un grand bravo à l’Alliance Française pour cette initiative.

 

Collectif de théâtre francophone, « le théâtre des invités » proposera en 2019 trois productions grâce au soutien de l’Alliance Française de Bangkok.

 

Il fallait oser.

 

La première production de l’année du « Théâtre des invités », soutenue par l’Alliance Française de Bangkok, est une sorte de terminus familial.

 

Juste la fin du monde (1990), drame contemporain du français Jean-luc Lagarce – rendu célèbre par le film éponyme de Xavier Dolan (2016), primé à Cannes et largement applaudi du public et de la critique – ouvrira le 7 février prochain la belle saison de cette troupe qui donne sa chance à tous : metteurs en scène, acteurs, producteurs.

 

A sa tête ?

 

Catherine Barbier, psychologue à Bangkok, ancienne élève du cours Florent.

 

La voici aujourd’hui lançée dans la mise-en-scène théâtrale, après avoir monté par le passé différentes comédies musicales dont Hair à New Delhi et Bangkok.

 

« Ce huis clos familial m’a tout de suite séduite par la dimension psychologique et universelle qui en émanent explique-t-elle. Un jeune homme revient dans sa famille après douze ans d’absence pour annoncer à ses proches qu’il va mourir, mais il n’y parvient pas. Les éternels non-dits, l’incommunicabilité sont des thèmes récurrents dans toutes les familles , et même au-delà entre les êtres humains. A Bangkok, la barrière socio-culturelle et linguistique joue bien sûr un rôle décisif dans la difficulté à communiquer. Mais la force de ce drame familial est qu’il parle à tous : les émotions entrent en jeu ».

 

Cette comédie dramatique à caractère autobiographique est au programme des études secondaires et universitaires. Triste ironie du sort, son auteur décédé peu de temps après l’avoir écrite, n’a jamais pu la mettre en scène.

Parterre de stars

« La difficulté pour les acteurs est qu’il n’y a pas de rôle principal, mais cinq personnages avec cinq rôles principaux poursuit Catherine Barbier. Donc beaucoup de texte et beaucoup de présence scénique. L’homogénéité n’est pas toujours facile à trouver dans une troupe d’amateurs mais je dois dire que nous avons une troupe exceptionnelle, composée de professionnels ou de futurs professionnels du théâtre. »

Autre challenge pour la cheville ouvrière du Théâtre des invités : sortir de l’interprétation cinématographique de Xavier Dolan, qui a réécrit partiellement les dialogues.

 

Nathalie Baye jouait la mère veuve. Vincent Cassel était le frère cadet frustré, Marion Cotillard incarnait sa femme timorée.

 

Léa Seydoux était la petite sœur spontanée et attachante.

 

Gaspard Ulliel campait le héros principal, ce frère aîné qui revient au foyer après douze ans. Une prestation qui lui valut le César du meilleur acteur en 2017.

 

Catherine Barbier a décodé le film pour mieux prendre ses distances avec le grand écran.

 

«Il me fallait retrouver les complexités et les nuances des personnages de la pièce de Lagarce juge-t-elle. Il était aussi important d’insuffler un peu d’humour, un peu de légèreté dans ce dimanche en famille. Loin d’un parti-pris minimaliste trop intellectualisé, j’ai choisi une mise-en-scène réaliste, octroyant au quotidien sa maladroite tendresse, comme Agnès Jaoui et Jean Pierre Bacri le font si bien. »

 

Phany – La mère : ancienne comédienne et formatrice en entreprise par des techniques théâtrales. Phany, toute juste arrivée à Bangkok, ne voulait plus jouer ! Et pourtant la voici dans le rôle de la mère : « Je l’aime de plus en plus cette mère ! Je l’adore et je veux la défendre. Elle est drôle et au-delà de sa maladresse pour communiquer avec son fils prodigue qu’elle ne veut pas vexer, elle essaie de maintenir vivant le lien affectif dans cette famille. Elle ne s’apitoie pas sur son statut de jeune veuve, comprend que la fratrie est bancale. »

 

Caroline – La sœur Suzanne : élève de terminale au LFIB (Lycée Français International de Bangkok), Caroline se destine à des études théâtrales en France après le baccalauréat. « Je me suis appropriée le rôle en le rendant proche de moi. Suzanne aime la vie et les gens, elle est spontanée et même au-delà des engueulades avec son frère aîné, elle chérit sa famille. Elle veut partager sa vie avec Louis, le frère qu’elle a très peu vu et connu. Elle veut lui montrer qu’elle aussi elle a une belle vie, qu’elle existe. »

 

Samantha – La belle-fille Catherine : comédienne amatrice de talent, Samantha embrasse la scène comme une seconde nature. « Catherine est une femme complexe car elle est à la fois timide, hésitante et peu sûre d’elle, mais en même temps intuitive, franche et honnête. C’est une épouse aimante qui peut paraître effacée, mais qui, je pense, sait se faire entendre. Elle est donc pleine de nuances ce qui en fait un rôle intéressant et clairement un défi pour moi. »

 

Jonathan – Le frère Antoine (1ère distribution) : journaliste à l’Agence France Presse, après avoir pratiqué le théâtre dans le passé, Jonathan confesse : « je suis très colérique en ce moment, je pense que ce personnage déteint sur moi, je me fais déborder par lui ! La difficulté de cette pièce, qui n’a pas été mise en scène par l’auteur, est de trouver le ton juste car il y en a tellement de différents possibles… »

 

Martin – Le frère Antoine (2ème distribution) : « C’est la première fois que je fais du théâtre, confesse Martin, « team manager » dans une agence de voyage prestigieuse. Ce rôle, c’est une montagne. Je ne pensais pas que je commencerais sur un rôle majeur dans une pièce, mais pourquoi pas. J’ai beaucoup d’affection pour le personnage d’Antoine. Je crois que c’est un homme qui vit la vie d’un autre, qui enfouit et refoule ses désirs et a des envies d’ailleurs. »

 

Alexis – Le fils prodigue Louis : figure familière du théâtre francophone à Bangkok, Alexis, après avoir travaillé dans le tourisme, se concentre aujourd’hui entièrement au métier d’acteur. Il est confronté lui-aussi à la riche complexité de la pièce grandement véhiculée par son personnage : « Louis est un personnage riche, mystérieux, secret. Il est comme un millefeuille à couches multiples, pas facile à interpréter car il oscille entre une grande réserve au milieu des siens et des moments où il se livre totalement, face public, lorsqu’il est seul.

 

Le « Théâtre des invités» se produira à l’auditorium de l’Alliance Française, jeudi 7 février pour les élèves du lycée français, et le 8 et 9 février 2019 pour le grand public.

 

Laurence Brune

 

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