Le collectif de théâtre francophone de Bangkok présente sa quatrième pièce, exigeante et émouvante. Adaptée à partir du deuxième volet de la trilogie de Wajdi Mouawad, dramaturge libano-canadien renommé, Incendies surprendra par ses rebondissements explosifs.

« L’enquête, le voyage et le twist. Je me suis concentrée sur l’espoir et la force combative de cette pièce, plutôt que sur les détails gores », explique Nora Jacob qui a repris la pièce de plus de trois heures de Wajdi Mouawad. « Notre version ne fait qu’une heure trente. J’ai préféré privilégier la dimension bouleversante, universelle et profondément humaine de l’intrigue, plutôt que sa dimension politique », continue-t-elle.

Incendies, dans sa version originale de 2003, c’est une quête tortueuse dans laquelle se lancent les jumeaux Simon et Jeanne, à la demande de leur mère décédée, Nawal. C’est un voyage sur les traces de leur héritage, du Canada à un pays du Proche-Orient jamais nommé mais dont de nombreux indices rappellent le Liban et sa guerre civile. Le destin de Nawal est retracé, et peut être interprété en miroir à celui de la militante libanaise Souha Bechara.

Cette fois pourtant, les jumeaux seront deux jumelles, Jeanne et Simonie. « Ce choix a d’abord été organisationnel, mais je le trouve d’autant plus intéressant. Simonie reprend les caractéristiques masculines de Simon en annulant les clichés de genre et le lien des deux soeurs en est renforcé », développe Nora Jacob.

Les treize acteurs du Théâtre des Invités s’approprient eux-aussi la pièce. Son histoire touche particulièrement l’un d’entre eux. Kevork Baboyan, né au Liban, avait onze ans lorsque la guerre civile s’est terminée. « La pièce va plus loin que la guerre du Liban, elle s’inspire de la tragédie grecque, traite de l’être humain, de la condition des femmes. Mais, en tant que Libanais, je ne peux pas séparer l’aspect universel de la pièce de sa dimension historique. Les deux s’entremêlent de manière très forte pour moi.» Incendies tiendra le public en haleine et l’amènera à s’interroger sur la puissance des sentiments humains.

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