Les monnaies thaïlandaises et israéliennes se sont considérablement renforcées en 2019 ! Elles figurent au sommet des devises qui se sont les plus évaluées durant ces douze derniers mois. Pour mémoire, le baht thaïlandais s’échangeait en début d’année à 35,8 bahts pour un euro alors qu’il termine l’année à 33,6, après des pics aux alentours de 32 bahts pour un euro. La raison de cette appréciation continue: une inflation très faible et des circonstances internationales très favorables. L’argent asiatique trouve refuge en Thaïlande. Les États-Unis et la communauté financière internationale soutiennent envers et contre tout l’économie israélienne – dynamisée par son très performant secteur des nouvelles technologies et par les performances de son secteur militaro-industriel. Et pour 2020 ? Selon «The Economist», cela va continuer…
Le baht thaïlandais n’est pas prêt de craquer selon «The Economist». L’hebdomadaire anglo-saxon affirme que le très faible taux d’inflation et l’attractivité de la Thaïlande pour les investisseurs asiatiques vont continuer de tirer de l’avant la devise siamoise durant les prochains mois.
L’appréciation du baht thaïlandais est avant tout le résultat d’un fort afflux de capitaux internationaux dans le royaume, dans un contexte d’endettement public limité (41% en Thaïlande contre plus de 100% en France depuis peu) et d’un système bancaire consolidé.
«The Economist» fait également un lien direct entre la bonne santé du baht et les difficultés du dollar de Hong Kong, malmené par la crise politique dans le territoire même s’il est arrimé au dollar américain.
Retrouvez ici les graphiques très parlants de «The Economist».
Voici par ailleurs l’analyse de l’agence financière Bloomberg dont nous recommandons la lecture ici.
Pourquoi le baht est-il si fort ?
Plusieurs facteurs attirent les investisseurs en Thaïlande, ce qui en fait un paradis pour les devises étrangères. Mais son très bon compte courant les dépasse tous, selon les analystes de Goldman Sachs Group Inc. Le Fonds Monétaire International prévoit que le pays affichera un excédent de 6% du produit intérieur brut cette année, presque le double de celui du Japon.
Les réserves de la Thaïlande et une inflation négligeable procurent également un confort aux investisseurs. Le stock de devises étrangères de la banque centrale s’élève à 220 milliards de dollars, soit l’équivalent de plus de 12 mois d’importations. Et l’inflation, actuellement de 0,3%, est inférieure à l’objectif de 1% à 4% de la banque centrale depuis juin.
Comme si cela ne suffisait pas, la Thaïlande reçoit un coup de pouce de l’or. En tant que plaque tournante du commerce des lingots, la Thaïlande a profité de l’agitation de la guerre commerciale américano-chinoise et du ralentissement économique mondial qui ont entraîné une augmentation de 17% du prix du métal cette année.
Que fait la banque centrale à ce sujet?
Le 10 octobre, la Banque de Thaïlande a déclaré qu’elle assouplirait les contrôles des capitaux pour faciliter le transfert d’argent à l’étranger. Le gouverneur Veerathai Santiprabhob a également appelé à davantage d’investissements intérieurs pour réduire l’excédent du compte courant.
Les autorités ont pris des mesures pour freiner les entrées de capitaux à court terme, notamment en réduisant les ventes de bons du Trésor. En juillet, ils ont réduit le plafond des comptes bancaires non-résidents à 300 millions de bahts (300 millions de bahts) contre 200 millions de bahts et, pour renforcer la surveillance, ont déclaré que les propriétaires réels des titres de créance locaux doivent être signalés.
La Banque de Thaïlande a abaissé son taux directeur une fois cette année, le réduisant de 25 points de base à 1,5% en août. Kanit Sangsubhan, l’un des sept membres du comité de politique monétaire de la banque centrale, a déclaré qu’une nouvelle baisse du taux n’aidera pas beaucoup les efforts visant à restreindre le baht.
Le baht peut il encore s’apprécier en 2020 ?
La réponse est oui. Mais attention: selon les calculs du taux de change effectif réel du FMI, qui tiennent compte des flux commerciaux de la Thaïlande, la monnaie est déjà bien surévaluée. Il est au plus fort par cette mesure depuis son krach en 1997, qui a déclenché la crise financière asiatique.
Le baht est presque aussi fort qu’avant son crash en 1997
Cependant, cela dépendra en grande partie de l’issue du différend commercial américano-chinois et de la réaction de la banque centrale thaïlandaise face à l’appréciation continue de la devise du royaume.
