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THAÏLANDE – POLITIQUE: L’histoire, nouveau bras de fer entre opposition et militaires dans le royaume

Journaliste : Rédaction
La source : Gavroche
Date de publication : 27/06/2020
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Les commémorations de l’anniversaire du 88ème anniversaire du putsch anti-royaliste du 24 juin 1932 en Thaïlande sont en train d’engendrer un bras de fer mémoriel dans le royaume. Les mouvements démocratiques attachés aux acquis de 1932 (monarchie constitutionnelle, état de droit…) font face à la contre offensive des militaires, tentés de nier l’importance de ce coup d’état mené par l’intellectuel Pridi Banomyong et le militaire (et futur dictateur) Plaek Phibunsongkhram.

 

L’armée thaïlandaise est désormais partie prenante dans le débat sur l’histoire et la démocratie dans ce pays d’Asie du Sud-Est. La preuve: L’organisation d’ une cérémonie le jour même où des manifestations en faveur de la démocratie ont eu lieu aux monuments commémoratifs de la révolution de 1932 qui a mis fin à des siècles de monarchie absolue.

 

Une déclaration militaire vue par le site Asia Sentinel a confirmé que les responsables de l’armée avaient honoré les chefs d’une insurrection ratée de 1933 – hostile au coup d’état de 1932 – connue sous le nom de Rébellion Boworadet lors d’une cérémonie au sein du quartier général de l’armée à Bangkok.

 

Protection de la monarchie

 

Les divergences sur l’histoire surviennent alors que de plus en plus de thaïlandais s’expriment contre un système politique dominé par l’armée et que les monuments de l’instauration de la démocratie en 1932, dont celui célébrant la victoire sur la rébellion de Boworadet, ont été mystérieusement retirés des espaces publics.

 

Les militaires ont invoqué la protection de la monarchie pour justifier la mise en place de coups d’état en 2006 et en 2014. Après avoir dirigé la junte qui a remplacé un gouvernement démocratiquement élu en 2014, l’ancien chef de l’armée Prayuth Chan-ocha est resté premier ministre à la suite d’une élection contestée l’année dernière.

 

Les historiens ont souvent décrit la rébellion de Boworadet – du nom d’un prince qui l’a menée – comme une tentative de rétablir la monarchie absolue, mais le communiqué de l’armée disait qu’elle s’opposait à une gouvernance “dictatoriale”.

 

Officiellement monarque constitutionnel, le roi Maha Vajiralongkorn est une figure puissante pour qui la constitution impose le respect. Insulter le roi est un crime passible d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à 15 ans.

 

La déclaration de l’armée décrit l’établissement de la monarchie constitutionnelle et du parlement en 1932 comme “un coup d’état qui a renversé la monarchie”.

 

“Le courage et le sacrifice du prince Boworadet et de Phraya Si Sitthisongkhram méritent d’être loués pour leur rôle dans la protection de la monarchie avec loyauté et pour avoir voulu que le pays maintienne un véritable système démocratique”, selon la déclaration.

 

“C’est une tentative de l’armée pour créer une nouvelle version de l’histoire”, estime Charnvit Kasetsiri, un éminent historien thaïlandais.

 

Remerciements à Philippe Bergues

 

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