Home Accueil THAILANDE – RELIGION: Avant la visite du pape François, celle de l’Abbé de Choisy en 1685…

THAILANDE – RELIGION: Avant la visite du pape François, celle de l’Abbé de Choisy en 1685…

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 19/11/2019
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Le voyage du pape François en Thaïlande, du 20 au 23 novembre, est l’occasion de revisiter nos archives pour vous proposer une série d’articles exclusifs sur l’histoire du catholicisme dans le Royaume. Une histoire, bien sûr, liée à celle des missionnaires. Mais aussi à la diplomatie en soutane qu’incarna jadis le fameux Abbé de Choisy…

 

Nous reproduisons ici un article de Xavier Galland, auteur du «Que Sais-je?» n°1095, «Histoire de la Thaïlande»

 

Qui donc était François-Timoléon de Choisy, abbé et écrivain ?

 

Sa notice à l’Académie Française indique: «Né à Paris le 16 août 1644, il eut une jeunesse dissipée et fut studieux dans son âge mûr et sa vieillesse. Il eut de nombreux bénéfices ecclésiastiques, fie grand doyen de la cathédrale de Bayeux, conclaviste du cardinal de Bouillon; il fit un voyage au Siam. Élu le 24 juillet 1687, il mourut le 2 octobre 1724, doyen de l’Académie.» Notons que sa jeunesse dissipée et son voyage au Siam ne sont mentionnés qu’en passant.

 

Fils d’un conseiller d’État, intendant du Languedoc, chancelier de Gaston d’Orléans et d’une intime de Marie de Gonzague, reine de Pologne, François-Timoléon est habillé en fille jusqu’à l’âge de dix-huit ans pour satisfaire aux caprices de Monsieur, frère de Louis XIV.

 

Costume féminin

 

Après une courte période où il s’habille en homme, il reprend le costume féminin et loge d’abord dans le quartier Saint-Médard sous le nom de «Mme de Sancy», puis à Bourges où il se fait passer pour une riche veuve, la «comtesse des Barres», ce qui ne l’empêche pas de séduire nombres de jeunes filles de bonnes familles.

 

A vingt-trois ans, il se rend à Venise où il se mine au jeu, puis, en 1676, il visite Rome dans la suite de son ami le cardinal de Bouillon. Peu après, une grave maladie provoque une conversion aussi soudaine que superficielle. C’est au cours de sa mission au Siam, en 1685, qu’il est ordonné prêtre. A son retour en France, il reçoit le bénéfice du prieuré de Saint-Benoît-du-Sault et du doyenné de la cathédrale de Bayeux. Il est reçu à l’Académie française en 1687. Il vit habillé en femme jusqu’à sa mort à l’âge de quatre-vingts ans. Parmi ses nombreux écrits, il a laissé deux textes relatant l’ambassade de Chaumont au Siam. Son Journal du voyage de Siam fait en 1685 et 1686 lui est entièrement consacré ainsi qu’un chapitre de ses Mémoires pour servir l’histoire de Louis XIV écrit de longues années plus tard.

 

Mission au Siam

 

Voici comment Choisy raconte lui-même son implication dans la mission de Siam: «M. de Croissy (…) me conta (…) qu’on parlait d’envoyer un ambassadeur au roi de Siam pour lui proposer de se faire chrétien; qu’il y avait beaucoup de disposition, et que c’était là un emploi digne d’un ecclésiastique habile et zélé. (…) Il n’en fallut pas davantage pour me mettre dans la tête l’ambition apostolique d’aller au bout du monde convertir un grand royaume.» Las, le chevalier de Chaumont a déjà été nommé ambassadeur. Choisy prie alors Croissy de «demander pour moi la coadjutorerie du chevalier, et l’ambassade ordinaire en cas que le roi se fit instruire dans la religion chrétienne.» Ce qui est fait.

 

Chaumont n’est pas une personne très chaleureuse mais au cours du voyage Choisy, fine mouche, parvient à le dégeler quelque peu: «Il y avait cinq mois que nous étions sur mer sans que le chevalier de Chaumont eût aucune ouverture pour moi (…) lorsqu’au travers de la cloison qui séparait ma chambre de la sienne, je l’entendis ruminer sa harangue. Je lui dis huit jours après (…) que j’avais ouï les plus belles choses du monde. (…) Il commença à ne parler de ce qu’il y avait à faire en ce pays-là, et je lui donnai mes petits avis. Il est bon homme, homme de bien, de qualité; mais il ne sait pas la géométrie. Je n’eus pas beaucoup de peine à lui faire sentir que par aventure je pourrais lui être bon à quelque chose. Depuis ce jour-là il ne crache plus sans m’en avertir.»

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