Home Accueil THAILANDE – SPECTACLE: Undercover Indian : le one woman show qui décape !

THAILANDE – SPECTACLE: Undercover Indian : le one woman show qui décape !

Journaliste : Ch. C.
La source : Gavroche
Date de publication : 12/06/2018
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Ankita Kumar-Ratta est née à Toronto de parents indiens. Elle est jeune (26 ans), frêle et candide d’apparence, mais voilà que depuis presque un an, elle tourne dans le monde entier avec un one woman show caustique et osé, qu’elle a écrit et interprète. Rencontre avec cette jeune comédienne de passage à Bangkok ce mois-ci qui interroge l’identité biculturelle, mais surtout les déboires d’un esprit libre assoiffé de liberté.

 

Comment est né ce one-woman show? Et pourquoi ce titre ?

 

Comme je m’interrogeais depuis toujours sur mes racines indiennes, ma mère m’a envoyée après mes études en Inde, chez ma grand-mère, âgée et de surcroît aveugle. J’ai eu un choc à l’aller mais encore davantage, contre toutes attentes, deux ans après, à mon retour au Canada.

 

J’ai aimé l’Inde passionnément, camouflée derrière mon physique indien, donc invisible là-bas, mais mon esprit occidental en ébullition, d’où le titre « Undercover indian », pouvant être traduit par « une Indienne en civil», ou « une Indienne infiltrée ». C’est ce que l’on appelle en France l’effet bounty je crois, mais avec la connotation péjorative en moins.

 

Pendant deux ans en Inde j’ai participé à un projet national de nettoyage de l’Inde, et travaillé pour une ONG, Waste Warriors. Chaque fois que je ramassais un déchet je me disais : « Si c’est pas de l’amour ça, alors qu’est-ce que c’est ? ». Plus je connais l’Inde, plus je suis fière d’appartenir aussi à cette culture.

 

Lors de mon retour à Toronto, j’ai subi un choc thermique dans tous les sens du terme : l’engourdissement relationnel, la digestion lente de mon expérience en Inde, la lutte pour exister ici, sans travail… Je me réfugiée dans la drogue (douce) et c’est la création de ce spectacle autobiographique, qui comme une thérapie a été la solution à ce déchirement culturel.

 

Pourquoi le yoga semble le fil conducteur de cette « dark comedy », comme elle a été nommée ?

 

Au Canada, on n’associe plus le yoga à une pratique venant d’Inde. C’est à mon retour d’Inde que je me suis intéressée au yoga, jamais avant. Le yoga pour moi est bien cette bulle qui fait le lien entre les deux cultures. Par ailleurs, le spectacle implique beaucoup d’expressions corporelles, de messages extra-verbaux si l’on veut. Je danse, je mime, je fais des exercices de yoga sur scène. Scène qui, idéalement, est une salle de yoga où chacun est assis sur son tapis et suis les instructions d’un des neuf personnages que j’interprète, un professeur de yoga.

 

Alors que le spectateur respire en position de foetus, il écoute ses élucubrations : « Je ne suis pas professeur de yoga, c’est le yoga qui est le professeur… Quand on a demandé au Mahatma Gandhi que signifiait le concept de civilisation, et ce qu’il pensait de la civilisation occidentale, il a répondu : « La civilisation occidentale ? Je pense que ça serait une bonne idée… ».

 

Le rire et l’humour, l’autodérision sont pour moi la meilleure thérapie, et le yoga, à la fois physique et spirituel, est un bon support pour le spectateur, lui permettant d’expérimenter toute une gamme d’émotions, de les incarner. Les poses-exercices donnent aussi un rythme au spectacle par ailleurs assez virevoltant puisque j’interprète neuf personnages, âgés de 4 à 88 ans.

 

Quelles sont les réactions du public jusqu’à présent ?

 

Elles ont été très différentes selon les pays. Au Canada, c’est l’humour qui est ressorti. Ce pays d’immigrés est très familier avec la question des racines multiples, le fameux melting-pot ! En Inde au contraire, c’est l’aspect plus sombre qui a été mis en avant, la partie sur le sexe et la drogue a posé question. J’ai pensé à la censure, mais j’ai penché pour l’honnêteté et j’ai assumé.

 

Le public indien a compté davantage d’enfants et des débats assez forts s’en sont suivi. La réception la plus en syntonie avec l’esprit du spectacle a été peut-être celle d’Auroville, près de Pondichéry, où la mixité du public étranger et indien a permis de questionner les racines et la culture différemment.

 

La question des racines en Inde ne se pose pas vraiment. Jouer en Thaïlande est aussi pour moi un nouveau challenge en terme de public, car même si mon spectacle ne s’adresse pas particulièrement à des Indiens, je sais que leur présence depuis plus de trois générations est prépondérante ici, et je suis curieuse de voir la réaction de ces Thaïs-Indiens…

 

Une anecdote pour Gavroche ?

 

Mon père et ma mère ont découvert que je me droguais et que j’avais eu de nombreuses expériences sexuelles en Inde lors d’une représentation… en Inde. Lorsque j’ai entamé le débat à la fin après avoir salué la présence de mes parents dans l’auditoire, c’est à mes parents que le public s’adressait ! Les questionnant sur leur choc ou sur leur honte…

 

Propos recueillis par Christelle Célèrier

Interview publiée dans le dernier Gavroche, n°284, disponible ici

 

Dim 24 juin, à 11h et 17h

Deux représentations en anglais suivies d’un

débat autour d’un verre

Spectacle d’une heure, tout public.

Au Rendez-vous du Lys, Nang linchi Soï 6

Localisation ici

Place : 300 B (enfants 200 B)

Résa :Page FB MakeMyShow in Thailand

Tél : 092 394 25 40

Infos spectacle : page FB Undercover Indian

 

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