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Trois questions à Joëlle Garriaud-Maylam

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 25/04/2013
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Le 25 mars dernier, l’ambassadeur de France Thierry Viteau recevait à la résidence de France la sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam, représentant les Français établis hors de France. Ce passage en Thaïlande était l’occasion pour la sénatrice d’aller à la rencontre de la communauté française de Bangkok, de faire le point sur leurs attentes et de rappeler ses missions et engagements.

 

Après avoir été élue 16 ans au Conseil supérieur des Français de l’Étranger (CSFE), représentante des Français de Grande-Bretagne et d’Irlande, vous êtes, depuis 2004, sénatrice représentant les Français établis hors de France. En quoi consiste votre rôle précisément ?

 

Comme tout parlementaire, j’ai un rôle de législateur en contribuant à l’élaboration des lois et à leur vote, qu’elles concernent ou non directement les Français de l’étranger. Secrétaire de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, je suis très investie sur les questions de défense (d’autant que je suis Colonel de la Réserve citoyenne), sur l’audiovisuel extérieur, sur le budget duquel je suis rapporteur pour avis, mais aussi sur tous les dossiers qui ont trait à notre présence culturelle, économique et scientifique à l’étranger ou à nos relations internationales.
Mais il est pour moi très important de ne pas cantonner mon travail parlementaire à la seule défense des intérêts directs des expatriés, comme la protection sociale, l’éducation, la fiscalité ou la sécurité – même si j’y consacre beaucoup de temps – et d’intervenir dans les grands débats nationaux, afin de l’enrichir du regard des Français de l’étranger, que leur expatriation conduit souvent à adopter des positions un peu différentes de celles de leurs compatriotes de l’Hexagone.

 

En tant que représentante des Français de l’étranger, je tiens à me déplacer très régulièrement dans ma circonscription (le Monde!), pour permettre aux compatriotes qui le souhaitent de venir me rencontrer et pour faire le point sur les attentes et les difficultés éventuelles de notre communauté, tant avec nos services diplomatiques et consulaires qu’avec les autorités locales. Ce travail de terrain me permet d’identifier les problèmes spécifiques des Français de l’étranger afin de tenter de les résoudre, par exemple en saisissant les bons interlocuteurs en France (gouvernement ou collectivités territoriales, administrations, défenseur des Droits, etc.).

 

« Les sénateurs des Français de l’étranger représentent l’ensemble des expatriés, quel que soit leur pays de résidence.»

 

Un sénateur est généralement élu pour un territoire donné. Votre terrain d’intervention est le monde entier. Quelles sont vos missions et actions pour ces Français établis aux quatre coins de la planète ?

 

Je suis, mois aussi, élue pour un territoire donné… mais ma circonscription est plus vaste que celle des parlementaires de métropole. Contrairement aux députés des Français de l’étranger qui, eux, sont élus dans des circonscriptions géographiques limitées (bien que parfois extrêmement vastes), les sénateurs des Français de l’étranger représentent l’ensemble des expatriés, quel que soit leur pays de résidence. Notre angle d’approche est donc complémentaire de celui des députés. Là où les députés des Français de l’étranger doivent se concentrer sur la résolution des problèmes spécifiques de leur région, les sénateurs prennent de la distance et travaillent souvent sur des problèmes transversaux, communs à des expatriés résidant dans des zones extrêmement variées.

 

Bien sûr, la taille de notre circonscription rend la présence sur le terrain, dans chaque pays, un peu plus difficile, mais depuis mon élection en 2004, je me suis déjà rendue dans près de 90 pays. Outre le travail de terrain que j’évoquais à l’instant, j’essaie au Sénat de faire un travail de veille législative afin d’identifier dans tous les textes de loi ceux qui pourraient pénaliser nos compatriotes de l’étranger et proposer par des amendements, par des questions au gouvernement, par des courriers ou des interventions dans la presse, des moyens de combattre toute discrimination ou toute stigmatisation dont ils pourraient être victimes.. Il serait trop long d’énumérer ici toutes mes initiatives, mais je vous renvoie à mon blog (www.joellegarriaud.com) où vous trouverez des informations plus détaillées sur mon action.

 

« J’essaie au Sénat de faire un travail de veille législative afin d’identifier dans tous les textes de loi ceux qui pourraient pénaliser nos compatriotes de l’étranger.»

 

Vous êtes venue en Thaïlande après plusieurs jours en Birmanie ; quel était le but de ces visites ?

 

Le ministre du Développement Pascal Canfin m’avait proposé de l’accompagner pour son déplacement en Birmanie car, en tant que Présidente déléguée du groupe d’amitié France-Asie du Sud-Est du Sénat et présidente pour la Birmanie, je suis avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation dans ce pays.

 

En Thaïlande, ma visite, d’une journée seulement, a été centrée sur la communauté française de Bangkok : réunions avec services consulaires, chefs d’entreprise, conseillers du Commerce extérieur et responsables associatifs, puis une rencontre avec la communauté française à la résidence de France. Comme j’ai eu l’occasion de le dire dans mon discours à l’ambassade, j’ai été très heureuse de constater combien notre communauté française de Thaïlande était soudée, dynamique et heureuse dans ce pays francophile à défaut d’être francophone. Notre équipe diplomatique et consulaire est particulièrement performante, le lycée un modèle du genre, et nos résultats économiques et commerciaux remarquables. Il est cependant de notre responsabilité de faire encore mieux en matière de commerce extérieur et de profiter des multiples opportunités offertes par la Thaïlande, véritable porte d’entrée de l’ASEAN. Bien évidemment, tout n’y est pas parfait, avec des problèmes liés par exemple à une certaine paupérisation d’une partie de notre communauté avec une protection sociale insuffisante. Mais le potentiel de ce pays est considérable et nos relations économiques, commerciales, culturelles et scientifiques devraient encore beaucoup se développer.

 

Ces cinq journées passées en Birmanie et en Thaïlande ont été particulièrement denses, et je me réjouis de revenir dans la région d’ici quelques mois, probablement à l’occasion d’un forum de soutien aux femmes birmanes en décembre prochain. Je compte bien en profiter pour revenir en Thaïlande, ne serait-ce que pour visiter la nouvelle Alliance française et rencontrer les communautés françaises établies à l’extérieur de Bangkok.

 

Propos recueillis par Méry Payet

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