Home Accueil VIETNAM – HISTOIRE: «Cruel Avril», le livre d’Olivier Todd à lire sur la chute de Saïgon

VIETNAM – HISTOIRE: «Cruel Avril», le livre d’Olivier Todd à lire sur la chute de Saïgon

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 30/04/2020
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La bibliothèque idéale de Gavroche sur l’Asie du sud est ne comporte pas que des livres anciens, racontés avec talent dans nos colonnes par notre ami François Doré, spécialiste de la littérature coloniale en langue française. Elle comporte aussi des essais, enquêtes, récits et reportages contemporains signés par ceux qui vécurent les événements. Journaliste, essayiste, romancier, Olivier Todd a reconstitué ce mois d’avril 1975 qui s’acheva par la chute de Saïgon et la fin de la guerre du Vietnam. Il conte les journées des 29 et 30 avril, heure par heure, et les quatre mois qui les précèdent. Passionnant.

 

Nous reproduisons ici un article du quotidien Le Monde sur le livre «Cruel Avril» signé par Olivier Todd, dont nous vous recommandons chaudement la lecture ici.

 

Pourquoi s’intéresser à nouveau à la chute de Saïgon, qui paraît appartenir à une histoire très ancienne ? Parce qu’elle est d’une étrange actualité.

 

C’était il y a trente-six ans, le 30 avril 1975, au petit matin, par une aube claire, sans brouillard ni brume. Une quinzaine de divisions nord-vietnamiennes entourent la ville qui était jusqu’alors la capitale du Sud-Vietnam. Presque sans combats, les bo doï, casque de liège sur la tête, AK 47 en bandoulière, avancent derrière des chars soviétiques T-54 et T-56. Ils prennent une ville ébahie.

 

Saïgon, l’incompréhension

 

Saïgon ne comprend pas très bien ce qui lui arrive – pas tout de suite. Le Nord, communiste, appuyé par l’URSS et la Chine, vient de vaincre le Sud, longtemps soutenu par les États-Unis. Le Vietnam, divisé depuis près d’un demi-siècle, est réunifié par la force.

 

Journaliste, essayiste, romancier, Olivier Todd a reconstitué cet événement, ces journées des 29 et 30 avril, heure par heure, et les quatre mois qui les précèdent. De la défaite du Sud-Vietnam, où les Américains étaient massivement engagés depuis 1965, il dit : ce fut peut-être la dernière grande victoire du bloc communiste. Publié pour la première fois en 1987, ce livre se lit autant comme un ouvrage d’histoire contemporaine – ce qu’il est de manière pointilleuse – que comme un portrait de l’Amérique en guerre.

 

Énorme puissance militaire, les États-Unis sont une démocratie. La conduite de la guerre s’accommode mal d’un jeu politique à entrées multiples, où la décision appartient à plusieurs acteurs à la fois : le président, le département d’Etat, celui de la défense, le Congrès, pour ne pas parler de la presse.

 

Regard “désidéologisé”

 

Archives compilées, témoins interrogés en direct, Olivier Todd fait revivre tous les acteurs washingtoniens de l’époque. C’est plus prenant qu’une série d’épisodes du feuilleton télévisé “A la Maison Blanche”. Il en ressort cette bonne vieille leçon de l’histoire : au moins autant sinon plus que les militaires, les “politiques” décident de l’issue de la guerre. La machine politique à l’oeuvre à Washington en 1975, cahotante, hésitante.

 

Longtemps, l’auteur a souffert de crises de “vietnamite” : il aime le Vietnam. Journaliste durant la guerre, il y a multiplié les séjours, au Nord et au Sud. Et dans le récit de ces quatre mois d’offensive sur Saïgon, série de scènes au montage savant, rythmé à la mitraillette, il y a un parfum de chaleur humide, une ambiance de ciel plombé, le bruit de la guerre en hélicos. Et un regard “désidéologisé”, plein de sympathie pour les hommes et les femmes rencontrés au fil du drame.

 

How war ends

 

La morale de cette histoire figure dans un autre livre, celui d’un Américain, publié aux États-Unis. Dans How Wars End (Simon and Schuster), Gideon Rose, le patron de la revue ForeignAffairs, s’interroge sur ce phénomène : depuis la fin du deuxième conflit mondial, l’Amérique entre volontiers en guerre, mais elle ne sait pas en sortir. Très largement, dit-il, parce qu’elle est une démocratie d’opinion. Le reportage historique d’Olivier Todd arrive à la même conclusion.

1 COMMENTAIRE

  1. Les deux guerres d’Indochine, française, d’abord, et américaine ensuite, sont le tournant de l’occident contemporain, Elles commencent lorsque le général de Gaulle, “connaissant la malveillance des alliés”, estime que “le sang français verse sur le sol de l’Indochine nous serait un titre imposant”. La réplique du Japon fut le coup de force du 9 mars 1945 et l’installation d’un État communiste à Hanoï. Le bombardement de Haiphong en novembre 1946 marque le début de la guerre. Après Cao Bang et Dien Bien Phu, Pierre Mendes-France obtient une paix “juste et raisonnable” entrainant la division du pays et la liquidation de la présence française en Asie. La guerre “américaine commence avec l’incident de la baie du Tonkin de janvier 1965. La Laos, qui comptait trois millions d’habitants, a reçu trois millions de tonnes de bombes. En janvier 1968, l’offensive du Tet provoque la révolte des universités américaines, qui s’étend à la France, et qui met l’occident en crise. Viennent ensuite la suspension de la convertibilité du dollar (15 aout 1971), et la crise pétrolier (guerre du Kippour, octobre 1973 : Les guerres d’Indochine sont la cause de la crise de l’occident, qui trouve sa concluions de nos jours dans son affrontement désespéré avec la Russie en Ukraine.

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