La Thaïlande a renforcé sa présence militaire et resserré le contrôle de ses points de passage le long de sa frontière contestée avec le Cambodge, suite à une augmentation des troupes cambodgiennes, ont annoncé les autorités cette semaine. Cette montée des tensions fait suite à un affrontement meurtrier le 28 mai dans une zone frontalière non délimitée, où un soldat cambodgien a perdu la vie.
Le vice-Premier ministre et ministre de la Défense, Phumtham Wechayachai, a indiqué que malgré les efforts de désescalade menés lors des pourparlers bilatéraux du 5 juin à Sa Kaeo, le Cambodge a rejeté la proposition thaïlandaise de ramener ses troupes aux positions d’avant conflit de 2024. Au contraire, Phnom Penh a renforcé ses forces à la frontière. « La Thaïlande n’acceptera pas la violation de sa souveraineté et est prête à défendre son territoire », a insisté Phumtham, tout en réaffirmant l’engagement de la Thaïlande à une résolution pacifique via le Mémorandum d’entente (MOU) de 2000.
En riposte, la Thaïlande a adopté une série de mesures pour renforcer la sécurité et contrôler les déplacements transfrontaliers.
La 2e Région militaire a confié au Groupe de travail Suranaree la gestion de tous les postes frontaliers sous sa juridiction. Depuis le 7 juin à 19h, cette unité peut ouvrir ou fermer des postes, restreindre le passage de personnes, véhicules et marchandises — à l’exception du commerce essentiel et de l’aide humanitaire — et adapter les horaires selon la situation sécuritaire. Certains postes, comme Chong An Ma et Chong Sai Taku dans la province d’Ubon Ratchathani, n’ouvrent que certains jours et sous conditions strictes. D’autres points fixes, comme Chong Sa Ngam (Sisaket) et Chong Chom (Surin), peuvent être fermés temporairement en cas de conflit armé, ce dernier étant aussi susceptible de coupures d’électricité en cas de renforts militaires cambodgiens menaçant la sécurité publique.
Parallèlement, l’Armée royale thaïlandaise a défini une stratégie progressive de contrôle frontalier visant à protéger la population tout en assurant la sécurité nationale. Sous la direction du général Pana Claewplod, les commandants des Groupes de travail Burapha et Suranaree adaptent les restrictions en fonction de l’évolution de la menace. Le Corps des Marines de Chanthaburi, invoquant la loi martiale, a temporairement suspendu les passages touristiques aux points Ban Laem (district de Pong Nam Ron) et Ban Phak Kard (district de Khlong Yai), tout en autorisant toujours l’entrée des travailleurs cambodgiens.
Le porte-parole de l’armée, le général de division Winthai Suvaree, a expliqué que le dispositif en quatre phases va du contrôle strict des passages essentiels (Phase 1) à des fermetures partielles (Phase 3) et, en cas de forte escalade, à une fermeture totale des frontières (Phase 4). Des dérogations sont prévues pour les étudiants, patients et autres personnes non liées aux risques sécuritaires, avec une coordination locale pour faciliter les déplacements au cas par cas.
Le ministère des Affaires étrangères a souligné que la Thaïlande a fait preuve de retenue depuis le conflit du 28 mai et privilégie une solution pacifique fondée sur l’amitié historique et la coopération au sein de l’ASEAN. Le porte-parole Nikorndej Balankura a insisté sur le fait que le refus cambodgien de coopérer et le renforcement militaire accroissent les risques de tensions et déstabilisent la région frontalière.
La Thaïlande reste attachée au dialogue, notamment via la prochaine réunion de la Commission mixte des frontières prévue le 14 juin.
Le gouvernement assure que toutes les mesures visent à protéger la sécurité des civils des deux côtés et à ne pas entraver le commerce légitime, les moyens de subsistance ou les besoins humanitaires. Néanmoins, il avertit qu’il reste prêt à défendre sa souveraineté et à maintenir la stabilité frontalière.
Chaque semaine, recevez Gavroche Hebdo. Inscrivez vous en cliquant ici.